| ![]() ![]() ![]() ![]() CONJURATION2, subst. fém. A.− [L'idée de base est celle d'une association fondée sur un serment] Machination ourdie par un groupe d'individus, liés entre eux par un serment de fidélité, en vue de renverser le pouvoir en place. La conjuration de Catilina, la conjuration d'Amboise; tremper dans une conjuration : 1. ... le bureau de Malvy, place Beauvau, et celui de son directeur de la S.G., Leymarie, étaient le centre d'une conjuration contre la nation.
L. Daudet, Bréviaire du journ.,1936, p. 156. B.− P. ext. Action menée conjointement et dans le plus grand secret par plusieurs personnes contre quelqu'un ou quelque chose. L'âme de la conjuration. On croirait voir une conjuration de valets pour écarter les maîtres (Chamfort, Maximes et pensées,1794, p. 41). − P. méton. Cette vaste conjuration du capital contre le travail (Proudhon, Système des contradictions écon., t. 2, 1846, p. 72). Rem. Peut aussi se dire d'une action entreprise en faveur de quelqu'un : 2. Il eut un moment l'espérance de surprendre Bordeaux, où se tramait une conjuration en faveur des Français; mais elle fut découverte.
Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 2, 1821-24, p. 353. − P. métaph. ou au fig. Coalition de forces naturelles. La conjuration des éléments (Ac. 1878-1932) : 3. Mais une conjuration obscure des habitudes et des pensées de son séjour dans le village coupé du monde, dans la maison du « Mont-Cervin » où s'était organisée à son insu sa nouvelle solitude, se nouait déjà autour d'elle, et, sourdement, la retenait.
Peyré, Matterhorn,1939, p. 192. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃
ʒyʀasjɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. 1160-74 « serment » (B. de Ste-Maure, Chron. Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 8650), à nouv. 1537 ds Hug.; 2. 1470 conjuration « complot contre le pouvoir établi » (H. Br. IV, 320b ds Bartzsch, p. 152); 1559 « action concertée de plusieurs personnes contre quelque chose ou quelqu'un » (Amyot, Lucul., 85 ds Littré). B. 1. fin xiies. conjuration « pratique pour combattre les influences maléfiques » (St Gilles, éd. G. Paris et A. Bos, 2920); 1690 spéc. conjuration « exorcisme » (Fur.); 2. 1594 « prière, supplication » (G. Du Vair, Actions et traictez oratoires, éd. R. Radouant, VIII, 353, p. 158), Rich. le considère comme sorti de l'usage. Empr. au lat. conjuratio class. « alliance; complot »; médiév. « adjuration » et « formule magique » (Nierm.), à rapprocher de conjurer* A 1, 2; cf. l'a. fr. conjuroison (dér. de conjurer* avec traitement pop. du suff. -atione) attesté aux sens B 1 (1160 B. de Ste-Maure, Troie, 1359 ds T.-L.), B 2 (Id., ibid., 26940, ibid.) et A 2 1180 (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 86, 14). STAT. − Conjuration1 et 2. Fréq. abs. littér. : 226. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 443, b) 333; xxes. : a) 169, b) 302. |