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CONDESCENDANCE, subst. fém.
Action de condescendre à quelqu'un ou à quelque chose; attitude ou sentiment qui inspire cette action.
A.− [En parlant d'une supériorité ou d'une dignité d'ordre politique, institutionnel, social, etc.; la condescendance est généralement une attitude, naturelle ou réfléchie] Déférence marquée à l'égard de quelqu'un, ou plus rarement de quelque chose. Acte de condescendance; une condescendance de pure courtoisie. Si quelque chose pouvoit ajouter à la haute réputation de bonté que la reine d'Angleterre s'est acquise, ce seroit la condescendance qu'elle vient de mettre à répondre à de si extraordinaires questions (MmeCottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 197).Le marquis de Bohain, qui, avec sa condescendance hautaine de grand seigneur, affectait de fréquenter la bourse, par curiosité et désœuvrement (Zola, L'Argent,1891, p. 323):
1. Mmesde Bréville et Carré-Lamadon, qui avaient un grand savoir-vivre, se firent gracieuses avec délicatesse. La comtesse surtout montra cette condescendance aimable des très nobles dames qu'aucun contact ne peut salir, et fut charmante. Mais la forte MmeLoiseau, qui avait une âme de gendarme, resta revêche, parlant peu et mangeant beaucoup. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Boule de suif, 1880, p. 127.
P. ext. [La supériorité ou la dignité sont d'ordre intellectuel; la condescendance est un essai de compréhension de l'esprit d'autrui ou de la valeur d'autre chose] :
2. Plusieurs chimistes d'un grand poids ont désapprouvé notre condescendance pour les anciennes dénominations; ... Lavoisier, Traité élémentaire de chim.,t. 1, 1789, p. 79.
3. Applaudissements sans fin. Ce qui prouve une fois de plus les grands dangers de la condescendance. Parler à des hommes simples avec une simplicité voulue est presque toujours désastreux, car ils distinguent toujours la simplicité naturelle de l'autre, et sur ce point on ne les trompe pas. Green, Journal,1945, p. 188.
B.− [Le renoncement est inspiré par des considérations morales, affectives ou de simple sociabilité] Miss Lydia poussa la condescendance ou la curiosité jusqu'à offrir à MlleDella Rebbia de lui faire dresser un lit dans sa propre chambre (Mérimée, Colomba,1840, p. 35):
4. M. Carbon était la bonté, la jovialité, la droiture mêmes. (...) on s'étonnait de découvrir sous cette humble apparence la chose du monde la moins commune, l'absolue cordialité, une maternelle condescendance, une charmante bonhomie. Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse,1883, p. 271.
1. Vx. [La condescendance est un sentiment qui se traduit par des actes] Complaisance qui amène à céder aux sentiments, aux désirs d'autrui.
a) [Par faiblesse] Jolibois à qui j'ai fermé ma porte par une lâche condescendance (Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 47):
5. Obéissant en aveugle à un mouvement de sympathie, Praetextatus célébra secrètement la messe du mariage pour Merowig et Brunehilde, et tenant, selon les rites de l'époque, la main des deux époux, il prononça les formules sacramentelles de la bénédiction conjugale, acte de condescendance qui devait un jour lui coûter la vie, ... Thierry, Récits des temps mérovingiens,t. 2, 1840, p. 71.
Au plur., lang. class. Actes de complaisance. L'ancien député de la noblesse de Riom se permet néanmoins des condescendances au pouvoir; il sait ménager ses intérêts (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 475).
b) [Par indulgence] Je ne prends conseil que de mon cœur et de ma conscience; je ne veux avoir d'égards que pour la vérité, de condescendance que pour l'infortune, de respect que pour le peuple (Robespierre, Discours, Sur la guerre, t. 8, 1792, p. 109).Trop de condescendance produit sur les enfants le même effet que trop de sévérité (Fiévée, La Dot de Suzette,1798, p. 17):
6. ... l'église ne fit-elle pas preuve de condescendance et de largeur d'esprit, ne montra-t-elle point, en souriant de ces folies, combien elle était indulgente pour les petits et combien elle était contente de les laisser s'alléger de leurs griefs, en rendant, eux-mêmes, la justice, avant que de se divertir? Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 267.
