Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
COCU, UE, subst. et adj.
A.− Populaire
1. Celui dont la femme manque à la fidélité conjugale. Être cocu; faire son mari cocu; un cocu triste. Archi-cocu (Stendhal, Vie de Henry Brulard,t. 2, 1836, p. 351).Soudain, une voix goguenarde lança sur l'air du « Petit navire » : il est cocu, le chef de gare! (Benjamin, Gaspard,1915, p. 21).Le Cocu magnifique, pièce de Crommelynck; Sganarelle ou Le Cocu imaginaire, comédie de Molière. Il me semble que Molière a eu quelque envie de tourner indirectement en ridicule l'exagération de l'honneur des maris espagnols de Calderon dans sa comédie du Cocu imaginaire (Vigny, Le Journal d'un poète,1840, p. 1137):
1. césar. − Allons, Félix, ne te fâche pas! Je ne te reproche pas d'être cocu, je sais bien que ce n'est pas de ta faute. Et puis, tout le monde le sait... escartefigue, indigné. − M. Brun ne le savait pas. m. brun. − Hum. césar. − Mais si, il le savait... N'est-ce pas, Monsieur Brun, que vous le saviez. escartefigue. − Que je sois cocu, ça ne te regarde pas, et ça n'a d'ailleurs aucune importance. Pagnol, Marius,1931, III, 1ertabl., 5, p. 167.
Loc. proverbiale. Cocu, battu et content (p. allus. à un conte de Boccace). Mari qui manifeste ces trois caractéristiques et qui représente le comble de la crédulité (cf. Maupassant, Contes et nouvelles, t. 1, La Revanche, 1884, p. 980).
2. Loc. diverses. Cocu en herbe. Celui qui est sur le point de l'être ou qui est prédestiné à le devenir. Cocu en gerbe. Celui qui l'est effectivement.
B.− P. ext. et fam., peu usité, au fém. Cocue. Femme dont le mari est infidèle. Elle [la Duchesse de Berry] nous a toutes faites cocues (E. et J. de Goncourt, Journal,1861, p. 978).
C.− Au fig. et fam.
1. Terme d'injure sans contenu précis. Cocu!, tas de cocus!, bougre de cocu! (Malraux, L'Espoir,1937, p. 595).Sale cocu! (Anouilh, La Répétition,1950, V, p. 124).
2. Par antiphrase. Une chance, une veine de cocu! Une chance extraordinaire :
2. Dans le quartier sa réputation de bon joueur était solide; on lui enviait son habileté et une chance de « cocu » qui lui permettait de boire à sa soif sans jamais débourser un sou. Dabit, L'Hôtel du Nord,1929, p. 56.
3. Dupé, trompé sans pouvoir réagir face à une situation donnée. Partout où sont les Jésuites, les curés sont des cocus spirituels (Michelet, Journal,1843, p. 518):
3. Aujourd'hui, de Blum à Staline, le socialisme ne luttait plus que pour rétablir les rites, célébrer les valeurs que nous avions bafouées sur leur conseil. Nous avions beau alléger notre défaite en y mettant de l'ironie, nous nous sentions cocus, certes, et pas contents. Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 277.
Prononc. et Orth. : [kɔky]. Ds Ac. 1694-1932 uniquement en tant que subst. masc. Étymol. et Hist. 1remoitié xives. kuku (J. de Condé, La Messe des oiseaux, éd. J. Ribard, 309 [il s'agit ici d'un cri poussé par le coucou pour insulter des amants]); fin xive-début xves. (E. Deschamps, Le Miroir de mariage, éd. G. Raynaud, Œuvres complètes, t. 9, p. 124 : Li cornebaux, li coquehus) [dans l'attest. de 1370 de la forme cocu donnée ds Quem. d'apr. Delboulle (J. Lefèvre, Lamentations Mathedus, 2, 276) il s'agit d'un autre mot, l'adj. d'a. fr. cocu « allongé, étiré » d'orig. obsc.]. Var. de coucou* dont l'étymon lat. cuculus est attesté dès l'époque class. aux sens de « imbécile, niais » et de « galant ». Les coucous ne prenant pas leur progéniture en charge n'ont pas besoin de vivre en couples comme certains autres oiseaux et ont ainsi une réputation d'infidélité. Le passage de la forme d'a. fr. cucu à cocu est prob. dû à l'infl. des mots formés sur coq (cf. les mots de la famille de coq signifiant « cocu, niais » ou « galant, débauché » ds FEW t. 2, p. 861b). Fréq. abs. littér. : 253. Fréq. rel. littér. : xixes. :a) 89, b) 269; xxes. : a) 713, b) 425. Bbg. Barb. Misc. 1 1925-28, pp. 42-43. − Roques (M.). Romania. 1953, t. 74, p. 519. − Schmittlein (R.). Une Confluence balto-rom. In : [Mél. Roques (M.)]. Paris, 1953, t. 2, pp. 251-267. − Spitzer (L.). L'Étymol. d'un cri de Paris. Rom. R. 1944, t. 35, pp. 244-250.