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COURIR, verbe.
I.− Emploi intrans.
A.− Emploi abs. [Aspect imperf. du procès]
1. [Le suj. désigne un animé]
a) [En parlant de l'homme et de certains animaux] Se déplacer rapidement par un mouvement successif et accéléré des jambes ou des pattes prenant appui sur le sol :
1. Car si le blaireau ne provoque personne, il se défend dangereusement. Nul carnassier de nos climats n'en vient à bout. Ne pouvant ni courir ni bondir, il se renverse sur le dos, mord et griffe. Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 91.
SYNT. (exprimant la très grande vitesse de course). Courir à toutes jambes, ventre à terre; courir à perdre haleine, comme un dératé; courir comme un lapin. Cf. infra II A 2 a courir la poste.
Proverbe. [P. empr. à la fable de La Fontaine Le lièvre et la tortue] Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Mieux vaut un effort soutenu et régulier qu'une action brillante mais désordonnée au dernier moment.
En partic.
α) [En parlant d'un cavalier] Courir à toute bride, à bride abattue. Ne freiner en rien l'allure très rapide d'un cheval. Au fig. Cf. bride.
β) SP. Participer à une course de vitesse :
2. Elle avait mis une grosse somme sur un cheval qui courait ce jour-là aux courses de Chantilly. A. France, Le Lys rouge,1894, p. 332.
[Course à pied] Courir (dans telle ou telle épreuve athlétique).
[Course de vitesse quelconque] Courir à bicyclette, en auto, etc. :
3. ... sous les yeux et les applaudissements de toute la nation, dépouillés de leurs habits, ils [les jeunes gens] luttaient, boxaient, lançaient le disque, couraient à pied ou en char. Taine, Philos. de l'art,t. 1, 1865, p. 70.
Faire courir (un cheval, un pilote, etc.). L'engager dans une course. Il avait fait courir jadis et avait eu des succès d'écurie (Lorrain, Phocas,1901, p. 5).
b) [Avec une nuance appréciative]
α) [Étonnement admiratif ou au contraire nuance de reproche] Marcher d'un pas (trop) rapide; se dépêcher.
[En emploi factitif avec nuance d'étonnement admiratif] Ce spectacle fait courir les foules.
[Nuance de reproche] Vous ne marchez pas, vous courez (Littré).
Au fig. Passer vite, ne pas s'attarder sur quelque chose :
4. Pour bien dire la messe, le prêtre devrait redevenir jeune ou souple; ad deum qui laetificat juventutem meam. Car il faut courir, et l'on n'a pas le droit de s'appesantir sur telle ou telle impression, comme dans la prière privée. Bremond, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 3, 1921, p. 235.
Loc. adv. En courant. À la hâte, superficiellement. Lire en courant. Excusez cette cacographie; je ne veux pas vous faire attendre et j'écris en courant (Gide, Corresp. [avec P. Claudel], 1899-1926, p. 163).
Rem. Noter la loc. adv. vieillie tout courant, « en toute hâte », citée par les dict. gén. et, dans ce même sens, l'emploi abs. de l'inf. Je n'ai pas le temps de faire ma petite écriture à ma façon comme je fais quelquefois, vous savez, celle que vous trouvez jolie. J'écris à courir, et je vous demande bien pardon (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 395).
β) Aller librement ici ou là; vagabonder.
Au fig. Faire courir (vieilli), laisser courir (usuel). Laisser faire, le plus souvent par résignation, ne plus intervenir dans une action en cours. Il [Maxime] avait renoncé au Conseil d'État, il faisait courir (Zola, Curée,1872, p. 589).Au point de vue religieux il [Lamartine] n'avait pas d'opinion très nette (...) il laissait courir (Barrès, Cahiers,t. 10, 1913-14, p. 52).
γ) [En parlant d'un malfaiteur ou de quelqu'un qui ne veut ou n'ose pas rester sur place] S'enfuir, s'échapper le plus rapidement possible.
Loc. Il court encore. Il s'est enfui pour ne pas se laisser prendre, ou parce qu'il n'ose pas insister :
5. − Et qu'a répondu ce M. Bloch? demanda distraitement Mmede Guermantes (...) − Ah! je vous assure que M. Bloch n'a pas demandé son reste, il court encore. Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 505.
c) Faire des courses*., des démarches pour se procurer ou pour obtenir quelque chose. 24 janvier. Couru pour les affaires de Mmede St(aël). Elle sera payée, je le crois (Constant, Journaux,1815, p. 429).
