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CLIGNER, verbe.
A.− Emploi trans. dir. et indir. Cligner les yeux ou plus fr. cligner des yeux.
1. Fermer et ouvrir ses paupières à intervalles plus ou moins réguliers et de manière réflexe. Elycias cligna des yeux, et, entre ses longs cils, laissa filtrer sur don Quichotte, un regard ambigu (Toulet, Le Mariage de Don Quichotte1902, p. 180).
En partic. Battre instinctivement des paupières sous l'influence d'une lumière trop vive, d'une émotion. À peine eut-il [Bob] ouvert la porte, ébloui et clignant les paupières (Mauriac, Destins,1926, p. 190).Il cligna des yeux sous les lumières électriques (Green, Moïra,1950, p. 234).
Absol. [En parlant d'un tic] Une cicatrice est la marque de l'offense; (...) combien de marques de ce genre-là, petites ou grosses, invisibles ou visibles, qui font que l'on boite, que l'on trébuche, que l'on chancelle, que l'on cligne, que l'on grimace (Alain, Propos,1927, p. 721).
Rare [Le suj. désigne un animal] Il [le conducteur] (...) touchait l'épaule ou le front d'une vache qui clignait ses gros yeux vagues et obéissait à son geste (Maupassant, Mont-Oriol,1887, p. 75).Elle [Caroline, la chèvre] n'ose pas sortir de l'ombre de l'étable. Elle cligne des yeux (Giono, Regain,1930, p. 145).
2. P. ext. Fermer les yeux à demi pour mieux voir. Faites comme les peintres : clignez des yeux. Vous verrez alors que le coquelicot, (...) n'est plus rouge, mais rose ou violet, que l'orange, (...) devient jaune-vert (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 12):
1. Quand le peintre cligne les yeux, il détruit l'organisation en profondeur du champ et, avec elle, les contrastes précis de l'éclairage, il n'y a plus de choses déterminées avec leurs couleurs propres. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 355.
Spéc. Cligner de l'œil, ou plus rarement, cligner un œil. Fermer et ouvrir rapidement un œil à l'adresse d'une personne en signe d'intelligence. Mouret eut un rire silencieux; il cligna l'œil gauche, en regardant sa femme et ses enfants. La colère de Rose semblait l'amuser fort (Zola, La Conquête de Plassans,1874, p. 903):
2. Tout le monde est comme ça, dit Tarrou. Il faut seulement leur donner l'occasion. Il sourit et cligna de l'œil vers Rieux. C'est mon affaire à moi, dans la vie, de fournir des occasions. Camus, La Peste,1947, p. 1340.
Absol. La modiste est-elle payée? dit La Palferine. Ah! çà, deviens-tu bête, toi? dit-elle [Malaga] à La Palferine en clignant, elle est venue ce matin pour la vingt-septième fois (Balzac, Un Homme d'affaires,1845, p. 404).
Littér. Cligner un regard :
3. ... ça te fait rien que j'[le patron] aie mal à plus savoir où me mettre; ça devrait être prêt depuis une heure. Et cet autre là qui... Elle [Maîtresse] eut le temps de me [au garçon] cligner un regard qui ne fut pas perdu. Giono, Un de Baumugnes,1929, p. 84.
P. métaph. :
4. Son [de Beyle] œuvre est pleine de mots qui visent la salle. Ses préfaces parlent au public devant le rideau, clignent de l'œil, font au lecteur des signes d'intelligence, ... Valéry, Variété II,1929, p. 83.
B.− Emploi intrans.
1. [Le suj. désigne les yeux] Se fermer et s'ouvrir à intervalles réguliers et de manière spontanée et instinctive. À plusieurs reprises il [Alexandre] releva la tête, et gardant une expression figée, sauf les yeux qui clignaient, il contempla le ciel dans une sorte de stupeur (J. de Lacretelle, Les Hauts ponts,t. 1, 1932, p. 253).Les yeux sous la paupière clignaient obliques, à la chinoise (Jouhandeau, M. Godeau intime,1926, p. 147).
P. ext. Se fermer et s'ouvrir instinctivement sous l'influence d'une lumière trop vive, d'une émotion. Sur ses prunelles éblouies ses paupières commencèrent de cligner (A. France, L'Orme du mail,1897, p. 144).
2. P. anal. [Le suj. désigne une source lumineuse] S'allumer et s'éteindre par intermittences ou pour attirer l'attention. (cf. clignoter) :
5. Alors, nous vîmes se lever d'autres lumières, et nous mettions, avec une sourde espérance, le cap sur chacune d'elles tour à tour. Et quand le feu se prolongeait, nous tentions l'expérience vitale : « feu en vue, ordonnait Néri à l'escale de Cisneros, éteignez votre phare et rallumez trois fois ». Cisneros éteignait et rallumait son phare, mais la lumière dure, que nous surveillions, ne clignait pas, incorruptible étoile. Saint-Exupéry, Terre des hommes,1939, p. 151.
P. métaph. :
6. Les étoiles faibles et mouillées, à peine plus claires que le fond du ciel, clignaient d'une palpitation douce, et les ombres des branches restaient indécises. Louÿs, Aphrodite,1896, p. 87.
Rem. 1. On rencontre ds la docum. l'ex. suiv. où cligner est une forme dialectale de cliner « pencher ». Jeanne, dont les hauts talons clignaient, était obligée de s'appuyer de tout son poids sur le bras d'André (Huysmans, En ménage, 1881, p. 212). 2. On rencontre ds la docum. l'adj. cligneur, euse, pop. [En parlant d'une prostituée] Œil Cligneur. Qui se ferme et s'ouvre pour attirer l'attention des hommes, qui fait des clins d'œil. Une femme à figure de prostituée, grosses lèvres rouges et l'œil cligneur (Hamp, Vin de Champagne, 1909, p. 138).
Prononc. et Orth. : [kliɳe], (je) cligne [kliɳ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1155 clignier à qqn « faire signe à quelqu'un par un clignement » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 8593); b) ca 1175 clingnier les iauz « les fermer à demi » (Roman de Renart, éd. M. Roques, 4503); ca 1180 clinier de l'uiel (Béroul, Tristan, éd. A. Ewert, 3854); 2. 1873 fig. « briller par intermittence, scintiller » (T. Corbière, Les Amours jaunes, p. 60). Peut être issu d'un b. lat. *clūdiniare « fermer », dér. de *cludinare et celui-ci de clūdere, claudere « fermer » (clore*), l'évolution ui > i étant due soit à l'infl. des mots issus de clinare, soit plus prob. de guigner*. Fréq. abs. littér. : 694. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 218, b) 1 363; xxes. : a) 1 243 b) 1 283. Bbg. Bloch (O.). Notes étymol. et lex. R. Ling. rom. 1935, t. 11, pp. 333-335. − Brüch (J.) Französisch cligner « blinzeln ». Vox Romanica. 1939, t. 4, pp. 95-101; Z. rom. Philol. 1935, t. 55, pp. 318-330.