Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
CLARTÉ, subst. fém.
A.−
1. Réverbération ou lumière irradiée d'un corps céleste (soleil, lune, etc.), d'un feu, ou de tout moyen artificiel d'éclairage permettant de distinguer nettement les objets. La clarté du jour, des étoiles, du soleil, de la lampe :
1. ... l'air était si pur, le ciel si serein, qu'il en résultait une clarté à l'aide de laquelle nous eussions aperçu les dangers comme en plein jour. Voyage de La Pérouse,t. 3, 1797, p. 174.
2. La lune qui allait se lever à l'Orient baignait le ciel de blancheur. Et le rayonnement de cet astre, encore caché sous l'horizon, mettait dans la nuit une palpitation de clarté d'une tendresse infinie. Moselly, Terres lorraines,1907, p. 157.
3. Il [Victor] vient de dévorer les Confessions et les Rêveries de Rousseau, des quantités énormes de Voltaire et de Diderot, auteurs qu'on lui présente en classe; puis force romans policiers ou autres, à raison d'un volume par jour; car, ayant encore de bons yeux, la clarté de la bougie lui suffit, et il lit dans son lit jusqu'à des heures tardives. Gide, Journal,1943, p. 172.
SYNT. Une clarté blanchâtre, bleuâtre, blafarde, froide, laiteuse, vacillante, aveuglante, douce, pâle; la demi-clarté; à la première clarté de l'aube (Chateaubriand, Les Martyrs, t. 3, 1810, p. 236); la clarté inquiète de la flamme (Hugo, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 476); une goutte de clarté (Zola, Le ventre de Paris, 1873, p. 633); une mince tache de clarté frileuse (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 223).
Expr. À la clarté de. Sous l'éclairage de. À la clarté d'une bougie, d'un réverbère, d'un projecteur. Je sortis de cet affreux chaos; et, à la clarté de l'incendie, je gagnai l'autre extrémité du faubourg (Bernardin de Saint-Pierre, La Chaumière indienne,1791, p. 122).
a) P. allus. littér. [P. réf. au vers de Corneille (Le Cid, IV, 3)] Cette obscure clarté qui tombe des étoiles. Tel alexandrin, admirablement imaginé... comme cette obscure clarté qui tombe des étoiles... est beau d'une beauté prosaïque; ce n'est pas un beau vers, c'est une belle phrase (Bremond, La Poésie pure,1926, p. 52).
b) Littér. Jouir de la clarté du jour, de la clarté. Vivre. On dit de même : revoir la clarté du jour, revoir la clarté; perdre la clarté du jour, perdre la clarté (Ac. 1835-1932).
Apporter une clarté. Un flambeau :
4. Les marquis de Final ont leur royal tombeau Dans une cave où luit, jour et nuit, un flambeau (...) Là, mangé par les vers dans l'ombre de la mort, Chaque marquis auprès de sa marquise dort, Sans voir cette clarté qu'un vieil esclave apporte. Hugo, La Légende des siècles,t. 2, La Confiance du marquis Fabrice, 1859, p. 525.
c) Gén. au plur. Source de lumière. Les clartés de l'aurore les clartés célestes. Une nuit toute splendide, pleine de clartés (Flaubert, Smarh,1839, p. 91).Ses beaux yeux sont tout pleins de ces clartés divines, Que l'urne du matin verse aux buissons en fleurs! (Leconte de Lisle, Poèmes antiques,Clytie, 1852, p. 136).
P. métaph. Ce qui illumine la vie; lueur d'espoir. Esther aperçut une faible clarté dans sa vie ténébreuse, elle respira (Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1844, p. 211):
5. aglavaine [à Méléandre]. − ... Je me cherche hors de moi et c'est en toi que je me trouve (...) Je ne sais déjà plus si tu es ma clarté ou si je deviens ta lumière... Maeterlinck, Théâtre III,Aglavaine et Sélysette, 1930, II, 1, p. 26.
2. P. anal.
a) [En parlant d'une chose : verre, eau, etc.] Transparence, limpidité. La clarté des eaux du Nil (Fromentin, Voyage en Egypte,1869, p. 83):
6. Au jour, l'enfant se réveilla. Devant eux, la vallée s'étendait toute claire sous le ciel blanc. Le soleil était encore derrière les coteaux. Une clarté de cristal, limpide et glacée comme une eau de source, coulait des horizons pâles. Zola, La Fortune des Rougon,1871, p. 209.
b) [En parlant d'une partie du corps] Netteté, éclat. Clarté du teint (Proust, La Fugitive,1922, p. 649).La clarté de ses cheveux (Hamp, Marée fraîche,1908, p. 59).
B.− Au fig.
1. Littér. et vieilli. Connaissance qui permet de comprendre une chose; lueur sur un sujet. Quelque clarté inattendue sur notre âge poétique actuel (Sainte-BeuvePoésies,1828, p. 282).Une clarté de plus sur la vie (M. Blondel, L'Action,1893, p. 82):
7. Son esprit venait d'être illuminé par la clarté que voici : − cette charrette ferait joliment bien sur notre barricade. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 400.
Au plur. [P. réf. le plus souvent à Molière, Les Femmes savantes, 1, 3, vers 218 : Je consens qu'une femme ait des clartés de tout] Connaissances générales ou particulières d'un certain niveau de culture. Quel dommage que notre jeune maître, qui a des clartés sur tout, n'ait daigné nous en fournir aucune sur cette loi, faute de laquelle, nous dit-il, « nous allons avoir besoin de dérisoires consolations... » (Mauriac, Le Bâillon dénoué,1945, p. 475):
8. Rappelez-vous d'ailleurs l'admirable maxime que notre grand Molière fit proclamer par l'homme de goût de son dernier chef-d'œuvre : je consens qu'une femme ait des clartés de tout et notez aussi que le je consens d'alors deviendrait maintenant, il convient. Comte, Catéchisme positiviste,1852, p. 64.
