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CRÊTE, subst. fém.
I.− [L'accent est mis sur l'idée d'élément saillant]
A.− Excroissance sur le corps d'un animal.
1. Excroissance charnue, parfois dentelée, au sommet de la tête du coq, de la poule et d'oiseaux du même genre. Crête écarlate; poulet sans crête; hocher, secouer sa crête. Crête pendante (Ac.1798-1932).De magnifiques pigeons, aux ailes bronzées, les uns surmontés d'une crête superbe (Verne, Île myst.,1874, p. 108).Les poules de son poulailler n'avaient pas (...) la crête nourrie, la plume luisante et le jabot renflé (R. Bazin, Blé,1907, p. 64):
1. ... la femelle est moins grande, de plumage moins beau, de crête et d'ergots moins développés que le mâle. À lui, au coq, la crête charnue, le bec puissant, la poitrine large, la queue abondante en faucille, les pieds aux ongles acérés. Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 245.
P. métaph. Flamboie et frissonne l'aurore, Crête rouge du coq matin (Hugo, Contempl.,t. 2, 1856, p. 316).[Des] sauges pourprées, aux crêtes éclatantes (Arnoux, Calendr. Fl.,1946, p. 271).
GASTR. Crête de coq. Cette excroissance charnue du coq, comme mets. Manger deux perdrix et force crêtes de coq en pâté (Mérimée, Chronique du règne de Charles IX,1829, p. 138).Douze crêtes de coq blanchies (Gdes heures cuis. fr., L. Tendret, 1896, p. 199).
Locutions
(Être) rouge comme une crête de coq. (Être) très rouge. Synon. plus cour. (être) rouge comme un coq.Cf. G. Leroux, Roul. tsar, 1912, p. 8.Moi! dit enfin M. Levrault, plus rouge que la crête d'un coq (Sandeau, Sacs,1851, p. 59).
Avoir la crête rouge. Être prompt à la colère. Il se connaissait bien pour avoir le sang chaud, la crête rouge, tout de suite enclin aux « promptitudes » (Genevoix, Raboliot,1925, p. 156).Hérisser sa crête. Manifester de l'agressivité, de la colère. Cf. Amiel, Journal, 1866, p. 380.Une scène avec dents et griffes, une crête hérissée jusqu'au plafond (Giraudoux, Sodome,1943, I, 1, p. 24).
Lever, dresser la crête. Montrer de la hardiesse, de l'orgueil, de la forfanterie. Il relevait la crête, le bon papa (Martin du G., Thib.,Sorell., 1928, p. 1209).Il paraît que les calotins redressent la crête (Aymé, Jument,1933, p. 85).Baisser la crête. Montrer de l'humilité. Une femme acariâtre et sobre, qui le traitait de pochard, et devant qui il baissait la crête (Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p. 1304).Rabaisser, raplatir la crête à qqn. Lui faire rabattre ses prétentions. Synon. Rabattre le caquet.Vous faites les fiers; mais le temps approche où l'on va vous rabattre la crête sur le jabot (F. Fabre, Oncle Célestin,1881, p. 444).
P. méton. et p. métaph. Tête de l'homme. Plus on tape sur la crête du bourgeois, plus je suis content (Flaub., Corresp.,1878, p. 93).À peine daigna-t-il répondre d'un hochement de crête à cette interrogation (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 184).Monter à la crête. Synon. cour. monter à la tête.Ces trucs-là, ça me monte à la crête (Aymé, Cléramb.,1950, IV, 1, p. 191).
2. P. ext. Excroissance ou repli membraneux sur la tête ou sur le dos de reptiles, d'amphibiens, etc. Les crêtes du caméléon (Cuvier, Anat. comp.,t. 2, 1805, p. 31).Un triton à crête (Chardonné, Épithal.,1921, p. 141):
2. [Le serpent] Et je sentais frémir le nombre, Tout le long de mon fouet subtil, De ces replis dont je m'encombre : Ils roulaient depuis le béryl De ma crête, jusqu'au péril! Valéry, Charmes,Ébauche d'un serpent, 1922, p. 144.
3. P. anal. Touffe de plumes sur la tête de certains oiseaux. Synon. huppe.La crête d'une alouette (Ac.1798-1932).Avec les cheveux drets comme des crêtes de huppes (Giono, Colline,1929, p. 40).
[Transfert au domaine hum.] Touffe de cheveux dressée. Synon. épi, houppe.Le sculpteur, avec son nez bourbonien, malgré sa lippe et sa crête de cheveux, ressemblait à Washington (Malraux, Espoir,1937, p. 468).
