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CONCENTRATION, subst. fém.
A.− Action de réunir en un centre ou sur un point (idée de direction) ce qui est primitivement dispersé; état de ce qui est ainsi réuni.
1. [En un centre]
a) La concentration des rayons solaires.
b) [En parlant de choses concr. ou abstr.] Rassemblement, accumulation. La concentration des capitaux. Le despotisme est le gouvernement d'un seul. Il est la concentration de tous les pouvoirs dans une seule et même main (Destutt de Tracy, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu,1807, p. 64).En entrant dans la tente c'est une concentration de chaleur telle qu'on se laisserait mourir sur un des lits défaits par terre, si l'on n'avait la force de sortir (Alain-Fournier, Correspondance [avec J. Rivière], 1908, p. 361):
1. « Il y a dans toute parole du Christ une plénitude et une concentration de sagesse et d'expérience si humaines, que c'est le degré même de son humanité qui la fait comprendre et tenir pour plus qu'humaine. » Du Bos, Journal,1927, p. 210.
c) [En parlant de pers. ou de groupes de pers.] Dans les grands foyers d'industrie, la concentration d'êtres humains par millions ou centaines de mille est en rapport direct avec les chemins de fer (Vidal de La Blache, Principes de géogr. hum.,1921, p. 257).
d) Emplois spéc.
ÉCON. La concentration urbaine des populations (cf. H. Boulay, Arboric. et production fruitière, 1961, p. 7). Le rassemblement de la population dans les villes avec une densité croissante. Plur. Les concentrations urbaines.Synon. villes.La concentration industrielle. La forte densité de l'industrie.
ÉCON. POL. La concentration des entreprises. ,,Tendance à l'agrandissement des entreprises par la réunion de plusieurs d'entre elles par voie de fusion d'entreprises différentes ou de regroupement d'établissements différents d'une même société permettant ainsi la réduction des frais généraux`` (Barr. 1974). La concentration capitaliste.
HIST. POL. Rassemblement de différents partis politiques. Un ministère, une politique de concentration. Quand il voit [Ribot] qu'on est battu, il cherche autre chose, veut refaire la concentration, cette première forme du Bloc (Barrès, Mes cahiers,t. 8, 1911-12, p. 6).
ART MILIT. La concentration de troupes, de forces; un point de concentration; un lieu de concentration.
e) Camps de concentration. ,,Camps qui, dans certains régimes, servent de lieux de détention des prisonniers de guerre, des adversaires idéologiques ou, parfois même, de populations civiles qui inquiètent ou gênent le pouvoir`` (Aquist. 1966).
[Sous l'Allemagne nazie] Synon. de camps d'extermination :
2. Horriblement déprimé par le récit des atrocités allemandes. Un prisonnier qui s'échappe d'un camp de concentration est tué par les gardiens; on ramène son corps, on l'assoit sur une chaise à l'entrée du camp et on lui met entre les doigts un papier sur lequel se lisent ces mots : « Me voici. » Green, Journal,1944, p. 179.
2. [Sur un point]
a) ÉLECTRON. Opération qui consiste à assurer la convergence d'un faisceau électronique (cf. Nucl. 1964).
b) Fig. Action de rassembler les forces de son esprit et de les porter sur un objet unique (souvent implicite) :
3. Cette vérité du récit, c'est, je crois, un don naturel : je me sens capable de donner ce degré de vérité à tout ce que je raconte. D'ailleurs, est-ce vraiment un don? C'est par l'application au travail, par la concentration de l'esprit et de l'imagination, c'est à force de me représenter intensément les circonstances et les personnages, que je parviens à « faire vrai ». R. Martin du Gard, Souvenirs autobiographiques,1944-45, p. 125.
B.− P. ext. Action de réunir dans un espace limité.
