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CONVERTIR, verbe trans.
I.− [Le compl. prép., s'il est exprimé, est introd. par en]
A.− Vx. [Le compl. d'obj. désigne une pers.]
1. Changer les attributions, le métier de quelqu'un. Groom converti en cocher (Ponson du Terr., Rocambole, t. 2, 1859, p. 63).L'ancien clerc de notaire malheureux que Sir Williams venait de convertir en médecin (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 463).
Rem. Il s'agit d'un ,,faux docteur`` (Ponson du Terr., Rocambolet. 1, 1859, p. 463).
2. Changer complètement quelqu'un dans sa nature. Une série de situations tragiques, (...) ont pu convertir des combattants courageux en lâches inutilisables (Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 107).
B.− [Le compl. d'obj. et le compl. prép. désignent des choses concr. ou abstr.] Synon. changer, transformer.
1. Transformer (une chose) en une autre chose. Synon. transmuer, transmuter, métamorphoser.
a) [Une matière]
Transformer par un processus chimique, physique ou biologique. Convertir le sucre en alcool, le plomb en or. Les cellules produisent de nouvelles cellules en convertissant des substances élémentaires en protoplasma (Boutroux, Conting.,1874, p. 77).
Emploi pronom. à valeur passive, vx. Les aliments se convertissent en chyle; l'eau se convertit en vapeur; l'argent se convertit en plomb.
Transformer une matière en produit fini. Convertir des raisins en vin, du fil en toile, du chanvre en corde :
1. Pontis me mena jusqu'à l'entrée de la caverne d'où l'on extrait les filets de l'amianthe, que les montagnards convertissent en tissus pour les vendre aux curieux. Dusaulx, Voyage à Barège,t. 1, 1796, p. 186.
Emploi pronom. à valeur passive. Élaguer, rogner, afin de contraindre la sève à se convertir en bourgeons (Sand, Péché M. Antoine,1847, p. 94).Des bandes de chair maigre enlevées le long des filets et des jambons, et dont les fragments (...) épicés se convertiront en saucisses croustillantes (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 81).
Rem. On rencontre ds la docum. un ex. de constr. avec présence du compl. (introd. par de) exprimant l'orig. de la transformation. La maison du père de Scribe (...) s'est convertie de magasin de soierie en boutique de confiseur (Sainte-Beuve, Portr. contemp., t. 3, 1846-69, p. 121).
P. métaph. Changer, transformer (par une opération financière, par l'expression...). Il paraît (...), beau baleinier (...) que la pêche n'a pas été mauvaise (...) et que nous convertissons l'huile en vin de Champagne (Dumas père, Kean,1836, III, 4, p. 139).Le génie de Lamartine convertit le chêne en roses du matin (Jammes, De tout temps,1935, p. 16).
b) FIN. Réaliser la valeur d'un bien, d'un avoir, dans une autre catégorie de bien, une monnaie étrangère. Des francs convertis en dollars. Il fait allusion au prochain changement de la monnaie et à la nécessité de convertir en marchandises le plus possible de billets de banque (Aymé, Uranus,1948, p. 183).
[Sans compl. prép.] Réaliser en espèces (la valeur d'un bien, d'un titre). Convertir la rente. ,,Changer une rente qui a dépassé le pair en une autre d'un taux moins élevé, en offrant le remboursement au pair aux porteurs qui refuseraient d'accepter le changement`` (DG).
c) [Une chose abstr.]
[Un sentiment, une aptitude] En blanchissant de la barbe, le vieux Magali avait converti sa vitalité sexuelle en influence politique (Morand, Homme pressé,1941, p. 42):
2. Elle [MmeRécamier] était véritablement magicienne à convertir insensiblement l'amour en amitié, en laissant à celle-ci toute la fleur, tout le parfum du premier sentiment. Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 1, 1851-62, p. 128.
Emploi pronom. à valeur passive. Le désespoir peut se convertir en rage, en fiel, en venin (Amiel, Journal,1866, p. 187).Des présences senties qui se convertissent ensuite en images (Marcel, Journal,1920, p. 244).
P. métaph. Sa vie [de Mmede la Fayette], durant vingt ans, se convertit en une petite fièvre plus ou moins lente (Sainte-Beuve, Portr. femmes,1844, p. 241).
[Un principe, une entité, une œuvre] Le bill du parlement d'Angleterre, qui convertissait en loi l'acte oppressif des ministres anglais sur la personne de Napoléon (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 860).Convertir la divination en science expérimentale (Barrès, Cahiers,t. 12, 1919-20, p. 221):
3. N'est-ce pas (...) le triomphe de l'idée révolutionnaire (...) que l'initiative industrielle se transforme sans cesse en initiative politique et convertisse fatalement l'autorité en an-archie. Proudhon, La Révolution soc. démontrée par le coup d'État du 2 décembre,1852, p. 4.
