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CONCLURE, verbe.
I.− Mettre un terme à quelque chose qui est en cours. Conclure qqc. avec qqn.
A.− Synon. de régler, résoudre par voie de décision et sous certaines conditions.
1. [L'obj. désigne un accord entre deux ou plusieurs groupes de pers. ou entre États] Conclure un pacte, un traité, une trêve. Négocier et conclure des préliminaires de paix (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 669):
1. On ajoute dans les milieux officiels de la capitale américaine qu'un accord a été également conclu au sujet des mesures à prendre par la Grande-Bretagne, par la France et par les États-Unis au cas où les communistes chinois tireraient parti d'une trêve en Corée pour se livrer à une agression en Asie du Sud-Est. Le Monde,19 janv. 1952, p. 1, col. 2.
SYNT. Conclure des paix séparées avec tel et tel pays; conclure un pacte de non-agression, un accord sur certaines bases; il a été conclu un armistice aux conditions suivantes.
2. Conclure une alliance, un mariage; conclure une affaire, un contrat, un marché. J'avais promis une commission à un autre bandit, Raggi, s'il m'aidait à conclure l'achat (Saint-Exupéry, Terre des hommes,1939, p. 205):
2. Puisqu'au logis de la future Le marié ne peut tenir, Chez lui nous voici pour conclure Le contrat qui doit les unir. E. Labiche, Edgar et sa bonne,1852, 8, p. 228.
3. Elle ouvrit la main comme un paysan qui conclut un marché, et demanda : « C'est dit? » Il serra cette main tendue. « C'est dit. » Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Le Père Amable, 1886, p. 229.
Affaire conclue :
4. Il [Maître Déboultot] me céderait sa servante et je lui vendrais ma jument noire, Cocotte, dont il avait envie depuis bientôt deux ans. Il me tendit la main : « Topez là, Monsieur de Varnetot. » C'était marché conclu; ... Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Histoire vraie, 1882, p. 336.
Emploi abs. :
5. − Eh! bien, monsieur, dit le comte en restant assis et laissant Moreau debout, nous ne pouvons donc pas conclure avec Margueron? − En ce moment, il vendrait sa ferme trop cher. Balzac, Un Début dans la vie,1842, p. 408.
B.− [L'obj. désigne une production de l'esprit] Synon. de achever, terminer (cf. conclusion I B).Conclure un discours, un livre, un récit par, sur qqc. J'aimerais conclure ce chapitre en soulignant les conséquences pratiques qui se dégagent de cette analyse (H.-I. Marrou, De la Connaissance hist.,1954, p. 144).
Emploi abs. Je me résume et je conclus : non seulement l'occupation conduit à l'égalité; elle empêche la propriété (Proudhon, Qu'est-ce que la propriété?1840, p. 188).C'est assez délibérer, il faut conclure (Ac.1798-1932) :
6. Je voudrais maintenant conclure. Mon exposé, mesdames et messieurs, a dû vous donner parfois l'impression d'un nationalisme bien étroit, à une époque où la collaboration des peuples apparaît plus indispensable que jamais. Il m'est facile de vous rassurer. C. Pineau, La S.N.C.F. et les transp. fr.,1950, p. 140.
Autre expr. cour. Pour conclure, ...
C.− P. ext. Synon. parachever, trouver le dénouement de, clore, donner une conclusion (cf. conclusion I D).Elle [Rosalie] concluait d'un ton féroce : − Eh bien, qu'est-ce que vous diriez s'il [votre fils] était mort? (Maupassant, Une Vie,1883, p. 256):
7. ... elle [la cousine du mort] dit : « C'était un brave homme ». Et elle chercha un mot, un mot un peu plus cérémonieux pour le qualifier; elle était sa plus proche parente, et c'était à elle de conclure. Sartre, Le Sursis,1945, p. 71.
II.− LANG. CULTIVÉE. Tirer une proposition, une conséquence d'un élément ou d'un ensemble d'éléments abstraits ou concrets à la suite d'une observation attentive ou par le moyen d'un raisonnement (cf. déduire, inférer). Que pouvons-nous conclure de cela? Que faut-il conclure de ces constatations? Il est reconnu qu'on peut, syllogistiquement au moins, conclure le vrai du faux (O. Hamelin, Essai sur les éléments principaux de la représentation,1907, p. 17):
8. Je ne sais si le géomètre Maupertuis, chargé de mesurer en Laponie un degré du méridien pour en conclure l'aplatissement de la terre sur ses pôles, a mis beaucoup de précision dans ses opérations, mais il n'en met guère dans ses raisonnements et dans son style. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 209.
Emploi abs. Épuiser courageusement, patiemment l'étude des faits, avant de généraliser et de conclure (Guizot, Hist. gén. de la civilisation en Europe,Leçon 12, 1828, p. 14).J'observe beaucoup et je ne conclus jamais, moyen infaillible de ne pas se tromper (Flaubert, Correspondance,1846, p. 337).
A.− Emploi trans. indir. Conclure (de qqc.) à
1. Conclure de qqc. à qqc.Après un minutieux examen, Ortègue avait conclu à une paralysie par compression (P. Bourget, Le Sens de la mort,1915, p. 97).Conclure de ces ambivalences à une absence totale de conscience personnelle (Mounier, Traité du caractère,1946, p. 539):
9. Quant à M. de Piagnes, il ne se sentait attiré que par les jeunes filles qui ne disaient pas un mot dans les bals; il concluait deà leur honnêteté; ... Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 751.
a) Spéc., dans le domaine jur.L'horreur fit conclure à l'inconscience, c'était le crime d'un idiot (Zola, Germinal,1885, p. 1561).Malgré les ordres pressants qu'ils ont reçus, les enquêteurs n'ont pu conclure à la culpabilité du gouvernement serbe (R. Martin du Gard, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 92).
b) [Après une enquête, en jugement...] Conclure au non-lieu, à la peine de mort. Il [l'avocat du roi] conclut contre moi à la peine d'interdiction et de réclusion à perpétuité (G. Sand, Mauprat,1837, p. 333).
