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* Dans l'article "CONVERSION,, subst. fém."
CONVERSION, subst. fém.
I.− [Correspond à convertir I, les compl. éventuels sont introd. par de et en]
A.− [Parfois par fig. étymol.] Changement, par retournement, du sens d'un mouvement en cours. Synon. tour, retournement, volte :
1. Trois garçons pivotèrent sur leurs talons comme des toupies; les deux dames du comptoir eurent un sursaut, puis une conversion du torse entier, comme si elles eussent été deux automates... Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Un Lâche, 1884, p. 915.
Spécialement
1. ART MILIT. Mouvement tactique qui amène un corps de troupe à changer la direction de son front en pivotant autour de l'une de ses extrémités en ordre serré. Conversion à droite, à gauche; mouvement de conversion; faire, accomplir une conversion. Créer à Montmédy une place pour servir de pivot à la conversion que notre aile gauche aurait à faire si les conditions nous permettant d'entrer en Belgique se réalisaient (Joffre, Mém.,t. 1, 1931, p. 203).
2. MAR. Changement progressif de direction d'une ligne de navires (d'apr. Gruss 1952).
3. MÉCAN. Centre de conversion. ,,Point autour duquel un corps tourne ou tend à tourner en décrivant une courbe`` (Guilb. Aviat. 1965).
4. SP. Demi-tour sur place effectué par un skieur (d'apr. Gautrat Ski 1969). Faire une conversion; conversion arrière, avant. Sans hésiter, après avoir saisi au vol ses bâtons, le facteur opéra une conversion et se laissa glisser à vive allure jusqu'à l'orée du petit bois (A. Besson, La Grotte aux loups,Vuillens, 1963, p. 12).
P. métaph. On se représente volontiers la réflexion comme une conversion de la conscience qui, d'abord hors de soi, rentre ensuite en soi et suspend son intention centrifuge (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 59):
2. Malgré tout, malgré les preuves répétées de la conversion à droite qu'accomplit depuis les élections générales le parti radical, je m'obstinais à espérer encore. Jaurès, Le Guêpier marocain (1906-08),1914, p. 197.
B.− Changement, transformation d'un objet dans sa nature ou sa fonction.
1. [Le changement porte sur un obj. physique]
a) Action de changer une chose en une autre. Synon. transformation.
α) [La transformation est une opération industrielle]
MÉTALL. ,,Opération métallurgique d'affinage effectuée dans un convertisseur et ayant pour objet de convertir la fonte en acier (par oxydation du carbone, du silicium, du manganèse et éventuellement du phosphore), en soufflant de l'air plus ou moins enrichi d'oxygène`` (Bader-Th. 1962). Acier de conversion, aciéries de conversion; conversion basique, acide.
Rem. La docum. atteste, dans le même sens, le subst. masc. convertissage. Convertissage de l'acier. Dans l'opération du convertissage, la matte fondue est versée directement dans l'appareil pour y subir l'action de l'air sous pression (Guillet, Techn. métall., 1944, p. 43).
ÉLECTR. ,,Transformation de l'énergie électrique reçue sous une certaine forme de courant en énergie fournie sous une autre forme de courant`` (Siz. 1968).
ÉLECTRON. Transformation de la haute fréquence d'un signal en une fréquence moyenne plus facilement amplifiable dans une lampe dite mélangeuse (d'apr. Électron. 1963-64).
ÉN. NUCL. ,,Production, à partir d'une substance « fertile », d'une substance fissile différente de la substance fissile consommée par la réaction nucléaire en chaîne`` (Nucl. 1964). Conversion du plutonium 239 en uranium 238. La fabrication de bombes à hydrogène a fait un large appel au lithium, source de matériaux de fusion lors de la conversion des isotopes de l'hydrogène en hélium (Hist. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 428).
β) [La transformation est une opération financière] Cf. convertir I B 1 b.
Conversion d'emprunts, de rente. Opération consistant à remplacer une dette publique (rente, emprunts) portant un certain intérêt par une autre produisant un intérêt moindre. La propriété, parmi nous, tient encore de la stabilité de la terre dont elle est née. J'étais donc, en général, contre le principe de la conversion ou du remboursement (Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 236).
Conversion de titres. ,,Opération consistant à transformer des titres nominatifs en titres au porteur`` (CIDA 1973). Conversion de parts de fondateur en actions; conversion d'obligations en actions.
Conversion de rente. Transformation d'une rente servie pour incapacité permanente à un accidenté du travail en un capital, après cinq ans de consolidation, si celui-ci n'a qu'une incapacité de 10 % au maximum (d'apr. CIDA 1973 et Barr. 1974).
