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COLLE, subst. fém.
A.− Matière gluante, généralement obtenue par dessication de la gélatine animale ou végétale, et que l'on étend entre deux surfaces pour les faire adhérer l'une à l'autre. Une couche de colle; une bouteille de colle; de la colle liquide; une colle spéciale; enduire de colle; joindre avec de la colle :
1. ... il prit sur le bureau de Rocambole deux feuilles de papier blanc de même dimension et de même épaisseur que les lettres et les mit à la place. Après quoi, comme la colle était fraîche encore, il réunit les pages du livre avec une habilité égale à celle qu'avait déployée Rocambole dans cette délicate opération. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 5, Les Exploits de Rocambole, 1859, p. 274.
2. Mais où donc avait-on mis la colle pour les timbres? C'est-à-dire que ce n'était pas la colle qui manquait : une récente invention a permis de mettre la colle toute prête sur les timbres... Vous léchez... Armand avait tant collé de timbres qu'il sentait dans sa bouche un goût bizarre, un goût de mort... Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 388.
SYNT. Colle forte. Gélatine obtenue avec des débris de matière animale et utilisée surtout en menuiserie et en reliure. Mettre la colle forte au bain-marie (Colette, La Maison de Claudine, 1922, p. 92). Colle de pâte. Colle obtenue en chauffant jusqu'à ébullition de la farine délayée dans l'eau (cf. E. et J. de Goncourt, Journal, 1862, p. 1142). Colle de poisson. Gélatine obtenue à partir des vessies natatoires de certains poissons (cf. crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 1, 1801, p. 232). Colle blanche, colle à bouche. Colle constituée par un mélange de colle forte aromatisée et de sucre, dont on enduit les bords des feuilles de papier (cf. Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830, p. 652). Peinture à la colle. Procédé de peinture qui consiste à ajouter aux couleurs un peu de colle pour mieux les fixer (cf. E. Robinot, Vérification, métré et pratique des travaux du bâtiment, t. 6, 1930. p. 38). Colle au baquet, colle de peau(x), colles-matières. Colles préparées avec des déchets d'abattoirs et utilisées surtout en peinture. Colle au baquet (A. Wurtz, Dict. de chim. pure et appliquée, t. 1, 2evol., 1870, p. 1555). Colles-matières (A. Wurtz, Dict. de chim. pure et appliquée, t. 1, 2evol., 1870, p. 1554). Colle de peau (Moreau-Vauthier, La Peint., 1933., p. 105). Expr. fam. Faites chauffer la colle! Paroles ironiques que l'on adresse à une personne qui laisse tomber un objet et le casse (cf. Rob. et Lar. Lang. fr.).
B.− P. ext.
1. [En parlant de toute matière visqueuse qui adhère à qqc.] Secouer la colle de ses chaussures. Un ciel bas en colle de pâte (J. Lorrain, Âmes d'automne,1898, p. 68):
3. Il ne pleuvait presque plus; quelques gouttes molles et rôdeuses... la boue écrasée par les rudes semelles, prolongeait... son clappement de colle épaisse et grasse. Genevoix, Les Éparges,1923, p. 10.
Plus rarement et fam. [En parlant d'une nourriture épaisse et peu appétissante] Une espèce de bouille en colle (Flaubert, Par les champs et par les grèves,1848, p. 190).Il verse dans mon assiette une sorte de colle immangeable (Gide, Journal,1939, p. 349).
2. Au fig. et fam.
a) Chose ennuyeuse ou contrariante. Quelle colle! Toutes les colles! (Balzac, Les Comédiens sans le savoir,1846, p. 323).Qu'est-ce que ça sera avec la douane espagnole, alors! Quelle colle et quelle poisse! (Colette, En pays connu,1949, p. 158).
b) [En parlant d'une pers.] Personne dont on ne peut se débarrasser, personne importune. Un vrai pot de colle!; être pot de colle! C'est un véritable pot de colle! (cf. Lar. Lang. fr.).
