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CONTOUR, subst. masc.
I.− [L'idée dominante est celle de délimitation]
A.− Ensemble des lignes ou surfaces qui bordent et délimitent extérieurement (un objet, un corps, une figure, une construction). Le contour, les contours d'une côte, d'un lac; un contour adouci par la brume; l'érosion des contours :
1. On était aux premiers jours d'octobre (...). Des vapeurs s'allongeaient à l'horizon, entre le contour des collines; et d'autres, se déchirant, montaient, se perdaient. Flaubert, MmeBovary,t. 1, 1857, p. 181.
SYNT. Contour d'un bâtiment; un contour estompé, noyé, net, rectiligne, arrondi, délicat; les contours extravagants d'une ombre.
P. métaph. Configuration globale (d'une chose abstraite). Les contours de la vie, d'une idée; un contour vague, incertain. Votre gauche (...), un absolu sans contour et sans visage (Mauriac, Le Nouveau Bloc-notes,1961, p. 219):
2. Mais les êtres humains s'échappent toujours et nous leur échappons aussi; ils sont sans contours fermes. La vie de ce point de vue est sans style. Elle n'est qu'un mouvement qui court après sa forme sans la trouver jamais. Camus, L'Homme révolté,1951, p. 323.
B.− En partic.
1. Formes extérieures, ligne de la silhouette (du corps ou de l'une de ses parties arrondies). Contours de hanches, de joues, d'un sein; contour du visage; des contours exquis, fins, purs. La vivacité des contours de l'œil (Balzac, Pierrette,1840, p. 11).Les contours juvéniles de son corps élégant et frêle (T. Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 198):
3. Flore avait ces beaux bras ronds, éclatants, cette plénitude de formes, cette pulpe satinée, ces contours attrayants, mais moins sévères que ceux de l'actrice [mademoiselle Georges]. Balzac, La Rabouilleuse,1842, p. 411.
B.-A. Ce qui termine et délimite (une figure) et donne une forme déterminée (souvent, une certaine rondeur). Un contour plus ou moins appuyé, ferme, tremblé, vigoureux, très accusé; tracer, dessiner des contours, estomper des contours par la couleur. Synon. dessin, trait :
4. La proportion s'applique à la sculpture comme à la peinture; la perspective détermine le contour. E. Delacroix, Journal,1851, p. 69.
P. métaph. [Dans une création littér. etc.] Les contours d'un caractère, d'un personnage. Les contours parfaits d'un sonnet. Synon. forme.
2. Frontière, limite, ligne qui délimite entièrement (un espace). Contour d'une forêt, d'une cité. Synon. enceinte, pourtour :
5. Enfin un tournant de la route nous laissa voir le fort Galifet (...) un feu bien nourri couronnait le contour de ses murs. Hugo, Bug-Jargal,1826, p. 81.
Vx. Les contours. Les environs.
Rem. Encore attesté ds les dict. du xxes. comme ,,vx`` ou ,,langue classique``.
a) GÉOM. Contour apparent. ,,Ligne extrême d'une figure vue en perspective ou en projection cylindrique`` (Uv.-Chapman 1956).
b) ARPENT. Courbe de niveau.
c) SYLVIC. Périmètre (d'un tronc). Mesurer le contour (Forest.1946).
d) INFORMAT. ,,Tracé extérieur d'un caractère`` (Informat. 1972).
e) OPT. Champ de contour. Limites du champ d'un instrument d'optique, où la luminosité est la plus faible.
3. P. méton.
a) MÉD. Contour d'oreille. Amplificateur auditif qui se place autour du pavillon de l'oreille. Synon. tour d'oreille.
b) ART MILIT. Garniture que l'on met au drapeau et à l'épaulette.
II.− [L'idée dominante est celle d'une ligne courbe; souvent au plur.]
A.− Courbe complexe, détour, méandre (d'une ligne ou d'une chose linéaire). Les contours d'un fleuve, d'un chemin, d'un ravin; un contour qui serpente; un contour en zigzag :
6. Les hautes roches (...) s'abaissent en pente douce dans la grande vallée, où elles décrivent un brusque contour vers le nord. Balzac, Les Chouans,1829, p. 208.
Les contours d'une draperie. Les courbes qu'elle prend aux endroits où elle est relevée (Ac. 1835, Besch. 1845, etc.).
P. métaph. Complications, sinuosités (d'une chose abstraite). S'embarrasser dans les contours de phrases ambiguës (cf. contourné II A 4).
B.− Spécialement
1. MUS. Contour (mélodique). Dessin, ligne (mélodique). Synon. dessin, mélodie.Une autre phrase musicale qui ait cette pureté dans le contour (P. Lalo, La Mus.,1899, p. 119).Une suite ininterrompue de contours mélodiques (Lavignac, Le Voyage artistique à Bayreuth,1897, p. 262).
Emploi littér. Une harpe dessine dans l'air Le contour secret du silence (Toulet, Les Contrerimes,1920, p. 101).
2. LING. Contour d'intonation, contour tonal. Courbe d'intonation ou mélodie de la phrase, constituée par l'ensemble des caractéristiques mélodiques qui font l'unité de cette phrase.
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃tu:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 « enceinte » (Vie de St Jehan Bouche d'Or, éd. H. Dirickx-Van der Straeten, 417); 2. 1291 as contours « aux alentours » (Trésor des chartes du Comté de Rethel, t. I, p. 414, 19 ds Runk., p. 151); 3. 1548 « détour » (ici, en parlant des mots d'un vers; cf. contourner B) (Th. Sebillet, Art poétique françoys, éd. F. Gaiffe, p. 17); 4. 1651 B.-A. « ligne délimitant la surface d'un corps, d'un objet, d'une figure » (R. F. [réart] de Chambray, trad. fr. du Trattato di Pittura de Léonard de Vinci, p. 1 d'apr. Brunot t. 6, 1, 2, p. 695). Déverbal de contourner*. Le sens 4 est prob. dû à l'infl. de l'ital. contorno. Fréq. abs. littér. : 1 127. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 784, b) 1 230; xxes. : a) 1 512, b) 1 701. Bbg. Kohlm. 1901, p. 17. − Sar. 1920, p. 17. − Wind 1928, p. 73, 192.