| COMPLIQUER, verbe trans. Rendre moins simple en multipliant les composantes. A.− Usuel. [La multiplication a pour effet d'augmenter la difficulté] Compliquer qqc. à l'infini, à plaisir, étrangement; compliquer... avec, ... de. − Emploi abs. À quoi bon compliquer? Ne complique pas. La peur de compliquer, de défier (Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. LXXV). 1. [L'obj. désigne un inanimé concr.] Rendre moins simple à saisir par l'esprit ou le sens, ou à utiliser. Compliquer un schéma. − Emploi pronom. réfl. Les figures perdent cette stabilité, les plis se compliquent et les silhouettes s'allongent (G. Maillet, La Peinture religieuse,1934, p. 25). 2. [L'obj. désigne un inanimé abstr.] Rendre moins simple à comprendre, à résoudre, à mener ou à achever. Compliquer une (les) affaire(s), une aventure, les choses, les comptes, le problème, la situation; compliquer l'existence, la tâche, la vie de qqn. Ce fond de tendresse maternelle qui complique et qui purifie l'ardeur passionnée des femmes déjà mûres (Courteline, Les Linottes,1912, II, p. 24). − Loc. Se compliquer la vie. Prendre pour sa vie propre des dispositions qui ont pour effet de la rendre plus difficile. Ne pas se compliquer la vie. Ne pas hésiter à rechercher la facilité dans tous les domaines. − Emploi pronom. réfl. Cela, tout se complique; voilà qui se complique : 1. ... cette liaison avec Mademoiselle de La Fayette, s'étant venue compliquer de politique et de remords pour le roi d'avoir chassé sa mère, fut découverte et brisée sur l'heure par le cardinal; ...
Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 489. − MÉD. Une hémiplégie se déclara, se compliqua (Châteaubriant, M. des Lourdines,1911, p. 39). 3. [L'obj. désigne une pers.] Rare. Rendre moins simple : 2. Elle [Thérèse] avait à son insu troublé Bernard. Elle l'avait compliqué; et voici qu'il l'interrogeait comme quelqu'un qui ne voit pas clair, qui hésite.
Mauriac, Thérèse Desqueyroux,1927, p. 277. B.− Plus rare. [La multiplication des composantes a pour effet un enrichissement] Accroître, diversifier, enrichir : 3. Qui a la puissance d'analyser, recherche et provoque les occasions d'analyser, multiplie les expériences, se prête aux émotions, complique ses plaisirs, raffine ses tristesses; ...
P. Bourget, Essais de psychol. contemp.,1883, p. 234. − Emploi pronom réfl. : 4. Sa joie [Guillaumette] de se sentir, pour la première fois de sa vie, une pièce de cent sous dans la poche se compliquait d'un gros attendrissement subit.
Courteline, Le Train de 8 h 4718881repart., 5, p. 58. ♦ P. métaph. : 5. Le nez grand, long et mince, et le menton très-relevé, donnaient à ce vieillard une ressemblance avec le masque si connu, si populaire attribué à don Quichotte (...). La bouche était éloquente et sérieuse. Don Quichotte se compliquait du président de Montesquieu.
Balzac, L'Iniquité,1848, p. 365. Rem. On rencontre ds la docum. complicatif, ive, adj., vx. Qui complique. Des dispositions complicatives (Fourier, Le Nouv. monde industr., 1830, p. 87). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃plike], (je) complique [kɔ
̃plik]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. xive-xves. compliqué « embarrassé d'éléments multiples » (Chirurg. de Gui de Chauliac, ms. 24249, fo83 rods DG), attesté seulement au part. passé jusqu'au xviies.; av. 1704 pronom. (Bossuet, Connaiss., V, 9 ds Littré); 1797 trans. (Chateaubriand, Essai sur les Révolutions, t. 1, p. V). Empr. au lat. class. complicare littéralement « plier en enroulant » d'où au fig. la notion d'embarras, d'entrave : complica notio « idée confuse ». Fréq. abs. littér. : 598. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 627, b) 800; xxes. : a) 784, b) 1 105. Bbg. Eyraud (D.). Vive la lang. Vie Lang. 1969, p. 207. − Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 21. |