1. Fig. Action d'empêcher l'expansion de ses sentiments ou de ses pensées.
a) Vieilli. Action de contenir, de dissimuler :
4. Il [Maldoror] s'aperçut ensuite qu'il était né méchant : fatalité extraordinaire! Il cacha son caractère tant qu'il put, pendant un grand nombre d'années; mais, à la fin, à cause de cette concentration qui ne lui était pas naturelle, chaque jour le sang lui montait à la tête; jusqu'à ce que, ne pouvant plus supporter une pareille vie, il se jeta résolument dans la carrière du mal... atmosphère douce! Lautréamont, Les Chants de Maldoror,1869, p. 125.
b) [En bonne ou mauvaise part] Action de se renfermer, de se recueillir :
5. Il ne faut pas confondre, en effet, la concentration avec l'introversion. Le dispersé introverti va voler au foyer intérieur un peu de chaleur intime pour des états qui ne peuvent dépouiller entièrement la discontinuité brillante et sèche de la sensation, mais il ne se ramasse pas pour autant au cœur de lui-même. C'est ce rassemblement, ce recueillement qui caractérise la vie personnelle, l'effort réflexif, ce n'est pas le repliement introversif. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 429.
2. CHIM. Opération consistant à réduire le volume d'une solution par élimination de la partie aqueuse, de sorte que sa richesse augmente en substance dissoute; masse d'un corps dissoute dans l'unité de volume de la solution. À l'origine, la concentration s'effectuait sur du lait naturel non écrémé (A.-F. Pouriau, La Laiterie,1895, p. 16).Point, degré de concentration. Point, degré qui exprime le rapport existant entre la masse d'une substance dissoute et le volume de la solution qui le contient.
MINÉR. Élimination d'une partie de la gangue qui accompagne le minéral de valeur; teneur du minerai en un certain élément ou en un certain minéral. Quatre usines de traitement chimique, construites par l'industrie privée, réalisent la concentration du minerai sur place (Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 147).
P. ext. Synon. un concentré*.On trouve (...) quelques concentrations de gypse et d'anhydrite dans les calcaires (J. Cahen, E. Bruet, Carrières, plâtrières, ardoisières,1926, p. 188).
P. métaph. et au fig. [Désigne une action, un processus, ou, plus souvent, le résultat de cette action] Extrait, essence; condensé, réduction. Loin d'être synonyme de l'imaginaire, l'idéal est la concentration du vrai, l'essence du réel (Ch. Blanc, Gramm. des arts du dessin,1876, p. 65). [dans un terrain] s'étendait une réduction, une concentration torride du Mexique (A. Arnoux, Calendrier de Flore,1946, p. 169).
C.− P. ext., fig. Effet produit par l'accumulation, la réunion de certains éléments; puissance, intensité :
6. Elle [la Faustin] était superbe dans cette lumière spectrale, disant les beaux vers d'une voix baissée (...) une voix en mineur (...) qui donnait à la tirade une concentration tragique... E. de Goncourt, La Faustin,1882, p. 298.
Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. concentratif. De concentration. Organe (...) doué d'une faculté concentrative, (...) organe de l'attention (cf. T.-J.-V. Broussais, Cours de phrénol., leçon 14, 1836, p. 492).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃sɑ ̃tʀasjɔ ̃]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1732 phys. « mélange intime de deux substances » (Trév.) − 1771, Trév.; b) 1762 chim. « accroissement d'intensité au principe actif d'une solution » (Ac.); 1831 fig. (Balzac, La Peau de chagrin, p. 24 : La rapide concentration de ses jouissances, de ses forces ou de ses idées); 2. a) 1750 « action de concentrer, de réunir en un centre » (Prévost, Manuel lexique, s.v. concentrique ds Quem. : On appelle concentration l'effort de plusieurs choses pour se rencontrer dans un point commun, qu'on suppose leur centre); b) 1804, févr. polit. concentration du pouvoir (Constant, Journaux intimes, p. 61); c) 1840 écon. concentration de capitaux (Proudhon, Qu'est-ce que la propriété? p. 313); d) 1855 milit. (G. Sand, Histoire de ma vie, t. 2, p. 145); e) 1920 camp de concentration (Proust, Le Temps retrouvé, p. 741). 2 dér. de concentrer*; suff. -(at)ion*; 1 a par l'intermédiaire de l'angl. concentration 1674 (Grew ds NED, cf. Trév.). Fréq. abs. littér. : 714. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 438, b) 603; xxes. : a) 480, b) 2 050. Bbg. Arveiller (R.). Dix notules lexicol. Fr. mod. 1963, t. 31, pp. 94-104.