Loc. adv. pop. [En parlant d'une pers. dont on ne veut pas se débarrasser] Être, vivre à la colle. Vivre en concubinage :
4. Vivre en concubinage. Être à la colle... « Tant qu'on est à la colle, ça colle; mais une fois que le condé [= maire] y a passé... » Bruant1901, p. 120.
3. Vx et pop. Mensonge, bourde, attitude feinte. Raconter des colles. C'est d'la colle (J. Richepin, La Chanson des gueux,1876, p. 139).Ta ta ta! en voilà de ces colles!... mais je les trouve trop fortes. Et c'est à moi que l'on ose dire de ces choses-là! (P. de Kock, Les Compagnons de la Truffe,1861, p. 20).
4. P. méton., arg. scol.
a) Question embarrassante posée à un candidat et p. ext. toute question posée à quelqu'un dont la solution exige des connaissances approfondies, du bon sens ou de l'astuce. Une colle de géographie. Une colle de certificat d'études (A. Arnoux, Calendrier de Flore,1946, p. 129).Poser des drôles de colles (Céline, Mort à crédit,1936, p. 583):
5. Je ne vous conseille pas de vous faire pousser des colles par Marchesné, qui a le front mural, l'esprit lucide, l'œil de l'examinateur et la dialectique exigeante. Fargue, Le Piéton de Paris,1939, p. 161.
b) Exercices d'interrogations périodiques auxquels on soumet les candidats à un examen ou à un concours afin de les y préparer; simulacre d'examen ou de concours. Un exemple de colle pour le bachot d'octobre (H. Bataille, Maman Colibri,1904, p. 14):
6. Lando revint me voir souvent. Nous nous taisions ou presque. En tout cas, nous ne pensions qu'à des choses sans importance. Il y avait de grands silences entre nos phrases. − Je passe en colle de méca, chez Godot, demain, me disait-il. Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 180.
c) Punition donnée par un professeur et qui oblige l'élève à venir à l'école en dehors des heures de cours habituelles pour y faire des exercices supplémentaires. Avoir une colle; une colle de 4 heures, du dimanche. Une journée entière de colle (Montherlant, La Ville dont le prince est un enfant,1951, III, 1, p. 908):
7. Des centaines de lycéens étaient passés sous la férule de l'« oncle » Gaure, sans que, de mémoire de potache il eût inscrit une heure de colle. Quand on le chahutait trop, seulement, il avait une crise de fureur épouvantable et se sauvait, jurait, abandonnait son laboratoire aux rebelles, comme s'il avait eu peur de commettre un crime. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 71.
Prononc. et Orth. : [kɔl]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. col. Étymol. et Hist. I. 1. 1268 sens propre (E. Boileau, Métiers, 209 ds T.-L.); 2. a) 1455 au fig. « mensonge, tromperie, faux-semblant » (Procès des Coquillards ds Sain. Sources arg. t. 1, p. 98); b) ca 1842 « interrogation écrite, simulacre d'examen » (d'apr. le sens précédent ou d'apr. coller « réduire au silence ») (E. de La Bédollière, Les Français peints par eux-mêmes, École Polytechnique, t. 5, p. 120). II. 1880 « punition, privation de sortie » (National, 21 déc. ds Larch. Suppl., p. 35). I empr. au gr. κ ο ́ λ λ α « gomme, colle » par l'intermédiaire d'un lat. vulg. *colla. II déverbal de coller « priver de congé » (v. coller étymol. 3). Fréq. abs. littér. : 176. Bbg. Goosse (A.). Le Picard et le wallon, source du jargon des coquillards. Cah. Lexicol. 1970, t. 16, no1, p. 107. − Darm. 1877, p. 51. − Gottsch. Redens. 1930, p. 247. − Guiraud (P.). Le Jargon de la Coquille. Cah. Lexicol. 1967, t. 11, no2, p. 47. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 88, 267, 293; Lang. par. 1920, pp. 440-441. − Vidos 1939, pp. 324-328.