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CROASSER, verbe intrans.
A.− [En parlant du corbeau ou de la corneille] Pousser le cri (rauque et discordant) spécifique de leur espèce. Synon. crailler.C'était un vol de corneilles qui passaient et croassaient dans les airs (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 136).Ils [des corbeaux] viennent toujours en grand nombre se poser et croasser sur ses branches (Barrès, Colline insp.,1913, p. 281).
P. métaph. Les corbeaux de la démagogie planent et croassent sur ce grand cadavre féodal (Michelet, Journal,1834, p. 132).
P. ext.
[En parlant d'autres oiseaux] Tes colombes noires qui croassaient comme des corbeaux (Flaub., Tentation,1849, p. 461).Elles [les mouettes] venaient croasser tout autour (Céline, Mort à crédit,1936, p. 151).
Rem. La docum. atteste l'emploi de croasser, en parlant de grenouilles, au lieu de coasser*. Il avoit entendu croasser les grenouilles (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 42).
[En parlant d'un instrument; avec compl. d'obj. interne] D'indiscrets trombones ont beau croasser, à ce moment (...), leurs Bouakh! (Willy, Mouche des croches,p. 299).
[En parlant d'une pers.] Imiter, par dérision, le cri du corbeau. Celui qui croasse, de loin, au passage de soutanes ou de la procession. (Arnoux, Algorithme,1948, p. 93).
B.− P. anal. Produire des sons rauques et discordants.
1. Parler ou chanter d'une façon rauque et discordante. Le joconde tabellion ricanait et croassait, tout triomphant de ses vieilles folies, peut-être de ses turpitudes (Borel, Champavert,1833, p. 115).Aucun de ces gens ne chante, mais des femmes à lunettes dont les dents s'évadent des gencives croassent (Huysmans, Foules Lourdes,1906, p. 148).
En partic., fig. Parler de manière désagréable, médisante. Il [Suif] détestait Cauchon (...) mais prudent comme un corbeau, il croassait de loin à l'adresse du patron (H. Bazin, Tête contre murs,1949, p. 309).
2. [Avec un compl. d'obj. interne] On l'entendait seulement croasser « la mort! » (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 387).Je vous disais bien qu'il y a un bon Dieu! croassait à son tour la vieille Grand (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 265).Nous comprenons ainsi que l'âme n'est pas, comme tant de perroquets le croassent matin et soir sur leurs perchoirs universitaires, une espèce de fluide (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 224):
Enfin, un grand poëte anglais était venu s'abattre sur Venise comme un corbeau sur un cadavre, pour lui croasser en poésie lyrique, dans ce premier et dernier langage des sociétés, les stances d'un De Profundis! Balzac, Massimilla Doni,1839, p. 388.
Prononc. et Orth. : [kʀ ɔase]. Transcrit [kʀo-] ds Passy 1914. Ds Ac. 1694-1932. Fér. Crit. t. 1 1787 enregistre également croacer. Étymol. et Hist. xves. croescer (Valenciennes, ap. La Fons. ds Gdf. Compl.); 1567 croacer (Grévin, Œuv. de Nicandre, p. 32, ibid.); av. 1573 crouasser (Jodelle, Didon, IV ds Hug.); 1672 fig. (Boileau, Ep., VII ds Littré). Dér. avec le suff. -asser* de l'onomat. kro-, exprimant le cri du corbeau, cf. m.fr. crouas « croassement » (1587 ds Gdf.). Fréq. abs. littér. : 33.
DÉR.
Croasseur, euse, adj. et subst. masc.a) Adj., rare, gén. péj. Qui émet des cris rauques et discordants. Cette pagaïe de nègres surexcités et croasseurs (Céline, Voyage,1932, p. 176).b) Subst. masc., arg. Corbeau. Attesté ds France 1907 et ds Larchey, Dict. hist. arg., 2eSuppl., 1883. [kʀ ɔasœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Aucune transcr. ds les dict. 1reattest. 1611 (Cotgr.); de croasser, suff. -eur2*. Fréq. abs. littér. : 2.
BBG. − Delamaire (J.). À l'écoute de la voix des bêtes. Vie Lang. 1971, p. 532. − Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 19. − Sain. Sources t. 3 1972 [1930], p. 239.