Rem. Ce sens se rattache aux emplois mentionnés sous I B 2 c.
Péj. Faire courir qqn. Faire faire une démarche inutile; faire perdre son temps à quelqu'un.
2. P. anal. [Le suj. désigne un inanimé capable de mouvement]
a) [L'accent est sur la rapidité du mouvement] Se déplacer rapidement. Des nuages couraient dans le ciel, de temps à autre la pluie tombait (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 18).Un vent glacial courut, accéléra le vol éperdu de la neige, intervertit l'ordre des couleurs (Huysmans, À rebours,1884, p. 61).
[En parlant de corps liquide] Couler rapidement. Le sang court dans les veines :
6. ... son visage étincelait d'amour, Et mes regards, fermés pour les choses profanes, Voyaient le sang courir dans ses bras diaphanes! T. de Banville, Les Exilés,Le Cher fantôme, 1874, p. 96.
b) [L'accent est sur la régularité et la continuité du mouvement]
α) [En parlant du temps] Se dérouler de façon continue :
7. On a aplani la difficulté, un contrôle de disponibilité est ouvert. Là les officiers inscrits voient courir leur temps comme s'ils rendaient des services effectifs. Chateaubriand, Correspondance gén.,t. 2, 1789-1824, p. 34.
Par le(s) temps qui court (courent). Actuellement. Ah! C'était un brave ami (...) un homme rare par le temps qui court (Maupass., Pierre et Jean,1888, p. 306).
β) Au fig., FIN. [Avec une idée de délai] Être compté régulièrement comme dépense à partir d'une certaine date (exprimée ou laissée implicite). Les intérêts courent à partir d'aujourd'hui :
8. [Il faut] tenir compte des jours de chômage pendant lesquels l'animal de trait ne produit aucun travail utile, alors que son entretien continue cependant à courir. Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des mines,1905, p. 752.
c) [L'accent est sur l'avancement spontané du mouvement]
α) [En parlant d'un aspect de la nature] Se répandre dans un espace. Une plante court sur le sol.
GÉOGR. S'étendre dans une certaine direction. La côte court du Nord au Sud. Les racines [de la bourdaine] courent à fleur de terre (Baudrillart, Nouv. Manuel forest.,trad. de Burgsdorf, t. 1, 1808, p. 304).Le lierre courait sur les murs des maisons basses (Druon, Roi de fer,1955, p. 150).
β) [En parlant d'un bruit, d'une nouvelle] Se propager. Elle-même répéta la phrase, qui courut ainsi d'oreille à oreille, au milieu des exclamations et des rires étouffés (Zola, Assommoir,1877, p. 719).
Loc. verbale. Le bruit court que :
9. Le bruit courait que Gundermann, contrairement à ses habitudes de prudence, se trouvait engagé dans d'effroyables risques... Zola, L'Argent,1891, p. 316.
γ) [En parlant d'un objet destiné à se déplacer] Aller librement, sans contrainte, sans contrôle. Laisser courir sa plume :
10. Représenter, rendre ce monde, ces trois dimensions, avec cette plume qui gratte régulièrement, qui court sur le papier. Péguy, Victor-Marie, comte Hugo,1910, p. 700.
MAR. Faire (laisser) courir une manœuvre (un cordage) :
11. Tout le gréément du bateau est englobé dans une coque de glace (...) et il est totalement impossible de faire courir les manœuvres. J.-B. Charcot, Le« Pourquoi Pas? » dans l'Antarctique, 2eexpédition antarctique fr., 1908-10, 1910, p. 352.
B.− Emploi prép. [La prép. ajoute à l'aspect imperf. du verbe une valeur d'aspect perf. ou une nuance de cet aspect]
1. [Aspect perf. pur et simple; la prép. indique le but, le terme du procès] Courir à.
a) [Le suj. désigne une pers.] Se porter rapidement et parfois en masse vers quelqu'un ou vers quelque chose. Courir au feu, aux armes; courir à un spectacle. Les hommes courent à leurs quêtes Sur la terre, ardents et pressés (Dierx, Poèmes et poés.,1864, p. 17):
12. À peine se fut-on quitté, que le chevalier de Beauvoisis courut aux informations : elles ne furent pas brillantes. Stendhal, Le Rouge et le Noir,1830, p. 269.
