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CHÔMER, verbe.
A.− Emploi trans. Suspendre son travail pendant les jours fériés pour célébrer une fête civile ou religieuse. Chômer entre deux jours fériés; on chôme le 1ermai :
1. ... les habitants de certain hameau, pour se retrouver dans le calendrier, n'avaient pas d'autre moyen que d'observer un vieillard des leurs, le seul qui eût la notion des temps; et quand ils voyaient que ce vieillard avait changé ses chausses, ils se disaient : « Tiens, maître Gosselin a mis ses chausses rouges : c'est aujourd'hui un jour à chômer. » Faral, La Vie quotidienne au temps de St Louis,1942, p. 119.
Rare
1. En emploi trans. Chômer le dimanche; chômer un sabbat. Quelque pieuse famille chômoit une bonne fête chrétienne (Chateaubriand, Génie du christianisme,t. 2, 1803, p. 315).
Chômer un saint (cf. Courier, Pamphlets pol., Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-20, p. 36).Au fig. C'est un saint que l'on chôme plus. C'est une personne, ou une chose qui a perdu de son crédit, de son importance (cf. Murger, Scènes de la vie de bohème, 1851, p. 4).
2. En emploi pronom. Noël, belle et joyeuse fête qui se chôme (M. De Guérin, Correspondance,1833, p. 78).
B.− Emploi gén. intrans. [En parlant d'une pers., d'une usine, d'un secteur quelconque de l'activité] Cesser le travail par manque d'ouvrage. Ouvriers, ateliers, usines qui chôment. Chômer deux jours sur trois (Proudhon, Qu'est-ce que la propriété?,1840, p. 273).Théâtre qui chôme (Flaubert, La 1reÉducation sentimentale,1845, p. 98):
2. La compagnie, atteinte par la crise, était bien forcée de réduire ses frais, si elle ne voulait pas succomber; et naturellement, ce seraient les ouvriers qui devraient se serrer le ventre, elle rognerait leurs salaires, en inventant un prétexte quelconque. Depuis deux mois, la houille restait sur le carreau de ses fosses, presque toutes les usines chômaient. Zola, Germinal,1885, p. 1284.
3. Le temps était encore beau et clair. L'année, d'ailleurs avait été sèche, par malheur pour Grange. Faute d'eau, les papetiers avaient chômé plusieurs semaines. Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 128.
Plus rarement. S'arrêter volontairement de travailler, se mettre en grève. Nous avions décidé de chômer le jour de l'exécution de Ravachol (Romains, Les Hommes de bonne volonté,Le 6 octobre, 1932, p. 286).
Spéc. Terres qui chôment. Période de répit située généralement entre la dernière récolte et les semailles et durant laquelle les terres se reposent. Les bras se reposèrent un peu et les champs chômèrent (Fromentin, Dominique,1863, p. 18).
Au fig. [En parlant de l'argent, de la pol., des sentiments, etc.] Être moins rentable, moins actif. Argent, esprit, amour qui chôme. Capitaux qui chômeraient (Say, Traité d'écon. pol.,1832, p. 88).
Sous forme de litote. Ne pas chômer. Travailler beaucoup. Le travail ne chômait pas. Les bras ne chômaient pas (Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 543).
Plus rarement. [En parlant d'un objet qui sert beaucoup] La balançoire ne chômait pas (About, Le Nez d'un notaire,1862, p. 133).
C.− Vx, emploi trans. indir. Manquer de quelque chose. Chômer de nourriture, de livres :
4. « Beaux fils, soyez les bienvenus cette vesprée de la Toussaint. Mais jeûner il vous faudra; nul qui vit ne mange céans; quant au logis, point n'en chômerez si vous savez dormir aux étoiles. » Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 114.
Prononc. et Orth. : [ʃome], (je) chôme [ʃo:m]. La graph. -ô- remplace l'anc. graph. -au- et c'est grâce l'accent circonflexe que le timbre fermé de [o] a pu se conserver (cf. Buben 1935, § 42). Noter que Fér. 1768 écrit chommable, chommer; que Fér. Crit. t. 1 1787 écrit chomable, chomer sans redoublement de m mais sans accent circonflexe qu'il juge acceptable à la rigueur devant [ə] muet dans chôme mais non dans les dérivés où l'o ne porte pas l'accent tonique. Pour Fér. l'accent circonflexe est indication de durée longue alors qu'il est également une garantie pour la voyelle de conserver le timbre fermé. On rencontre la graphie chommer ds Ac. 1694-1740 mais plus à partir de 1762. Étymol. et Hist. 1. Ca 1150 se chomer « rester immobile » (Thébes, éd. G. Raynaud de Lage, 5139); dernier quart xiies. ne pas chomer (de + inf) « ne pas arrêter, ne pas cesser (de) » (E. de Fougères, Manières, 556 ds T.-L.); 2. a) xiiies. « ne pas travailler » (Dit des outils de l'hôtel, 128, éd. G. Raynaud ds Romain, t. 28, p. 55); b) 1333 « ne pas travailler, par manque de travail ou pour des raisons techniques » (Actes Normands, éd. L. Delisle, 63 ds IGLF : le dit moulin cessa et chomma, pour cause de faire les reparacions d'icelui); c) mil. xvies. trans. (Ronsard, L'Hydre, p. 917 ds Hug. : et choumeray vos festes). Du b. lat; caumare « se reposer pendant la chaleur » attesté au vies. dans une traduction d'Oribase (d'apr. J. Svennung ds Uppsala Universitets Arsskrift, 1933, t. 3, p. 71) et dér. du lat. chrét. cauma « grande chaleur » empr. au gr. κ α υ ̃ μ α (v. calme, subst.). Fréq. abs. littér. : 139.
DÉR.
Chômable, adj.Qu'on doit chômer. Fête chômable (cf. Ac. 1835-1932). [ʃomabl̥]. Ds Ac. 1718 et 1740 s.v. chommable; ds. Ac. 1762-1932 sous la forme moderne (cf. chômer). 1reattest. xvies. feste chommable (Éloy d'Amerval, Deablerie, fo15eds Gdf. Compl.); de chômer (trans.), suff. -able*.
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 363.