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CIVIL, ILE, adj.;CIVIL, subst. masc.
I.− Adjectif
A.− Vx, rare. Synon. de civilisé* :
1. ... connoissant les avantages de la vie civile, sans avoir quitté le désert; et les charmes de la société, sans avoir perdu ceux de la solitude; ces Indiens se pouvoient vanter de jouir d'un bonheur qui n'avoit point eu d'exemple sur la terre. Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 2, 1803, p. 445.
P. ext., vieilli. [En parlant d'une pers. ou de son comportement] Qui observe les usages du savoir-vivre, les règles de la civilité :
2. L'artiste ramassa la pièce avec un air très-satisfait et lui fit un très-gracieux accueil, car, bien que rapin, il savait vivre et était fort civil avec les étrangers. Murger, Scènes de la vie de bohème,1851, p. 84.
B.− Usuel (souvent dans des syntagmes figés). Qui concerne les individus en tant que membres de la société organisée en État, et leurs rapports mutuels; qui concerne le citoyen ou un ensemble de citoyens.
1. Qui concerne l'ensemble des relations habituelles entre citoyens. Société civile, vie civile :
3. Le temps où l'homme ne croyait qu'aux dieux domestiques, est aussi le temps où il n'existait que des familles. (...). Qu'y a-t-il en effet de plus contradictoire que de vivre en société civile et d'avoir dans chaque famille des dieux particuliers? Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 136.
Spécialement
a) [Relation d'hostilité] Discorde civile, guerre civile, troubles civils :
4. Les États-Unis n'imaginent pas d'autre guerre que la guerre civile. C'est toujours eux-mêmes et celui de leurs défauts que personnifie la nation ennemie qu'ils combattent dans chaque guerre. Giraudoux, Siegfried et le Limousin,1922, p. 147.
b) [Relations de bon ordre entre citoyens garanties par la loi] Lois civiles; ordre civil; institutions civiles :
5. ... il faut manœuvrer l'homme, exercer la matière, trouver à des problèmes imprévus où la technique, l'économie, les lois civiles et les lois naturelles introduisent des exigences contradictoires, les solutions satisfaisantes. Valéry, Variété I,1924, p. 115.
2. Qui concerne les citoyens en tant que particuliers.
a) DR. (procédure judiciaire). Qui concerne l'activité répréhensible d'un particulier en tant qu'elle relève du droit civil. Procès civil. Dans les procès civils tout au moins, le magistrat jugerait aussi bien sur pièces; l'éloquence des avocats n'est que pour le public et surtout pour les plaideurs (Alain, Système des beaux-arts,1920, p. 104).
SYNT. Affaires civiles, justice civile, matière civile, procédure civile, tribunal civil.
Mort civile (vx). Privation légale des droits civils, qui accompagnait une condamnation à mort ou à une peine perpétuelle. Les premiers légistes du conseil étaient pour que la mort civile entraînât la dissolution du contrat civil du mariage (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 596).
Partie civile. Personne qui intervient dans un procès pénal pour réclamer la réparation du préjudice causé par l'infraction, et distincte de la condamnation encourue par son auteur. Se constituer, se porter, se rendre partie civile :
6. ... Attendu qu'Alfred, limonadier à Paris, a introduit une plainte contre Lagoupille, comme ayant reçu de celui-ci... (...) Un coup de poing en plein visage, qu'il s'est porté partie civile et qu'il réclame cinq cents francs de dommages et intérêts; ... Courteline, Un Client sérieux,1897, 3, p. 76.
Intérêts civils. Dédommagement réclamé par la partie civile.
Requête civile. Voie extraordinaire, ouverte en certains cas relevant du Code civil et ayant pour but d'obtenir la cassation d'une décision rendue en dernier ressort.
b) Qui concerne le domaine d'activité normale d'un particulier dans le cadre de la société organisée
[P. oppos. à l'activité milit.] Autorités civiles et militaires, population civile, vêtements civils. Le passage de la vie civile à la vie militaire m'a paru assez dur, sans doute parce que je n'ai plus vingt ans (Green, Journal,1942, p. 260).La préfecture envisage une sorte de service civil (Camus, La Peste,1947, p. 1318):
7. Lecourbe était un héros à la guerre; son énergie au milieu des soldats révoltés qu'il faisait rentrer dans le devoir à coups de sabre était une vertu militaire qui ne le disposait pas beaucoup, on peut croire, à l'exercice des vertus civiles, ... G. Sand, Histoire de ma vie,t. 2, 1855, p. 36.
SYNT. Pouvoirs civils; retourner à la vie civile. Commandant en chef civil et militaire (De Gaulle, Mémoires de guerre, 1956, p. 107).
Courage civil (p. oppos. à courage militaire). Courage que manifeste un citoyen dans la vie publique.
[P. oppos. à la vie ecclésiastique ou relig.] Autorités civiles et ecclésiastiques. C'est une chose curieuse que cette double intervention du pouvoir religieux et du pouvoir civil dans le mariage et dans le divorce (About, La Grèce contemporaine,1854, p. 267):
8. Les évêques, les chefs du clergé chrétien étaient, de plus, (...), engagés dans l'organisation féodale, membres de la hiérarchie civile en même temps que de la hiérarchie ecclésiastique. Guizot, Hist. gén. de la civilisation en Europe,1828, p. 10.
Mariage civil. Mariage contracté devant l'autorité civile.
Enterrement civil. Enterrement effectué sans cérémonie religieuse.
[P. oppos. à l'activité pol. ou à la vie ecclésiastique] Droits, pouvoirs civils et politiques. En France, (...) tous les pouvoirs politiques et civils étaient réunis dans la main et soumis à la seule volonté de Louis XIV (Delécluze, Journal,1828, p. 496).