Courir au plus pressé. Se hâter d'accomplir ce qui est urgent :
13. En me promettant à moi-même qu'Albertine serait ici ce soir, j'avais couru au plus pressé et pansé d'une croyance nouvelle l'arrachement de celle avec laquelle j'avais vécu jusqu'ici. Proust, La Fugitive,1922, p. 428.
Courir à sa ruine, à sa perte. Tomber inexorablement dans une situation extrême :
14. Vous n'avez pas reconnu votre véritable ennemi, vous lui prêtez de petits motifs. Il n'en a que de grands et vous courez à votre perte. Camus, Caligula,1944, II, 2, p. 34.
Spéc., MAR. Courir au nord, au sud, à terre, au large, etc. Faire route en direction de.
b) Au fig. [Le suj. désigne une chose abstr.] Être sur le point de (finir). La saison court à sa fin :
15. Les événements courent trop vite à leur fin; on n'a pas assez de temps pour faire, en quelque sorte, connaissance avec les personnages, ce qui rend l'intérêt moins vif. Lamennais, Lettres inédites... à la baronne Cottu,1830, p. 216.
2. [Aspect connotatif progressif au procès; la prép. suggère l'idée d'un effort dans une poursuite voulue par le suj. pers.] Courir après.
a) [Le compl. désigne une pers.] Courir après qqn.Chercher à l'atteindre rapidement. Son oncle, ne la voyant pas revenir du bout de la place, courut après elle (Stendhal, Lamiel,1842, p. 128).Courir après un homme, une femme (au fig.). Le, la poursuivre de ses assiduités :
16. Ce hideux calotin ose insinuer et même dire assez clairement que, lorsqu'il portait encore la soutane, toutes les femmes couraient après lui, et qu'il n'avait qu'à se baisser pour en prendre. Bloy, Journal,1900, p. 384.
b) [Le compl. désigne une chose] Chercher à atteindre, à obtenir une chose par tous les moyens. Courir après les honneurs, la gloire. Courir après son argent. Essayer de regagner, de rattraper l'argent perdu au jeu ou essayer de se faire payer l'argent dû. Courir après l'esprit. Chercher à être spirituel. Courir après son ombre. Chercher à atteindre l'impossible :
17. Ne me demande point à moi, sculpteur, de courir après la beauté : je m'assiérai ne sachant où courir. Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 697.
c) Loc. [Avec ell. du compl. prép.]
Fam. Tu peux toujours courir! Tu auras beau faire, tu n'obtiendras pas ce que tu veux.
Proverbe. Il vaut mieux tenir que courir (cf. un tiens vaut mieux que deux tu l'auras).
3. [Aspect directif; la prép. exprime une idée d'approche, souvent doublée d'une valeur affective] Courir sur ou sus à.
a) [Le compl. désigne l'âge de qqn avec parfois une idée de vivacité ou d'appréhension] S'approcher rapidement de. Courir sur ses trente ans. Marianne est très vieille et court sur ses cent ans (Verlaine, Œuvres compl., t. 3, Invect., 1896, p. 346).
Rem. Dans l'expr. courir sur les brisées de qqn, sur exprime le terrain dans lequel on a pénétré, avec sans doute, comme plus haut, une idée d'illicite.
b) [Avec gén. une idée d'hostilité] Se précipiter sur :
18. Indouvoura courut sur Yassiguindja. Elle l'aurait frappée, mordue, griffée. Elle débitait des menaces pendant que ses compagnes la maintenaient. Maran, Batouala,1921, p. 55.
Au fig. S'attaquer à, combattre. Courir sus aux abus.
C.− Emploi semi-auxil. Courir + inf.[Le plus souvent pour dire que l'on fait vite l'action exprimée par l'inf.] Qu'on coure me chercher de l'huile de térébenthine et de l'émétique (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 303).
Rem. Pour souligner l'idée de but, l'inf. peut être précédé de la prép. pour. Elle courait pour chercher quelque drogue à la pharmacie (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 145).
II.− Emploi trans.