Conversion de monnaie. Échange de monnaie contre d'autre monnaie ou contre de l'or. Si la quantité des billets émise n'excédait pas les besoins de la circulation, les porteurs de billets n'exigeraient pas leur conversion en métal (Say, Écon. pol.,1832, p. 276).
Rem. La docum. atteste, dans le même sens, le subst. masc. convertissement (vx).
γ) [La transformation est un acte jur.]
Conversion de saisie immobilière en vente volontaire. ,,Incident de la procédure de saisie immobilière ayant pour objet de transformer la procédure de vente sur saisie immobilière en vente par adjudication`` (Cap. 1936).
Conversion de séparation de corps en divorce (Barr.1974).
b) Transformation (spontanée, non causée) d'une chose en une autre. Synon. transformation, transmutation.
α) [La transformation est un processus matériel, chim., phys., biol.] La conversion du sucre en acide carbonique. Les chauffages de fusées d'essieu, de tourillons de manivelle etc., sont des exemples trop fréquents de la conversion de travail mécanique en chaleur (Herdner, Locomotives,1887, p. 21).
BIOL. Transformation d'une cellule normale en cellule maligne (d'apr. Méd. Biol. t. 1 1970).
ÉN. NUCL. Conversion interne. Transition entre deux états d'énergie d'un noyau avec émission d'un rayonnement X (d'apr. Nucl. 1964).
β) [La transformation est un processus psychol., soc., hist.]
Loi de conversion des changements quantitatifs en changements qualitatifs. Thèse de la dialectique matérialiste qui envisage le devenir comme une conversion de la qualité ancienne en qualité nouvelle par suite de l'accumulation de changements quantitatifs (Ros.-Ioud.1955, p. 96).
PSYCHANAL. Mécanisme qui consiste en une transposition d'un conflit psychique et la tentative de le résoudre dans des symptômes somatiques moteurs (paralysies par exemple) ou sensitifs (anesthésies ou douleurs localisées), l'énergie libidinale attachée aux représentations refoulées étant convertie en énergie d'innervation somatique (d'apr. Lapl.-Pont. 1967). Synon. (partiel) somatisation.Hystérie de conversion.
THÉOL. Conversion eucharistique. ,,La « consécration divine » de l'eucharistie, « opérée par les paroles mêmes du Christ, change la nature » du pain et du vin et en fait « le sacrement du corps et du sang du sauveur »`` (Théol. cath. t. 3, 2, 1911).
γ) P. ext., usuel. Transformation d'une entité ou d'un ensemble d'entités en une autre entité ou un autre ensemble d'entités. La conversion du relatif en absolu (Maine de Biran, Influence habit.,1803, p. 199):
3. Ramenée au ciel, et comment? Par le fait logique et charmant D'un grand miracle assurément, Par la conversion soudaine D'un cœur voué tout à la haine En un d'une onction sereine. Verlaine, Poèmes divers,Tristia, 1896, p. 239.
c) Adaptation (de quelque chose) à de nouvelles fonctions, à un nouvel usage. Conversion d'un portique en église (Lenoir, L'Archit. monast.,1852, p. 19).La création de nouvelles enceintes a amené le déclassement des anciennes et leur conversion en boulevards (Lavedan, Urban.,1926, p. 100).
SYLVIC. ,,Changement de régime d'une forêt, c'est-à-dire de mode de régénération et de sorte de peuplement`` (Plais. 1969). Le cas classique est la conversion d'un taillis sous futaie à réserve chêne en futaie de chêne (Cochet, Bois,1963, p. 84).
ÉCON. Conversion économique. Changement d'activité économique. Zones de conversion. Synon. reconversion, recyclage.Les agriculteurs qui effectuent une « migration », ou une certaine « mutation d'exploitation » ou encore certaines « conversions d'exploitations » reçoivent subventions et prêts préférentiels (Belorgey, Gouvern. admin.,1967, p. 370).
