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CORNÉLIEN2, IENNE, adj.
Qui présente un rapport avec P. Corneille.
A.− Qui appartient à P. Corneille.
1. De P. Corneille, composé ou conçu par P. Corneille. L'univers cornélien; un premier ou un nouveau monde cornélien; les valeurs cornéliennes. Je ne crois pas qu'on puisse dire cela de toutes les tragédies cornéliennes (Brasillach, Corneille,1938, p. 382).
2. Représentatif de la pensée développée par P. Corneille dans ses tragédies les plus typiques et qui se caractérise par la primauté donnée à la volonté et à la maîtrise de soi, à un certain héroïsme. Formule, vers, œuvre cornélien(ne); monde cornélien; doctrine cornélienne; conflit cornélien; héroïsme, honneur, passion cornélien(ne). Le personnage qui semble le plus cornélien qu'on ait jamais inventé (Brasillach, Corneille,1938p. 211).« Va, je ne te hais point » de Chimène dont nous étudions en ce moment le cornélien caractère (H. Bazin, Vipère,1948, p. 80):
1. Plus ils [les héros cornéliens] sont ennemis, plus ils se battent, moins aussi, moins donc ils se veulent du mal, moins ils se veulent de mal, moins ils se blessent et ils veulent se blesser. C'est l'idée cornélienne même, on pourrait dire le système cornélien, le grand honneur cornélien. Péguy, Victor-Marie, Comte Hugo,1910, p. 778.
Rem. Péguy emploie plusieurs fois l'adj. substantivé, pour désigner les personnages typiques de Corneille. Quelle impuissance de cruauté, d'offense dans ces cornéliens (Péguy, Victor-Marie, Comte Hugo, 1910, p. 776).
B.− Qui présente une ressemblance avec l'œuvre ou certains aspects de l'œuvre de P. Corneille.
1. [En parlant d'une œuvre littér. ou d'un de ses aspects]
a) Qui développe des idées comparables aux idées spécifiques des tragédies de P. Corneille. Pastiche cornélien. [Thomas] crut pouvoir remplacer Pierre en fabricant, lui aussi, des tragédies cornéliennes (Brasillach, Corneille,1938, p. 452).
b) Dont le style est comparable à celui de P. Corneille, principalement par sa densité ou sa force. Vers d'allure cornélienne, famille de vers cornélienne; verve (de style) cornélienne. Fais-nous de grands vers cornéliens. Cela est dans ta corde. Tu as naturellement le vers tendu et pompeux (Flaub., Corresp.,1853, p. 97).
2. [En parlant d'un élément de la réalité vécue]
a) [En parlant d'une situation] Caractérisé par un dilemme, par une opposition irréductible entre deux points de vue. Débat, dialogue, drame, situation cornélien(ne). Les conflits cornéliens entre la passion et le devoir sont-ils correctement symbolisés par le trouble de ce chien que l'expérimentateur soumet à des signaux antagonistes? (J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 93).
b) [En parlant d'une pers., d'une manière d'être, d'un trait de caractère] Qui, dans le comportement, manifeste une certaine rigueur, une certaine grandeur d'âme. Monde, père, personnage cornélien; âme, idéal cornélien(ne); amour-propre, volonté cornélien(ne); sens cornélien de la morale, tension cornélienne de l'être. Quelques-uns sont rangés parmi tant de noblesse Qu'ils ont le cœur plus haut qu'un cœur cornélien (Péguy, Ève,1913, p. 766):
2. ... je vous [Déroulède] dirais de vous méfier de quelque chose de raide et de cornélien, d'un certain orgueil stérile, d'un besoin d'être héroïque, ascétique... Barrès, Mes cahiers,t. 7, 1908-09, p. 121.
C.− [En parlant de propos]
1. Dense, tranchant. [Il] répondit avec une simplicité cornélienne : I'crèv'rait (Barbusse, Feu,1916, p. 194).
2. Qui développe des idées manifestant de la grandeur d'âme, de l'héroïsme. Plaidoyers cornéliens; une cornélienne tirade. Et l'on nous cite une réponse cornélienne [de Girardin] (Morienval, Créateurs gde presse,1934, p. 34).
Rem. La docum. atteste le dér. (cf. B) cornélianisme, subst. masc. Grandeur d'âme, héroïsme à la manière des personnages de Corneille (repris par Nouv. Lar. ill. Suppl. et Lar. 20e). D'infatuation supérieure, de capiteux mépris de la récompense qui vous offusque, de cornélianisme gratuit (Gide, Corresp. [avec P. Claudel], 1926, p. 104).
Prononc. : [kɔ ʀneljε ̃], fém. [-ljεn]. Étymol. et Hist. 1. 1657 Corneillien « partisan ou imitateur de Corneille » (Tallemant des Reaux, Hist., 7, 252 et 254 ds Quem.), attest. isolée; 2. 1764, 25 sept. « qui a le caractère du style de Corneille » (Volt., Lett. Chauvelin ds Littré : dissertations cornéliennes); d'où 3. 1828 fig. (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr., p. 248). Dér. avec suff. -ien* du nom de P. Corneille [1606-1684], poète tragique. Fréq. abs. littér. : 87.