A.− [Le suj. désigne un animé]
1. [Aspect perf. du procès, avec une idée de poursuite; l'obj. désigne un animé ou un inanimé suggérant une idée de proie à prendre]
a) [La proie est une bête sauvage] Donner la chasse à. Courir le cerf, le lièvre :
19. Quoique je sois bien décidé à ne frayer qu'avec les gens de la plus haute volée, vous aurez cependant vos petites entrées, mon cher Monsieur Jolibois, et de temps en temps vous viendrez courir un cerf avec moi. Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 3.
Proverbe. Il ne faut pas courir deux lièvres à la fois. S'engager dans deux entreprises différentes, c'est risquer d'échouer dans l'une comme dans l'autre.
Rem. Courir qqn se rencontre dans la lang. class. au sens de « poursuivre qqn en courant » et dans la lang. pop. au sens de « importuner » : tu me cours (sur le système, sur le haricot, sur le ciboulot, etc.). Elle me court! menace Jady (Colette, Music-hall, 1913, p. 199).
b) P. anal., dans le lang. de la galanterie. [La proie est une pers. gén. du sexe fém., ou ce qui la représente] Courir les filles, la gueuse, les jupons; courir la prétantaine :
20. Madame de Kergant (...) voyait (...) dans le champ étroit et fantasque de ses préjugés l'ancien pupille de son frère (...) courant le guilledou sous l'étrange costume qu'elle prêtait aux sans culottes... Feuillet, Bellah,1850, p. 20.
c) P. ext. [La proie est un avantage recherché] Rechercher vivement, poursuivre assidûment. Courir le cachet, les honneurs.
P. méton. Au cours de cette poursuite affronter des périls, s'y exposer. Courir des risques.
d) P. méton., SP. [La proie est suggérée par la nature de l'épreuve au bout de laquelle la victoire peut être atteinte] Participer à une course pour la gagner. Courir un cent mètres. Ce dimanche-là (...) on courait le Grand Prix de Paris au bois de Boulogne (Zola, Nana,1880, p. 1375).
2. [Aspect perf. instrumental; l'obj. désigne un lieu à travers lequel on se déplace en tout sens dans une intention plus ou moins précise]
a) [Le lieu est un espace d'une certaine étendue ou complexité] Parcourir, sillonner, voyager à travers un lieu pour y chercher à satisfaire un désir. Courir la ville, le monde. C'était un de ces forains qui courent les campagnes, le dos chargé de leur marchandise (A. Daudet, Jack,t. 1, 1876, p. 230).
Vieilli. Courir le pays. Faire une incursion rapide en pays ennemi.
P. méton. Courir la poste. Parcourir vite les relais de poste, aller fort vite et au fig. se dépêcher outre mesure pour atteindre son but. Le lendemain, Suter court la poste sur la route de Paris (Cendrars, Or,1925, p. 26):
21. Une voyageuse, qui courait la poste, fut prise des douleurs de l'enfantement à la poste du prieuré... G. Sand, La Comtesse de Rudolstadt,t. 1, 1844, p. 97.
Courir la mer. Faire la course* :
22. On eût dit un de ces vieux récits (...) où il est question de corsaires barbaresques courant les mers latines... A. Daudet, Le Nabab,1877, p. 172.
Emploi abs. :
23. Or, vers la fin de 1702, elle [l'Espagne] attendait un riche convoi que la France faisait escorter par une flotte de vingt-trois vaisseaux commandés par l'amiral de Château-Renaud, car les marines coalisées couraient alors sur l'Atlantique. Verne, Vingt mille lieues sous les mers,t. 2, 1870, p. 92.
b) [L'obj., gén. au plur., désigne une suite de locaux que fréquente la Société] Fréquenter assidûment en allant d'un lieu à un autre pour y chercher son plaisir. Courir les théâtres, les salons.
B.− [Le suj. désigne un inanimé]
1. Vieilli. [En parlant d'une rumeur, d'un bruit] Se répandre dans (cf. supra II A 2 a). Cette nouvelle court la ville, les rues.
Loc. fig. Courir les rues. Se trouver partout, être normal, commun. Nous habitons une ville de commerçants, où le bon goût ne court pas les rues (Maupass., Pierre et Jean,1888, p. 367).