Rem. La constr. convertir qqc. dans se rencontre ds la docum. La philosophie convertit les vérités qui lui sont offertes par la religion dans sa propre substance et dans sa propre forme (Cousin, Hist. philos. mod., t. 1, 1847, p. 19).
Emploi pronom. à valeur passive. Si Lamark avait raison, déclare-t-il [Comte], la marche progressive de l'organisme animal, cessant de n'être qu'une abstraction commode se convertirait en une véritable loi naturelle (Hamelin, Élém. princ. représ.,1907, p. 223).Il reste à voir si cette négation ne se convertit pas en affirmation (Marcel, Journal,1914, p. 57).
2. Changer quelque chose en l'adaptant à de nouvelles fonctions, en lui donnant une autre nature, un autre usage.
[Un terrain, un bâtiment, un obj.] Convertir des marais, des déserts en prairies. Une pièce convertie en bureau; une église désaffectée convertie en mairie. En 1816, Joseph obtint de sa mère la permission de convertir en atelier le grenier contigu à sa mansarde (Balzac, Rabouill.,1842, p. 283).Une table de toilette, une table à écrire que je convertirai en table à coiffer (Colette, Cl. s'en va,1903, p. 94).
P. métaph. :
4. Défenseurs et assaillants de l'ancien système, tous (...) ont pareillement tenté de convertir leurs vieux appareils de guerre en instruments de réorganisation. Comte, Cours de philos. positive,t. 4, 1839-42, p. 11.
3. Changer le mode de représentation de contenus mentaux.
a) Usuel :
5. Les événements qui nous paraissent dramatiques ne sont que les sujets que notre âme convertit en tragédie ou en comédie au gré de notre caractère. Balzac, Modeste Mignon,1844, p. 17.
6. ... pour mesurer les manifestations de l'âme d'une manière complète, il faudrait convertir la diversité des phénomènes psychologiques en quantités homogènes. E. Boutroux, De la contingence des lois de la nature,1874, p. 114.
b) Emplois spéc.
INFORMAT. ,,Changer la représentation de données sans modifier les informations qu'elles contiennent`` (Guilh. 1969). Convertir des données analogiques en données digitales; convertir en numéral, en numérique.
LING. ,,En grammaire générative, faire passer une phrase d'une étape de sa dérivation à une autre étape de sa dérivation`` (Ling. 1972).
LOG. [Sans compl. prép.] Convertir des propositions. Permuter les termes d'une proposition, la proposition obtenue étant la converse* de la première.
Emploi pronom. réciproque. Propositions qui se convertissent. Propositions qui sont la converse* l'une de l'autre.
MATH. Mettre (une expression arithmétique ou algébrique) sous une autre forme. Convertir une fraction en nombre décimal, en fraction décimale; convertir des degrés en grades, des radians en secondes.
II.− [Le compl. prép., s'il est exprimé, est introd. par à; le compl. d'obj. désigne une pers. ou un groupe de pers.]
A.− [Avec compl. d'obj. et compl. prép. à exprimés]
1. [Le compl. prép. désigne une relig. ou une croyance relig.] Amener (quelqu'un) à adopter cette religion, cette croyance (que le sujet considère comme vraie). Cette confession faite, [il] s'efforce de me convertir à l'immortalité de l'âme (Goncourt, Journal,1894, p. 666).
Emploi pronom.
Adopter une religion (en abjurant, abandonnant sa religion, ses convictions antérieures). Se convertir au catholicisme, au protestantisme, à l'islam.
Vx. Se convertir à Dieu, à l'Éternel, au Seigneur. Se tourner vers Dieu, lui soumettre sa volonté.
Revenir à sa foi première, reprendre la pratique religieuse. L'auteur (...) fut amené à se convertir sincèrement et de tout point au catholicisme, oublié depuis sa première communion (Verlaine, Œuvres,t. 5, Biographies de poètes et littérateurs (P. Verlaine), 1896, p. 302).
2. P. anal.
a) [Le compl. prép. désigne une doctrine philos. ou un syst. pol.] Amener (quelqu'un) à partager des opinions, des idées (plus ou moins assimilées à des croyances religieuses). Synon. gagner, rallier.Si l'on veut nous convertir au communisme, qu'on se serve de moyens un peu moins puérils (Green, Journal,1932, p. 105).
SYNT. Convertir qqn à l'anarchisme, au socialisme, à la démocratie; s'efforcer, essayer, entreprendre, tâcher de convertir; vouloir convertir qqn.