2. Conclure à ce que + subj.Au lieu de conclure à ce que la propriété soit partagée entre tous, je demande que, par mesure de sûreté générale, elle soit abolie pour tous (Proudhon, Qu'est-ce que la propriété?1840, p. 158):
10. ... il [Messire Simon Cramault, patriarche d'Alexandrie] exposa toute la suite de l'affaire, reprit le récit de ce schisme, et conclut à ce que la cession fût poursuivie par les moyens les plus efficaces. Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t 2, 1821-24, p. 228.
Rem. Condamné par les puristes. On préférera conclure que (cf. infra II B); toutefois cette constr. prévaut dans le lang. juridique.
3. Vx. Conclure à + inf.Décider de (en fonction de tels et tels éléments). Je conclus à rejeter toute la loi venant d'eux ou de vous (Courier, Pamphlets pol.,Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-20, p. 47).
B.− Conclure que
1. Conclure (de qqc.) que + ind. [pour affirmer qqc.].Il conclut de cette affirmation que + ind. On peut conclure de ce qui précède que l'on a (...), relation exprimant la loi d'Ampère (E. Rothé, Questions actuelles de géophysique théorique et appliquée,1943, p. 397):
11. ... quand ils [les républicains] arguent de ce qu'elle dure [la République] depuis quarante ans pour inférer, pour conclure, pour proposer qu'elle est durable, pour quarante ans... Péguy, Notre jeunesse,1910, p. 22.
2. Conclure (de qqc.) que + cond. [pour exprimer une hypothèse] :
12. L'ennui prédomine toutes mes autres sensations, et je suis porté à conclure que l'anxiété du joueur ne pourrait rien contre la force de cet ennui étrange. Barbey d'Aurevilly, 2eMemorandum,1838, p. 373.
3. De même : verbe à la forme négative + que + subj.Je n'ai pas conclu et je me garderais bien de conclure que cette hérédité dût entraîner une fatalité absolue (G. Sand, Histoire de ma vie,t. 1, 1855, p. 371).Il ne faudrait pas conclure de là que je fusse un enfant pervers ou méchant (Verlaine, Confessions,p. 115):
13. De ce qu'on les oublie vite [les gens] et de ce que leur souvenir ne réveille pas en vous la moindre parcelle de sentiment, il ne faut pas conclure que vous soyez un ingrat, ni eux plus intéressants. E. Delacroix, Journal,1853, p. 64.
C.− Rare, emploi intrans. Conclure (de qqc.) contre qqn ou en faveur de qqn; conclure contre qqn.Mais se ressaisir et conclure contre le fatalisme. Qu'est-ce qui veille là? ma conscience (Barrès, Mes cahiers,t. 9, 1911-12, p. 283):
14. Un des experts qui a conclu contre Dreyfus aurait reconnu l'identité des écritures dans le bordereau accusateur et dans une lettre émanant de celui à qui la trahison serait imputable. Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 11.
D.− P. ext. [Le suj. désigne l'argument, la proposition qui conclut] Cf. concluant.Synon. prouver, démontrer.Que les royalistes ne viennent pas me dire que cette description ne conclut rien (C. Desmoulins, Le Vieux Cordelier,1793-94, p. 79).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃kly:ʀ]. Ds Ac. 1694-1740, s.v. conclurre. Ds Ac. 1762-1932 avec 1 seul r. Grev. 1964, § 653, met en garde contre le fait d'introd. un e au fut. et au cond. ds conclure, exclure, sur le modèle créerai, prieras, remuerait. Étymol. et Hist. 1. Début xiies. « enfermer » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, XXX, 10) − xvies. ds Hug. (fig. « enfermer dans une définition, un raisonnement »); 2. a) ca 1260 conclure les raisons « établir ce qui résulte des arguments, des développements antérieurs » (Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, III, 66, 1); 1549 (Est. : conclure a la mort); b) xves. conclure de « décider de » (Commynes, livre 1, chap. VIII, éd. J. Calmette, t. 1, p. 55); 1513 alliance conclute (Traicté de la Paix ds Anc. poésies fr., éd. A. de Montaiglon, t. 6, p. 90); 3. ca 1260 conclure qqc. « terminer un raisonnement en énonçant quelque chose » (Brunet Latin, Trésor, III, 55, 6); 1690 absol. concluez dit-on à un avocat trop prolixe (Fur.); 4. 1584 part. prés. substantivé « ce qui démontre » (Jean Duret, Coust. de Bourbonnais, 144 ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 468); 1587 adj. (Cholières, Après-dînées, 328, P. Lacroix, ibid.); av. 1662 « démontrer (surtout en parlant d'une chose) » (Pasc., Juifs, 13 ds Littré). Empr. au lat. class. concludere « fermer, enfermer » puis « finir », « donner une conclusion », « déduire », « arranger, résoudre (concludere pacem en lat. chrét.) », dér. de claudere (clore*). Fréq. abs. littér. : 3 170. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 509, b) 3 072; xxes. : a) 4 905, b) 5 037. Bbg. Gohin 1903, p. 291. − Goug. Mots t. 2 1966, p. 64. − Gross (M.), Prob. des relations entre synt. et lex. Fr. mod. 1969, t. 37, p. 368.