2. MAR. [En parlant d'un navire et p. ext. des marins] Courir une (des) bordée(s).
Prononc. et Orth. : [kuʀi:ʀ], (je) cours [ku:ʀ], couru, ue [kuʀy]. Ds Ac. depuis 1694. Ac. 1694-1798 : « courir ou courre ». Les mots de la famille de courir s'écrivent evec un seul r sauf courre (chasse à −), courrier, courriériste, concurrent, occurrence, récurrent et leurs dér. (pour cette liste cf. Ortho-vert 1966, p. 173). Comparer l'imp. je courais et le fut. et cond. je courrai(s) dans lesquels la consonne double qu'on prononce géminée [kurr ε] sert à distinguer les temps (cf. Nyrop Phonét. 1951, § 130 et § 251, ainsi que Mart. Comment prononce 1913, p. 217). Noter que Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787 transcrivent à l'inf. [kuʀi] qui est l'anc. prononc. des inf. en -ir du moy. fr. jusqu'au milieu du xviiies. où r final est restauré sous l'infl. des verbes comme dire, écrire, etc. (cf. Bourc.-Bourc. 1967, § 183 H). Homon. : formes du verbe courir et cour, cours, court. Étymol. et Hist. A. Intrans. 1. mil. xies. curre « se déplacer par élans » (Vie de Saint Alexis, éd. Chr. Storey, 423); 2. a) mil. xies. « (d'une chose) se mouvoir avec rapidité » (ibid., 79); b) 1262-68 « se dépêcher » (Brunetto Latini, Li Livres dou Tresor, éd. F. J. Carmody, p. 23, 13); 3. 1559 « courir dans une compétition » (Amyot, Vies. Thémistocle, 47 ds Littré); 4. a) ca 1100 curir a aucun « courir pour atteindre quelqu'un » (Roland, éd. J. Bédier, 2086); b) ca 1160 + inf. « aller vite dans un certain but » (Enéas, éd. J.J. Salverda de Grave, 909); 5. a) ca 1100 « couler » ewe curant (Roland, 2226); b) 1119 « avoir cours, être en vigueur » (Ph. de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 3544); c) apr. 1225 « être répandu, circuler (bruit, renommée) » (Gerbert de Montreuil, Continuation de Perceval, éd. M. Williams, 3638); d) 1690 « s'étendre, se dérouler » (Fur. [ici, en parlant d'un rhumatisme, d'une dartre]). B. Trans. 1. ca 1210 « parcourir, sillonner (un pays, etc.) » (Herbert Le Duc de Dammartin, Folque de Candie, éd. O. Schultz-Gora d'apr. FEW t. 2, p. 1570a); 2. a) ca 1225 « poursuivre à la course » (Péan Gatineau, Saint Martin, éd. W. Söderhjelm, 1252); b) 1434-38 « poursuivre quelqu'un » (Jacques D'Esch, Chronique messine, éd. G. Wolfram d'apr. FEW t. 2, p. 1569 b); c) 1690 « rechercher, courtiser » (Fur.); 3. 1547 « fréquenter assidûment (un lieu) » (Noël Du Fail, Propos rustiques et facétieux, t. 1, p. 75 ds IGLF); 4. av. 1558 « s'exposer à, risquer » (Mellin de Sainct-Gellais, Œuvres complètes; éd. P. Blanchemain, t. 2, p. 78); 5. 1585 « rechercher avec ardeur » (Noël Du Fail, Contes et discours d'Eutrapel, t. 2, p. 233 ds IGLF); 6. [1883?] 1895 pop. courir à qqn « importuner quelqu'un » (sans réf. ds Esn.); 1901 courir qqn (ibid.); 7. 1901 fam. c'est couru « c'est prévisible » (Bruant, p. 175 [à l'orig., terme de turf]). Du lat. currere « courir ». L'anc. forme courre a été supplantée à partir du xiiies. par courir (ca 1275, Rose, F. Lecoy, 15890), formé d'apr. les verbes en -ir. Fréq. abs. littér. : 13 612. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 17 337, b) 24 133; xxes. : a) 20 292, b) 17 961. Bbg. Baldensperger (F.). Notes lexicol. R. de philol. fr. et de litt. 1927, t. 39, p. 58. − Gottsch. Redens. 1930, passim.Goug. Lang. pop. 1929, p. 135. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, pp. 298-299. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 82. − Quem. 2es. t. 2 1971. − Rog. 1965, p. 131, 179, 234, 237. − Spitzer (L.). Courir la calabre. Fr. mod. 1948, t. 16, pp. 165-166.