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CORRODER, verbe trans.
A.− [En parlant d'un agent physique] Détruire progressivement et irrémédiablement par une action chimique ou physique. L'eau de vaisselle corrode les mains. Verbes quasi-synon. ou fréq. associés altérer, attaquer, brûler, consumer, désagréger, mordre, ronger, user; affaiblir, anéantir, creuser, détruire, dissoudre, s'infiltrer, irriter, perforer, putréfier, tordre.[Les lichens] corrodent le roc par leurs sécrétions (Plantefol, Bot. et biol. végét.,t. 2, 1931, p. 189).
SYNT. Des miasmes, du poison, le vitriol corrode(nt) l'estomac, les intestins, la peau, la plèvre, les tissus, les viscères; le sable, le sel corrode le rivage; certains acides corrodent les métaux.
B.− Au fig. [En parlant d'une entité morale] Altérer progressivement et irrémédiablement. Corroder la volonté; corroder d'amertume. Synon. consumer, ronger.La curiosité me corrodait d'entendre le Prélude écrit par Debussy pour l'Après-Midi d'un Faune, de Mallarmé (Willy, Notes sans portées,1896, p. 6).Sa critique agit à la façon d'un dissolvant; il n'y a rien qu'elle ne corrode (Massis, Jugements,1923, p. 10):
(...) l'étude a garanti [les « grands enfants de vingt-cinq ans »] de la corruption (...) des gens du monde dont l'expérience raisonneuse corrode les belles qualités du jeune âge. Balzac, La Femme abandonnée,1832, p. 279.
SYNT. Corroder la liberté, la réalité, le respect; l'amour, une conviction, l'ennui, la passion, la pensée, la souffrance, la vanité corrode(nt) l'âme, le caractère, les esprits.
Emploi abs. La vanité qui corrode (Lar. 19e).
Emploi pronom. (à valeur passive). À mesure que le temps retrouvé par Proust s'éloigne des premières années (...) le métal de l'œuvre, jusqu'alors intact, peu à peu se corrode (Mauriac, Écrits intimes,Du côté de chez Proust, 1947, p. 205).
Rem. La docum. atteste le subst. fém. corrodation. Action de corroder, son résultat. Synon. corrosion. [Des batailles] invisibles, secrètes, honteuses, qui tuent par le poison, la corrodation, le déchirement intérieur (Arnoux, Calendr. Fl., 1946, p. 126).
Prononc. et Orth. : [kɔ (r)r ɔde], (je) corrode [kɔ (r)r ɔd]. [ʀ] simple ou [rr] double ds Barbeau-Rodhe 1930 et Warn. 1968; noter que pour ce dernier dict. on entend plus souvent [rr]. [rr] qui est plus expressif ds Barbeau-Rodhe 1930 et Land. 1834, Fél. 1851, Littré et DG ainsi que Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841 qui indiquent r forte. Pour [rr] cf. encore Kamm. 1964, p. 220; [ʀ] simple ds Passy 1914, Dub., Pt Rob., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1314 « ronger, attaquer progressivement » (H. de Mondeville, Chirurgie, 825 ds T.-L. : Corroder la char superflue ou movaise); 1377 pustule corrodante (B. de Gord., Pratiq., I, 18 ds Gdf. Compl.); 2. 1756 fig. « détruire par une action lente et insidieuse (en parlant d'un sentiment) » (Mirabeau [Marquis de], L'Ami des hommes, III, 554 ds Gohin, p. 361 : Il est impossible que cet intérêt ne corrode les liens internes de l'État). Empr. au lat. class. corrodare (< rodere « ronger », préf. cum intensif) « ronger » (spéc. en parlant d'animaux). Fréq. abs. littér. : 27. Bbg. Gohin 1903, p. 343, 361.