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* Dans l'article "CRÉOLE,, adj. et subst."
CRÉOLE, adj. et subst.
A.−
1. (Personne) qui est de race blanche, d'ascendance européenne, originaire des plus anciennes colonies d'outre-mer. Planteur créole, populations créoles; un créole, une créole. Les hommes de couleur (...) domineront un jour la race amollie des créoles (A. France, Pierre bl.,1905, p. 223).
P. ext. Nègre, noir créole. Né dans les colonies (et non en Afrique). Les noirs créoles [de Saint-Domingue] professaient (...) le plus profond mépris pour les nègres congos (Hugo, Bug-Jargal,1826, p. 51).
2. Spéc., ETHNOGRAPHIE, LING. (Manière) propre aux créoles. Accent, dialecte, chanson créole; le(s) (parlers) créole(s), le créole haïtien, anglais, portugais. Ce doux parler créole qu'il [Saint-John Perse] a gardé encore (Mauriac, Bloc-notes,1958, p. 399).
Rem. 1. La notion de créole a évolué avec les connaissances linguistiques; d'abord péj. (cf. étymol. et hist.), le mot désigne aujourd'hui un système linguistique autonome, d'origine mixte, issu du contact d'une langue européenne avec des langues indigènes ou importées (Antilles), devenu langue maternelle et langue principale d'une communauté (p. oppos. à pidgin et à sabir). 2. On rencontre ds la docum. créolophone, adj. et subst. (Celui) qui parle habituellement (en tant que langue maternelle ou principale) un créole. Les territoires créolophones de l'Océan Indien (A. Valdman, Le Créole, 1977, p. 35). Le créolophone rural, qui ne distingue pas /è/ de /œ/ (Id., ibid., p. 347).
À la créole. [En parlant de l'arrangement de choses]
Coiffure à la créole. Le Roman de Paul et Virginie mit en vogue la coiffure « à la créole » (Jouy, Hermite,t. 4, 1813, p. 278).
Riz à la créole (ou riz créole). Riz préparé avec des tomates et des piments doux. Entremets à la créole. Entremets préparé avec du riz et parfumé à l'orange.
B.− (Celui ou celle) qui a le tempérament propre aux créoles ou semblable à celui des créoles, caractérisé essentiellement par l'indolence et la grâce. Vous redevenez grande dame, créole, indolente (Balzac, Lettres Étr. t. 1, 1850, p. 278).MmeChasseloup-Laubat : des ombres prud'honiennes, mêlées à une grâce de créole (Goncourt, Journal,1865, p. 135).La marquise y gagna une prostration maladive, qui fit d'elle une créole des images, passant sa vie sur une chaise-longue (Radiguet, Bal,1923, p. 20).
À la créole :
Nous vivrons à la créole, moi travaillant dans mon cabinet, toi paressant à ton aise dans ta jolie maison, ne voyant que nous. Balzac, Lettres à l'Étrangère,t. 3, 1850, p. 344.
Prononc. et Orth. : [kʀeɔl]. Ds Ac. 1762-1932. Fér. Crit. t. 1 1787 souligne qu'on ne dit plus criole. Étymol. et Hist. I. 1598 crollo « espagnol de pure race blanche né aux colonies » (Hist. nat. et mor. des Indes de J. de Acosta, trad. de l'esp. par R. Regnault Cauxois, fol. 176 b ds König, p. 85); 1643 criollo « id. » (Du Chocolate, par A. Colmenero de Ledesma, trad. de l'esp. par R. Moreau, p. 6 ds Arv., p. 205) [ces 2 attest. présentent le mot comme esp.]; 1670 créole « personne de pure race blanche née aux colonies » (Lettre de M. de Baas, Gouverneur des Antilles, à Colbert, 10 nov., ibid.). II. 1688 langue créole « portugais corrompu parlé au Sénégal » (M. J. de La Courbe, Premier voyage ... fait à la coste d'Afrique en 1685, p. 192 ds Arv., p. 208); 1826 patois créole « français corrompu parlé dans les colonies » (Hugo, Bug-Jargal. p. 106). I empr. à l'esp. criollo « id. », attesté dep. 1590 (Acosta, original de la trad. citée supra ds Fried.), lui même empr. au port. crioulo « noir né dans les colonies », qui n'est attesté que dep. 1632, mais dont le sens originel, plus archaïque, semble être « serviteur élevé dans la maison de son maître » (xviies. ds Dalg.), dér. de cria « id. », dér. régressif de criar « élever, etc. » (cf. esp. criar, s.v. créat). II est prob. un empr. direct au port., en raison du sens et de la localisation de la 1reattest. (v. Arv., pp. 204-208). Fréq. abs. littér. : 162.
DÉR.
Créoliser (se), verbe pronom. vieilli.[Au sujet d'une pers.] S'adapter aux mœurs et à la manière d'être des créoles. Attesté depuis Ac. Compl. 1842 et ds la plupart des dict. gén.a) Souvent péj. Prendre certains caractères d'un créole. Français créolisé. Au fig. [À propos d'une langue] Abâtardi(e). La langue des grands écrivains de l'Angleterre s'est créolisée, provincialisée, barbarisée, sans avoir rien gagné en énergie au milieu de la nature vierge (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 349).b) Mod. [En parlant d'une langue vernaculaire] Prendre le statut de langue principale d'une communauté (d'apr. Mounin 1971). [kʀeɔlize], (je) créolise [kʀeɔli:z]. Seules transcr. ds Littré et ds Lar. Lang. fr. 1reattest. 1838 « adopter les mœurs des créoles » (Ac. Compl. 1842); de créole, dés. -iser. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Arv. 1963, pp. 204-208. − Boulan 1934, p. 69.