2. Attitude, ou démonstration plus ou moins sincère d'urbanité, de civilité, de politesse, qui trouve sa cause dans le conformisme moral ou social ou dans l'intérêt. La condescendance d'un roi. Nous parlons ensuite de la charité, et je lui dis que la charité des riches n'est souvent qu'une forme de condescendance et qu'ils se débarrassent des pauvres avec de l'argent (Green, Journal,Le Bel aujourd'hui, 1955-58, p. 120):
7. ... Lafleur... le luxe de Passavant l'a dégoûté; son élégance, ses manières aimables, sa condescendance, l'affectation de sa supériorité. Oui, ça lui a levé le cœur. Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 1228.
P. ext., cour., péj. Attitude dédaigneuse, méprisante envers quelqu'un. Condescendance blessante, humiliante, moqueuse, railleuse. L'amour tout à fait pur, sans la moindre trace de condescendance, car la moindre nuance de mépris précipite vers la mort (S. Weil, La Pesanteur et la grâce,1943, p. 38):
8. J'essayai alors de lui expliquer [à ma femme] qu'il n'y a rien de plus sérieux au monde que la poésie (...). Oh! le sourire dédaigneux de sa jolie bouche et la condescendance du regard! (...) On eût dit que c'était un enfant ou un fou qui lui parlait. A. Daudet, Les Femmes d'artistes,1874, p. 105.
SYNT. (communs à A et à B). Condescendance aimable; avoir la condescendance de + inf.; marquer de la condescendance à qqn; pousser la condescendance jusqu'à; faire à qqn un geste, un sourire de condescendance; user de condescendance envers qqn. PARAD. Synon. obligeance, prévenance; anton. dureté, malveillance, rudesse.
Rem. Le mot a opéré un déplacement de sens : la courtoisie, l'obligeance, l'attention d'une personne plus âgée ou d'une autre situation sociale envers une autre personne (cf. A ex. du xixes.), ont fait place à l'attitude méprisante d'une personne qui se croit supérieure à l'autre et qui, de ce fait, se permet de la traiter en inférieure (cf. B 2 ex. du xxes.).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃desɑ ̃dɑ ̃:s] ou [kɔ ̃dε-]. [e] fermé à la 2esyll. ds Passy 1914 et Pt Rob.; cf. aussi Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841 et Fél. 1851; [ε] ouvert ds Barbeau-Rodhe 1930 et Lar. Lang. fr.; cf. aussi Fér. 1786, Land. 1834, Nod. 1844, Littré et DG; [e], parfois [ε] ds Warn. 1968. Ds Land. 1834, Nod. 1844 et DG le mot est transcrit avec [ss] géminées. Ds Barbeau-Rodhe 1930 on donne la possibilité de prononcer [ss]. Noter que ces dict. transcrivent [ss] en correspondance avec [ε] ouvert. Comparer avec Fél. 1851 donnant [ss] mais [e] fermé. Le mot est attesté ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1608-09 « complaisance qui fait qu'on se rend aux sentiments, aux volontés d'autrui » (Fr. de Sales, Introd. à la vie dévote, III, 1 ds DG : La douceur et condescendance); 2. 1826 péj. « complaisance coupable » (Lamennais, De la religion, t. 2, p. 235); 1832 id. « air faussement protecteur » (Karr, Sous les tilleuls, p. 222 : Il n'avait vu que de dos son obligeant voisin, mais cette condescendance, cette quasi pitié pour sa taille lui semblait insultante). Dér. du rad. de condescendre*; suff. -ance*. Fréq. abs. littér. : 247. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 408 b) 373; xxes. : a) 332, b) 302.