2. P. ext. [Le changement porte sur un obj. mental]
a) MATH. ,,Transformation d'un résultat de mesure exprimé avec certaines unités en un nouveau résultat exprimé avec d'autres unités`` (Uv.-Chapman 1956). Conversion de nombres complexes en nombres décimaux; conversion des mesures anglaises en mesures métriques.
b) INFORMAT. ,,Opération consistant à transférer sur un support des informations existant sur un autre type de support (conversion de support); traduction dans un système numérique d'un nombre écrit dans un autre système`` (Balay 1971). Conversion décimal-binaire, binaire-décimal; conversion analogique-numérique; conversion de codes, de programmes.
c) LOG. ,,Espèce de déduction immédiate qui consiste à inférer d'une proposition une autre proposition où les termes de la première soient permutés`` (Lal. 1968). Conversion simple. Qui s'applique à l'universelle négative et à la particulière affirmative. Conversion partielle. Qui déduit de l'universelle affirmative une particulière affirmative (Lal. 1968).
d) LING. ,,On appelle conversion la transformation d'une catégorie en une autre à l'aide de morphèmes grammaticaux`` (Ling. 1972).
II.− [Correspond à convertir II]
A.− [En parlant d'une relig. ou d'une croyance relig.]
1. Action de convertir. La conversion des incroyants; faire, opérer des conversions :
4. Les missionnaires protestants en A.E.F. et au Cameroun, se montraient plus scrupuleux, en général, que les catholiques sur les moyens employés pour la conversion des noirs... Gide, Journal,1943, p. 225.
Spéc. Conversion au catholicisme (cf. convertir II B 1) :
5. Par le préfet, il [un prêtre] réussit à nous empêcher de danser, et bientôt nous fera défendre de chanter et de rire (...) Ce n'est pas, comme on le sait, d'aujourd'hui, que les ministres de l'Église ont eu la pensée de s'aider du bras séculier dans la conversion des pécheurs, où les apôtres n'employaient que l'exemple et la parole... Courier, Pamphlets pol.,Pétition pour villageois, 1822, p. 140.
2. Fait d'adopter une nouvelle religion en abandonnant sa religion, ses convictions antérieures. Conversion des protestants, des juifs au catholicisme.
Spéc., THÉOL. Action de se soumettre à la volonté de Dieu, de répondre à l'appel de la grâce. La conversion ne mérite ce nom selon l'Église, que dans la mesure de sa conformité au dogme que l'Église a défini (...) (Philos., Relig., 1957, p. 3405):
6. Dieu est si bon, il voit avec tant de peine des créatures faites pour le ciel se perdre, qu'il met tout en œuvre pour les ramener; il les prend par tous les moyens, même par leurs passions, quand il n'y a plus de vertu. Cela se voit dans la conversion des saints, et rien ne fait tant aimer Dieu que ces traits de miséricorde. E. de Guérin, Lettres,1838, p. 180.
3. P. ext.
a) Retour à la pratique religieuse, à l'observance des lois de la morale religieuse. Conversion d'un pécheur, d'un scélérat, d'un libertin; conversion et amendement, et repentir. À Mons, en 1874, conversion au catholicisme négligé depuis ma première communion (Verlaine, Corresp.,t. 3, 1869-96, p. 261).
En partic. Transformation, exigée par les vœux monastiques, appelée dans la théologie catholique conversion des mœurs (conversio morum). Le texte latin attestant l'offre qu'il consentait de lui-même au Dieu tout-puissant, à la Bienheureuse Vierge Marie, au Saint Père Benoît pour le monastère du Val des Saints, et promettant la conversion de ses mœurs suivant la règle du patriarche (Huysmans, Oblat,t. 2, 1903, p. 34).
b) Complète transformation spirituelle et morale. Je n'étais, avant ma maladie, qu'un misérable pécheur (...) La providence a daigné me tirer de cet abîme; je me gouverne depuis ma conversion par les avis de mon directeur (A. France, Contes Tournebroche,1908, p. 145).
SYNT. Conversion authentique, sincère, véritable; conversion radicale, définitive, soudaine, tardive, éclatante, miraculeuse; fausse conversion; conversion superficielle.
B.− P. anal.
1. Fait d'adopter des idées, des opinions, un système politique ou philosophique; adhésion à ces nouvelles idées. Conversion au communisme, au fascisme, à la démocratie, à la révolution; conversion démocratique, révolutionnaire. Ces sortes de conversions révolutionnaires de type religieux (Breton, Manif. Surréal.,2eManifeste, 1930, p. 120):
7. ... le prince [de Guermantes] avait changé comme tous ces insolents de la jeunesse et de l'âge mûr, à qui la vieillesse apporte sa douceur (...) surtout si la vieillesse a pour adjuvant quelque vertu, ou quelque vice qui étende les relations, ou la révolution qui fait une conversion politique, comme celle du prince ou dreyfusisme? Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 954.