P. méton. [En parlant de l'année du Calendrier, p. oppos. à astronomique, liturgique, scolaire, judiciaire, etc.] Année* civile. Année de 365 ou 366 jours (comptés du 1erjanvier au 31 décembre) utilisée pour dater dans les actes de la vie civile.
P. anal. Jour civil. Jour compté de 0 à 24 heures.
c) Qui concerne les droits ou les devoirs des particuliers dans le cadre de la société organisée.
SYNT. Droits civils. Droits garantis par le législateur à tout citoyen, et relatifs à l'état des personnes (mariage, religion, etc.), à la propriété. Liberté civile. Liberté d'exercer ces droits. Protection civile. Protection assurée en temps de guerre aux citoyens non mobilisés. Responsabilité civile. ,,Obligation pour une personne, de réparer un dommage subi par autrui à la suite de l'événement dont elle est responsable`` (Réau-Rond. 1951).
d) Qui concerne la situation d'un particulier
[Du point de vue des étapes de sa vie en tant qu'elles intéressent la société] État civil; actes, registre, officier de l'état* civil.
[En parlant des ressources financières d'un chef d'État] Liste* civile.
II.− Subst. masc.
A.− [P. oppos. à militaire ou à ecclésiastique]
1. Au sing. ou au plur. [En parlant d'un homme] Celui qui n'est ni militaire, ni prêtre. Un soldat de son escouade encore, Maurice Levasseur, en train, depuis une heure bientôt, de causer avec un civil (Zola, La Débâcle,1892, p. 4).
P. ext. Les civils. Ensemble des personnes qui n'appartiennent pas à l'armée. Nous respections le monde entier, les riches et les pauvres, les soldats et les civils, les jeunes et les vieux, les hommes et les bêtes (Sartre, Les Mots,1964, p. 186).
2. Au sing. (avec valeur de subst. neutre).
a) État de ce qui est du domaine civil :
9. Cette lettre fut un coup de foudre, le baron y voyait éclore les déchirements intestins qui tiraillent encore aujourd'hui le gouvernement de l'Algérie entre le civil et le militaire... Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 252.
Fam. Dans le civil. Dans la vie civile. Dans le civil, c'était chauffeur dans un château. C'était respectueux, bien embouché, ganté (Vercel, Capitaine Conan,1934, p. 76).
b) Se mettre en civil. Endosser un vêtement civil, c'est-à-dire autre que la tenue militaire ou (plus rarement) religieuse. Deux curés en civil, qui juraient, buvaient et ne faisaient que parler de leurs maîtresses (Renard, Journal,1905, p. 968).
B.− Au sing. (avec valeur de subst. neutre), DR. [P. oppos. à la voie criminelle] Juridiction civile. Le civil et le criminel; poursuivre qqn au civil :
10. Les membres du conseil sont législateurs, administrateurs et magistrats; ils décident sans appel, à l'aide du jury, au civil et au criminel. Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 294.
Rem. 1. On rencontre, en arg. milit., quatre subst. masc. synon. de civil au sens de « homme qui n'est ni militaire, ni prêtre ». a) Ciblot (cf. F. Déchelette, L'Arg. des poilus, 1918). b) Civelot (cf. Barbusse, Le Feu, 1916, p. 40). Le subst. civelot au plur. peut désigner également « les vêtements civils » (attesté ds Rob. Suppl. 1970). c) Civio (cf. Cendrars, La Main coupée, 1946, p. 274). d) Civlo(t) (cf. Sain. Tranchées 1915, p. 141). 2. On rencontre ds la docum. le subst. masc. civilisme (formé p. anal. avec militarisme). Tendance à privilégier l'élément civil par rapport à l'élément militaire. Les prétentions du civilisme, si j'ose employer ce mot barbare, qui veut se subordonner le militaire (Clemenceau, Vers la réparation, 1899, p. 5).
Prononc. et Orth. : [sivil]. Littré : ,,Au pluriel l's ne se lie pas``. Enq. : /sivil/. Ds Ac. 1694-1932, le subst. seulement depuis 1835. Étymol. et Hist. I. Adj. A. 1. 1290 [p. oppos. à criminel] cause ceville (A. Besanç. reg. mund. I, fo173 ds Gdf. Compl.); fin xiiies. droit civil (R. Lulle, Doctrine d'enfant ds Fr. mod., t. 41, p. 292); 1611 partie civile (Cotgr.); 2. qui concerne le citoyen, sa vie, ses droits 1330 mort civile (G. de Digulleville, Pélerinage vie hum., 12057 ds T.-L.); 1355 civiles discordes (Bercheure, [Bersuire], fo64 rods Littré); 1601 le Théâtre de la vie civile (Montchrestien, Ep. ded. p. 5 ds IGLF); 1773-74 état civil (Beaumarchais ds Brunot t. 9, p. 902, note 8); 3. 1835 opposé à militaire ou à religieux (Ac.). B. Vers 1460 « poli, courtois » (Martial d'Auvergne, Arrêts d'amour, p. 142 ds IGLF). II. Subst. 1835 opposé à militaire (Ac.). Empr. au lat. class. civilis A « qui concerne le citoyen, sa vie, ses droits » [opus, virtus, bellum, pax]; opposé à criminalis domaine jur. [jus, actio, res]; opposé à militaris, bellicus [officia, munera, dignitas]. B « affable, bienveillant ». Fréq. abs. littér. : 3 485. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 792, b) 3 564; xxes. : a) 4 155, b) 4615. Bbg. Quem. 2es. t. 3, 1972.