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COMMERCER, verbe intrans.
A.− Vieilli ou littér. Entretenir des relations affectives, culturelles ou spirituelles avec une ou plusieurs personnes.
1. Emploi abs. :
1. Par vivre, je n'entends pas se trouver ensemble, sans se battre; j'entends se plaire ensemble, s'aimer, commercer avec plaisir. Chamfort, Maximes et pensées,1794, p. 50.
2. [Suivi d'un compl. prép.]
a) [Le compl. désigne la partie de l'être concernée par les relations] Rare. Commercer de qqc.On s'aime pour s'aimer; on commerce d'âmes (Chateaubriand, Les Natchez,1826, p. 221).
b) [Le compl. désigne le partenaire] Commercer avec qqn.Il [le père Didon] est éloquent (...) et très heureux de commercer avec les hommes de science et de pensée (A. France, La Vie littér.,t. 4, 1892).
[Avec une ou plusieurs entités surnaturelles] Elle [la prière], qui commerce avec la sagesse et la vérité, comment seroit-elle moins puissante que le mensonge? (Saint-Martin, L'Homme de désir,1790, p. 339).Elle [Jacquette] le [le chevalier Dieutegard] soupçonnait de commercer avec les fées (Boylesve, La Leçon d'amour dans un parc,1902, p. 65).
B.− Usuel. Se livrer à une activité commerciale.
1. Emploi abs. :
2. Les prix du marché se forment indépendamment des motifs pour lesquels les acheteurs et les vendeurs se présentent en vue de commercer. J. Vuillemin, L'Être et le travail,1949, p. 110.
2. [Suivi d'un compl. prép.]
a) [Le compl. désigne le partenaire] Commercer avec.Nous [l'Europe] commerçons principalement avec les Américains et les Africains (Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 300).Il [le Simion] finit par vendre de la marchandise à faux métrage. Grange commerçait avec lui (Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 68):
3. ... n'ayons plus de desseins, traitons, commerçons, trafiquons le plus obscurément, le plus modestement et le plus fructueusement possible, avec tous les comptoirs et tous les ateliers du vaste univers. Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 187.
b) Rare. [Le compl. désigne le produit mis en vente] Commercer de qqc.Elle [la canne à sucre] est une source de richesse, (...) pour ceux qui commercent de son produit (Brillat-Savarin, Physiol. du goût,1825, p. 103).
En partic. Commercer de son corps. Se prostituer. Celles-là [des filles], commerçant de leur corps, afin de ne pas crever de faim au coin des rues (L. Cladel, Ompdrailles,1879, p. 145).
3. Emploi trans., pop. Ils [les Beauchemin] commerçaient le poisson (G. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 165).
Prononc. et Orth. : [kɔmε ʀse]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1405 absol. commerser « faire du commerce » (Runk, p. 56); 1663 les barres et espèces commercées (Colbert cité ds Kuhn, p. 26); 2. 1748 (Buffon, Hist. nat., t. 5, XLVII ds IGLF : on peut avec de l'art amener tous les sourds et muets de naissance au point de commercer avec les autres hommes). Dér. de commerce*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 81.
DÉR.
Commerçable, adj.a) Vx. Qui peut être négocié. On admettra que les richesses ou les valeurs commerçables peuvent circuler sans la moindre gêne, passer immédiatement d'une main à l'autre, se réaliser, se négocier, s'échanger contre d'autres valeurs ou contre des espèces, au gré du propriétaire, au cours du jour et du marché (Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. 233).b) Rare. Qui remplit les conditions nécessaires pour être mis en vente dans le commerce. Le conditionnement et le prix de revient des produits commerçables est un problème compliqué (J. Pethoud, Principes mod. d'organ. industr. et comm.,1931, p. 140). [kɔmε ʀsabl̥]. Ds Ac. 1740-1878. 1reattest. 1715-23 (P. Adam, Ét. sur le vocab. du « Chansonnier hist. », p. 38); de commercer, suff. -able*. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Gall. 1955, p. 364. − Gohin 1903, p. 246, 303.