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CHEVRON, subst. masc.
I.−
A.− Pièce de bois équarrie sur laquelle sont fixées les lattes soutenant la couverture d'un bâtiment, et généralement opposée à une pièce semblable avec laquelle elle forme un V renversé. Trois maisons, qui n'ont ni poutres ni chevrons (Chanson de Cadet Rousselle). C'est la même étoile que le père Pâqueux regarde par la tabatière percée entre les chevrons (R. Martin du Gard, Vieille France,1933, p. 1096):
1. ... le toit se prolongeait en manière d'impluvium. Quelques figures sculptées au bout des chevrons ornaient la case, ... Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 3, 1868, p. 120.
En forme de chevron, en chevron. Un cubital, en forme de chevron (Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 1, 1805, p. 314).Deux lances de sable mises en chevron (Balzac, Le Lys dans la vallée,1836, p. 35).Des sourcils en chevrons (Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 68).
B.− P. ext.
1. Poutre utilisée en grosse menuiserie :
2. ... la Victime (...), apparaît devant nous chargée : mais de trois morceaux de bois, d'un long, pesant et rigide madrier, accompagné de deux chevrons, non pas la croix encore (...), mais la matière de la Croix. Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 54.
2. Pièce d'assemblage en bois ou en fer. Quatre lames de marbre blanc nues et sans sculptures, assemblées par des chevrons de fer (Hugo, Le Rhin,1842, p. 75).
II.− [P. anal. de forme] Engrenage, roue à chevrons. Étoffe (...) brodée et peinte de losanges, de chevrons, de quadrilles (T. Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 208).
A.− ARM. Galon en forme de V renversé pour marquer l'ancienneté de service. Chevron d'ancienneté, de sergent; gagner ses chevrons. Le bras (...) chargé de chevrons (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2, 1823, p. 88).L'expérience ne vient qu'avec les chevrons (Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 310).Les trois chevrons des grognards de la vieille garde qui attestent trente ans de service (Vigny, Mémoires inédits,1863, p. 88).
Au fig. [Pour symboliser une ancienneté, un âge avancé, une grande expérience] Perline a quatre chevrons d'avance, en fait de dévouement de toute sorte (Amiel, Journal intime,1866, p. 145):
3. Autrefois Esther, imbue de la morale particulière aux courtisanes, trouvait toutes ces gentillesses si naturelles qu'elle n'estimait une de ses rivales que par ce qu'elle savait faire dépenser à un homme. Les fortunes détruites sont les chevrons de ces créatures. Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1844, p. 226.
Arg. Récidive (cf. France 1907, Esn. 1966).
B.− HÉRALD. Pièce honorable en forme de V renversé. Chevron abaissé, brisé, couché, renversé, etc. Des armes (...) de sa famille où un « vilain rat » grimpait sur un chevron (Mauriac, La Vie de Jean Racine,1928, p. 9):
4. Eh! bien donc, nous allons au blason de Gascogne, Qui porte six chevrons, messieurs, d'azur et d'or Joindre un chevron de sang qui lui manquait encor! E. Rostand, Cyrano de Bergerac,1898, IV, 4, p. 167.
C.− TEXT. Tout enveloppé de tricotages, vous savez de cette espèce qui forme des chevrons séparés par des jours (Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 244).Chevrons. − Étoffes dont l'aspect rappelle celui des chevrons d'une toiture (R. Thiébaut, La Fabrication des tissus,1961, p. 70).
Prononc. et Orth. : [ʃ əvʀ ɔ ̃]. Warn. 1968 est le seul dict. à noter [ə] muet entre parenthèses. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Mil. xiies. kievron « pièce de bois fixée sur la pente d'un toit » (Un samedi par nuit... Débat de l'âme et du corps, P 830 ds T.-L.); 1160-74 chevrun (Rou, III, 4354, ibid.); ca 1210 chevron (Narbonnais, 2918, ibid.); 2. ca 1275 hérald. cheveron (Adenet le Roi, Enfances Ogier, éd. A. Henry, 5132); 3. [1771 date de création d'apr. Leloir 1961] « galon en forme de V renversé » 1823 (Las Cases, loc. cit.); d'où 1833 fig. (Balzac, Ferragus, p. 85); 4. 1921 text. (P. Araud, Ch. Thomas, La Fabrication du drap, p. 98). D'un lat. vulg. *caprione (dér. d'un lat. vulg. *capreus, lui-même formé d'apr. capreolus « jeune chevreuil » et « support, chevron » et caprea « chèvre sauvage ») [cf. a. prov. cabrion, xiies. ds Rayn.] *caprone, cf. fin viiies.-début ixes. capriuns (Gloses de Cassel, éd. F. Diez, Anc. glossaires romans, trad. A. Bauer, Paris, 1870, p. 68, 108 et 99) et en 861 caprones, plur. (Polyptique de St Remi de Reims ds Du Cange, s.v. caprones). Pour l'évolution sém., cf. chevalet. Fréq. abs. littér. : 86. Bbg. Brinkmann (F.). Metapherstudien. Arch. St. n. Spr. 1876, t. 56, p. 49. − Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 273. − Sperber (A.). Zur Animalisierung von Gegenständen. Wörter und Sachen. 1910, t. 2, pp. 190-195.