Emploi pronom. Adopter (des idées, des opinions, un système politique ou philosophique) en abandonnant les idées qu'on professait. Se convertir au communisme; se convertir à un avis, à une opinion. Depuis vingt ans, les poètes s'étaient les uns après les autres convertis à la sagesse officielle (Maurois, Byron,t. 1, 1930, p. 220):
7. On ne peut se convertir sérieusement au socialisme (...) sans que la philosophie et la vie et les sentiments les plus profonds soient rafraîchis, renouvelés et, pour garder le mot, convertis. Péguy, De la Grippe II,1900, p. 7.
b) [Le compl. prép. désigne un mouvement d'idées, un courant artistique, un mode de vie] Convertir qqn à la musique moderne. Il [E. Delon] entrait (...) emmenait Victor Foucher, qu'il avait converti aux gouttières et au puits [sic] (MmeV. Hugo, Hugo,1863, p. 133).
B.− [Avec compl. d'obj. exprimé, mais sans compl. prép.]
1. Amener à embrasser le catholicisme. Bernardin (...) se voyait déjà voguant d'île en île (...) convertissant les sauvages (A. France, Génie latin,1909, p. 210):
8. Pascal a-t-il jamais converti personne? (...) Il a raffermi bien des catholiques dans leur foi, mais converti un athée ou un protestant, je me le demande. Green, Journal,1950-54, p. 318.
SYNT. Convertir les protestants, les luthériens, les juifs, un athée; convertir les gentils, les païens, les idolâtres, les barbares; convertir en masse; convertir et civiliser, et baptiser; purifier et convertir; enseigner et convertir; prêcher pour convertir.
Emploi abs., vx. Faire des conversions (cf. II A1). Ce qui convertit, c'est la science, c'est la philologie, (...) c'est l'esprit moderne en un mot (Renan, Avenir sc.,1890, p. 297).
2. Ramener (quelqu'un) à la foi, à la pratique religieuse, à l'observance des lois morales. Convertir un pécheur, un libertin, une courtisane, les hérétiques. Synon. amender, améliorer; anton. dépraver, perdre.
Emploi pronom. Je travaille à me convertir, et je voudrais faire quelque acte de bon chrétien (Mérimée, A. Guillot,1847, p. 139).
3. P. anal. Amener (quelqu'un) à changer de résolution, d'opinion, de pratique. Il en est [des peintres flamands] que l'Italie attira, mais ne convertit pas, comme Mabuse, qui resta gothique par l'esprit, par le faire (Fromentin, Maîtres autrefois,1876, p. 15).
Emploi pronom. Pour l'artiste moderne, s'adresser réellement aux masses, c'est se convertir : changer d'absolu (Malraux, Voix sil.,1951, p. 500).
Emploi abs. Synon. de convaincre.La joie florissante s'échappait de son corps, de ses mains et de ses yeux quand il [Jaurès] parlait pour convertir (Péguy, Républ.,p. 20 ds Rob).
Rem. La docum. atteste le part. prés. convertissant, ante en emploi adj. (signalé par Littré et la plupart des dict. encyclop.). Grâce convertissante; ferveur convertissante. Sa dévotion était (...) froide et sèche d'apparence, personnelle pour ainsi dire, non convertissante (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 4, 1863-69, p. 26).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃vε ʀti:ʀ], (je) convertis [kɔ ̃vε ʀti]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1remoitié du xes. « amener à une croyance, à une religion » (Sermon sur Jonas, 11 ds Bartsch Chrestomathie, p. 5 : Jonas profeta cel populum habuit pretiet et convers); 2emoitié du xiiies. part. passé subst. (Gaufrey, éd. F. Guessard et P. Chabaille, 2356); av. 1778 prêcher (à) un converti (Voltaire, sans réf. ds Lar. 19e); 2. fin du xiies. « ramener à une foi réelle, une conversion de vie » (Sermons de Saint Bernard, p. 136, éd. W. Foerster); 1689-91 part. prés. adj. grâce convertissante (Bossuet, Avertissements aux protestants, 2 ds Littré); 3. 1454-58 « amener à de nouveaux sentiments » (G. Chastellain, Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, 127, 11); 1793 part. passé adj. « qui vient d'adhérer à un nouveau parti » (Robespierre, Discours, part. 4, Jugement de Louis XVI, p. 91). B. 1. ca 1120 « changer une chose en une autre » (Psautier d'Oxford, éd. F. Michel, 29, 14); 2. 1690 log. (Fur.); 3. 1690 fin. convertir une rente (Fur.); 4. 1872 math. convertir une fraction (Lar. 19e, s.v. fraction, p. 694a). Empr. au lat. class. convertere « tourner, faire retourner; changer » lat. chrét. « ramener à de meilleurs sentiments, remettre sur la bonne voie ». Fréq. abs. littér. : 794 Convertissant : 17. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 325, b) 904; xxes. : a) 826, b) 1 263.