B.− [P. anal. de forme et/ou d'aspect]
1. Ornement, généralement allongé, sur un casque, une coiffure. La crête d'un morion, d'un armet (Ac.1798-1932).Des rangs de casques faisaient, avec leurs crêtes, comme un bataillon de serpents rouges (Flaub., Trois contes,Hérodias, 1877, p. 164).Un casque de cuivre, garni d'une peau de panthère et la crête ornée de chenille ponceau (A. France, Dieux ont soif,1912, p. 90).
2. Passementerie allongée et dentelée, servant à garnir des tentures, rideaux, bas de fauteuils, etc. Le carrosse était tendu à l'intérieur de satin blanc garni d'entoilage de Binche avec crêtes et glands d'argent (Hugo, Homme qui rit,t. 3, 1869, p. 109).
3. AGRIC. Crête de labour. ,,Léger exhaussement du sol à l'extrémité d'une parcelle, ou d'un groupe de parcelles aux côtés parallèles`` (Fén. 1970). Cf. Meynier, Paysages agraires, 1958, p. 125.
4. ANAT., BIOL., MÉD. ,,Tout relief allongé soulevant une surface ou la bordant`` (Méd. Biol. t. 1 1970).
Crête ampullaire. Cf. ampullaire.
a) DERMATOLOGIE. [Gén. au plur.] Saillies à la surface du derme. Crêtes dermiques. Cette étude des crêtes papillaires s'étendit rapidement à la paume de la main et à la plante du pied (Hist. sc.,1957, p. 1381).
Spéc. Crêtes vénériennes (vx) ou crêtes ou crêtes de coq. ,,Végétations (...) bénignes siégeant dans la région génito-anale`` (Méd. Psychanal. 1971).
b) EMBRYOL. [Les] crêtes neurales céphaliques (...) forment quatre amas volumineux correspondant à la future émergence des quatre nerfs branchiaux (Zool.,t. 3, 1972, pp. 571-572 [encyclop. de la Pléiade]).
c) ODONTOLOGIE. ,,Bord saillant proximal de la couronne dentaire`` (Courtois 1972). Crête gingivo-osseuse ou alvéolaire. Saillant résultant de la cicatrisation alvéolaire, après avulsion dentaire (d'apr. Bat. 1972).
d) OSTÉOLOGIE. Crête osseuse; crête ischiatique, pariéto-temporale; crête de l'os iliaque, du tibia. Cette crête occipitale faible et bien rentrée sous le cerveau qui bombe (Teilhard de Ch., Phénom. hum.,1955, p. 222).Le rapprochement ou l'écartement des crêtes iliaques (Ravault, Vignon, Rhumatol.,1956, p. 528).
5. MINÉR. Crête de coq. Masse de cristaux mince et à bords arrondis. Cf. crêté.Macle en crête de coq (Lapparent, Minér.,1899, p. 562).
6. Crête(-)de(-)coq. Genre de plantes (principalement l'amarante) dans lesquelles la lèvre supérieure de la corolle est en forme de casque. Elle cueille (...) des crêtes de coq, qui sont des crêtes jaunes (A. France, P. Nozière,1899, p. 51).Lobélies, soucis-de-vieux-garçons, bégonias, crêtes-de-coq, œillets-de-poète (Guèvremont, Survenant,1945, p. 60).
II.− [L'accent est mis sur l'idée de partie la plus élevée de qqc.]
A.− Domaine des choses concr.
1. Partie la plus élevée d'un élément de relief, faisant saillie, ligne de faîte. Crête aiguë, élevée, calcaire, neigeuse; crêtes vosgiennes; crête d'une colline, d'un plateau, des précipices, des rochers; franchir, gravir la crête. Synon. arête, cime.Les crêtes et les gorges des Alpes actuelles (Lapparent, Abr. géol.,1886, p. 406).Le contour effacé des côtes où verdissait à peine la crête des falaises (Giono, Bonheur fou,1957, p. 17):
3. On marche en soi-même vers la vérité mais l'esprit de l'homme est semblable à l'ascension des montagnes. Tu vois la crête, il te semble l'atteindre et tu découvres d'autres crêtes, d'autres ravins et d'autres pentes. Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 617.
Ligne de crête. Ligne de faîte entre deux versants. Moulezun sur son éperon, aboutissement d'une ligne de crête de quinze kilomètres (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 214).
Chemin de crête. Chemin qui suit la ligne de crête. Des chemins de crête poudroyants de lumière (Aragon, Rom. inach.,1956, p. 118).
P. métaph. La crête escarpée de l'art (Delacroix, Journal,1850, p. 394).Les années qui s'étendent sur les deux versants de la crête 1900 (J. Cladel, Maillol,1937, p. 165):
4. Chateaubriand supporte peu la traduction (...). La beauté chez lui, même la beauté de la pensée, tient trop à la forme; elle est comme enchaînée à la cime des mots (...) à la crête brillante des syllabes. Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littér. sous l'Empire,t. 1, 1860, p. 363.