2. [En parlant de l'esprit, de ses productions, de ses manifestations] Qualité de ce qui est clair.
a) Domaine de la pensée.Qualité de ce qui est clair, sans ambiguïté, facile à comprendre. Clarté de la conscience, de l'intelligence, du jugement. Un souci de simplification et de clarté (J. Meynaud, Les Groupes de pression en France,1958, p. 45).Quelles que soient les combinaisons adoptées, il est bon de se rappeler que l'ordre, la méthode, la clarté et la simplicité sont les qualités essentielles à mettre en œuvre dans tout système de classement (J. Pethoud, Principes mod. d'organ. industr. et comm.,1931, p. 249):
9. « L'humanité a fourni peu de cerveaux comparables au sien [Pascal] pour le besoin de clarté et de certitude, pour l'aptitude à l'analyse qui prépare la lumière et à la dissertation qui la dirige et la concentre ». Barrès, Mes cahiers,t. 7, 1908-09, p. 198.
SYNT. Apparaître en pleine clarté, avec toute la clarté possible, pour la clarté de (cf. Courier, Pamphlets pol., Pétition aux deux chambres, 1816, p. 3). Pour plus de clarté (Alain-Fournier, Correspondance, [avec J. Rivière], 1910, p. 235).
[En parlant des caractères gén. d'une collectivité] La clarté française, latine :
10. La langue italienne, beaucoup plus faite pour être chantée que parlée, ne sera soutenue contre la clarté française qui l'envahit que par la musique. Stendhal, De l'Amour,1822, p. 170.
b) En partic., dans le domaine des sc.La clarté de la démonstration, la clarté illuminante d'une solution mathématique (J. Capelle, L'École de demain reste à faire,1966, p. 157).Cette distinction fondamentale apporte beaucoup de clarté dans la théorie des gaz ionisés (Hist. gén. des sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 289).
c) Dans le domaine de l'expr. didactique, littér., etc.La clarté du discours, de la phrase, du récit. La clarté de son style (Sénac de Meilhan, L'Émigré,1797, p. 1614).
Clarté dans l'expression (Maine de Biran, De l'Influence de l'habitude sur la faculté de penser,1803, p. 162):
11. L'épître de l'archevêque Landriani était un chef-d'œuvre de logique et de clarté; elle n'avait pas moins de dix-neuf grandes pages, et racontait fort bien tout ce qui s'était passé à Parme à l'occasion de la mort de Giletti. Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 200.
12. Le chemin de fer règne par la toute-puissance de sa rapidité; la langue française, par sa clarté, ce qui est la rapidité d'une langue, et par la suprématie séculaire de sa littérature. Hugo, Le Rhin,1842, p. 479.
d) P. anal., dans le domaine des B.-A. La clarté de l'opéra-comique au XVIIIesiècle (H. Ghéon, Promenades avec Mozart,1932, p. 38):
13. Il existe des pièces à la structure tourmentée, aux bronzes exubérants qui heurtent notre goût inné de clarté et d'équilibre. J. Viaux, Le Meuble en France.1962, p. 94.
3. [En parlant de l'âme, du cœur] Qualité de pureté. Clarté de l'âme. Clarté rapide d'un sourire (Zola, La Joie de vivre,1884, p. 824).Clarté séraphique du regard (Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 12):
14. Clarifica me, clarifie moi, c'est la prière de Notre-Seigneur à la Cène. Or, il y a une clarté intérieure et une clarté extérieure. La clarté intérieure, c'est celle de la conscience, à quoi fait allusion le texte de Matthieu et Luc : l'œil est le flambeau du corps. Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 180.
Prononc. et Orth. : [klaʀte]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Concr. 1. 950-1000 claritet « lumière, lueur » (Saint Léger, éd. J. Linskill, 201); ca 1100 clartet (Roland, éd. J. Bédier, 1432); av. 1463 banny de la clarte Phébus « privé de la vie » (Villon, Poésies, V, 29, éd. A. Longnon et L. Foulet), employé surtout dans la lang. class., puis poét. (Ac. 1694); 2. a) ca 1100 clartet « caractère de ce qui a de l'éclat, de la pureté » (Roland, loc. cit., 2990); b) 1538 clarté « caractère de ce qui est clair, transparent, limpide » (Est., s.v. limpitudo); 3. 1268 fig. « caractère de ce qui est illustre; renommée » (Brunet Latin, Trésor, éd. P. Chabaille, p. 390). B. Abstr. 1. 1580 clairté « qualité de ce qui est facilement intelligible, netteté » (Montaigne, Essais, livre II, chap. 10); p. ext. 2. 1643 souvent au plur. clartés « vérité lumineuse » (Cor., Pol., IV, 3); 1672 « connaissance, notion » (Molière, Femmes savantes, I, 3), ,,vieilli, au moins en prose`` d'apr. Lar. 19e. Empr. au lat. class. claritas (de clarus, clair*) « clarté, éclat » au propre et au figuré. Fréq. abs. littér. : 4 172. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 544, b) 7 922; xxes. : a) 8 177, b) 4 701. Bbg. Duch. Beauté 1960, p. 110. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 18 − Stackelberg (J. von). Klarheit als Dichtungsmittel. In : [Mél. Friedrich (H.)]. Frankfurt, 1965, pp. 257-273.