2. Fait d'adopter de nouvelles valeurs (morales, esthétiques, etc.). L'état inauthentique qui est mon état ordinaire tant que je n'ai pas réalisé la conversion à l'authenticité (Sartre, Être,1943, p. 303):
8. Je songeais enfin à cet écart si singulier qui existe entre les Œuvres de Jeunesse et Madame Bovary, à cette conversion au style purifié qui suit le voyage d'Orient. Thibaudet, Réflexions sur la critique,1936, p. 83.
3. Complète transformation spirituelle et morale (cette transformation n'étant pas ressentie comme une expérience religieuse). L'initiative, considérée négativement dans les grandes options, conversions et réformes radicales, n'est pas sans la rupture violente de la continuation et l'arrachement douloureux aux habitudes (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 254).
P. plaisant. Changement radical (de la vie, etc.). Il [Olivier] continua : il est possible qu'un jour je me marie. (...) on a vu des conversions plus étonnantes (Fromentin, Dominique,1863, p. 267).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃vε ʀsjɔ ̃]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. A. Ca 1170 « habitation » (Benoit de Sainte-Maure, Chronique des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 13029) − xives., Chevalier au papegau, 24, 9 ds T.-L. B. 1. Ca 1190 « action de se convertir à une religion » conversion saint Pol (Sermons de Saint Bernard, éd. W. Foerster, p. 114, 20); 2. ca 1190 spiritel conversion « passage d'une vie plus relâchée, d'une foi tiède à une foi réelle » (ibid., p. 136, 41); 3. av. 1752 « changement d'opinion » (Astruc ds Trév.). C. 1. Ca 1200 « action de se tourner » (A. de Paris, Alexandre, III, 1321, éd. Elliott Monographs, t. II, p. 172); 2. 1516 art milit. « mouvement tournant » (Trad. d'Elien, ms BN 24725, fo128 rods Gdf.), attest. isolée; à nouv. 1648 (Nicolas Perrot d'Ablancourt, Retraite des Dix Mille de Xénophon, L. 1, chap. X ds Rich. 1680). D. 1. 1330-32 « changement d'une chose en une autre » (G. de Digulleville, Pélerinage de vie humaine, 1455 ds T.-L.), attest. isolée, à nouv. en 1611 (Cotgr.); 2. 1636 math. conversion de raison (Mersenne, Harmonie universelle, 59 ds IGLF); 3. 1662 log. (A. Arnauld, P. Nicole, La Logique ou l'art de penser, 2epart., chap. 14 ds Rich. 1680); 4. 1690 fin. (Fur.); 5. 1690 dr. (Fur.). Empr. au lat. class. conversio « action de tourner, mouvement circulaire; changement, métamorphose », lat. chrét. « conversion religieuse, retour à la vraie foi; log. interversion du sujet et de l'attribut ». Fréq. abs. littér. : 830. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 076, b) 881; xxes. : a) 897, b) 1 599.
DÉR. 1.
Conversionnel, elle, adj.Qui convertit, transforme. Toute rétention est en même temps conversion du kinésique en visuel, et cette rétention conversionnelle mériterait à elle seule une description phénoménologique (Sartre, L'Imaginaire,1940, p. 103).Cet adj. didactique est absent des dict. consultés. 1reattest. 1940, id.; de conversion, suff. -el (cf. -al, -el).
2.
Conversion(n)iste,(Conversioniste, Conversionniste) subst.,vx. Partisan de la conversion des rentes (supra I B 1 a β). On dit que toute rente perpétuelle est essentiellement rachetable (...) du point de vue propriétaire, et dans la bouche des conversionnistes, c'est le langage des banqueroutiers (Proudhon, Qu'est-ce que la propriété?1840, p. 162). Seule transcr. ds Littré : kon-vèr-sio-ni-st'. Selon la règle énoncée par R. Thimonnier, Principes d'une réforme rationnelle de l'orth. (inédit), 1967, p. 72, n terminal de -on ne redouble que s'il est suivi de e. D'apr. cette règle il faudrait écrire conversioniste, alors que conversionnel /-er avec 2 n sont réguliers. En ce qui concerne les dict. qui enregistrent le mot, celui-ci est écrit avec 1 n ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845 et Littré, avec 2 n ds Lar. 19e-20eet Guérin 1892. 1resattest. 1838 conversioniste (Ac. Compl. 1842); 1840 conversionniste (Proudhon, loc. cit.); de conversion (supra étymol. D 4), suff. -iste*. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Aubin (P.). Le Probl. de la conversion. Paris, 1963, 236 p. − Guillemin (H.). La Conversion de Paul Claudel. Ét. class. 1957, t. 25, no1, pp. 5-64. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 111.