2. P. anal.
a) [En parlant d'une lame, d'une vague] Crête écumeuse, crête et creux d'une lame. Laissant pendre, enlacés de palpitantes flammes, des lambeaux convulsifs sur la crête des lames (Leconte de Lisle, Poèmes barb.,1878, p. 124):
5. On entend le bruit des vagues géantes qui passent sous le bateau, qui le soulèvent (...) durant quelques fractions de secondes, on distingue leurs crêtes écumantes qui se dressent pour disparaître dans les ténèbres. Cendrars, Les Confessions de Dan Yack,1929, p. 119.
b) [En parlant d'autres éléments] Crête d'un sillon. Le soleil, près de se coucher, dorait d'une lisière de pourpre la crête des tilleuls et le sommet des vieilles ogives du presbytère (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 44).
3. Partie la plus élevée d'une construction. La crête d'une muraille, des remparts. Synon. faîte.Des enfants, courant et jouant à la crête des arènes (A. Daudet, Numa Roumestan,1881, p. 7).Des balles ricochèrent sur la crête de la barricade (Abellio, Pacifiques,1946, p. 256).
Spéc., ARCHIT. Arête supérieure (d'un mur, d'un toit, d'un élément d'édifice). Crête d'un pignon, de la toiture; un toit à crête de zinc; toit pyramidal à huit crêtes. Comme le couvreur, à cheval sur la crête, ne faisait pas mine de bouger, le prince grimpa vivement par l'escalier de la tour jusqu'au toit (A. France, Île des ping.,1908, p. 216).
P. méton. Ornement, motif décoratif placé au-dessus des faîtières, du faîte d'un comble :
6. Chacun a pu voir comment, sur les toitures de chaume, les paysans forment un large faîtage de boue, dans lequel ils piquent des plantes grasses pour maintenir la terre (...). L'origine des crêtes de comble se retrouve dans ce procédé naïf. Viollet1875.
B.− Domaine abstr.,,Seuil culminant d'un phénomène physique`` (George 1970).
1. ÉLECTR. Le tube ne s'allume que pour la crête de tension (M. de Broglie, Rayons X,1922, p. 134).
2. MÉTÉOR. Crête de haute pression. ,,Longue bande de pressions élevée en ligne à peu près droite s'allongeant entre deux dépressions stationnaires ou se déformant lentement`` (Delc. t. 2 1926).
Prononc. et Orth. : [kʀ εt]. Fait partie des mots dans lesquels la durée résultant de la disparition de l'anc. s se maintient mieux grâce à la présence dans l'orth. de l'accent circonflexe. À ce sujet cf. G. Straka, Syst. des voyelles du fr. mod., Strasbourg, Inst. de Phonét., 1950, p. 32. Pour les dict. la durée est indiquée à titre de var. ds Barbeau-Rodhe 1930, ds Passy 1914 en tant que mi-longue; elle est systématiquement transcrite ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Fél. 1851, Littré et DG. Ds Ac. 1694 et 1718 sous l'anc. forme creste; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1180 de coq (A. de Paris, Alexandre, éd. in Elliott Monographs, branche III, 1414), b) xiiies. [ms. BN 1449] « ornement au sommet d'un casque » (Aliscans, 181 ds T.-L.); 2. a) ca 1160 « crête, saillie (d'une construction, ici d'une tombe) » (Eneas, éd. J. Salverda de Grave, 6488); b) xiiies. [ms.] « ligne de faîte, sommet d'une montagne » (Loh., ms. Berne 113, fo5eds Gdf. Compl. [var. tertres, terres selon les mss, cf. éd. P. Paris, Garin le Loh., t. 1, p. 96 et J. E. Vallerie, Garin, 1630]); v. aussi Pat. Suisse rom., s.v. crête 1, 3o; c) 1784 d'une vague (Bernardin de St-Pierre, Études de la nature ds Lar. Lang. fr.). B. 1539 creste au coq bot. (Est.); 1834 crête-de-coq méd. (Journ. de méd. et de chir. pratiques, V, 270 ds Quem. Fichier). Du lat. class. crista « crête d'un oiseau; aigrette, panache »; terme de bot. en lat. impérial (v. André Bot.); « sommet, cime (d'une montagne) » en b. latin. Fréq. abs. littér. : 1 050. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 290, b) 1 325; xxes. : a) 1 123, b) 1 978. Bbg. Archit. 1972, p. 116. − Gottsch. Redens. 1930, p. 101, 107. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 83.