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CHEMINER, verbe intrans.
A.− [Le suj. désigne une pers.] Faire du chemin, avancer, le plus souvent à pied, en particulier quand il s'agit d'une marche lente et régulière ou d'une progression longue et pénible. Nous nous mîmes en route pour Rome, cheminant au pas pour éviter les cahots (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 103).Des messieurs cheminant à pied pour leur récréation personnelle (Flaubert, Par les champs et par les grèves,1848, p. 311).Cheminer interminablement sous un soleil torride et parcourir à pied, à cheval ou à chameau, de prodigieuses étendues (J. et J. Tharaud, La Fête arabe,1912, p. 177).Elle cheminait à pas lents, lasse et lourde (G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 113):
1. « Oh! Monsieur, ça ne se fait pas », me disait-il lorsque je voulais faire monter, dans la carriole qui nous menait au marché de Lisieux, un estropié cheminant péniblement sur la route; ... Gide, Feuillets d'automne,1949, p. 1088.
SYNT. Cheminer dans, par, à travers, le long de, parmi, vers, jusqu'à, au-delà de; cheminer à pas de loup, d'un pas assuré, d'un pas pressé; cheminer sans se presser, sans trêve, à l'aventure; cheminer lentement, tranquillement, paisiblement, gaillardement, gaiement, laborieusement; cheminer à côté, aux côtés, en compagnie de qqn; continuer à, de cheminer; aller cheminant.
P. méton., littér. [Le suj. désigne une voie] S'étendre, se prolonger en dessinant tel ou tel tracé (cf. courir). La route cheminait à perte de vue (A. France, Le Lys rouge,1894, p. 314).Une allée qui cheminait à travers les pelouses et les bouquets d'arbres (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 66).
Spécialement
1. TECHN. MILIT. Progresser vers les positions ennemies par des travaux d'approche :
2. ... de larges fossés, et des remparts de branches et d'épines, défendirent le camp des Anglais contre les attaques de la garnison; ils firent aussi de profondes tranchées pour cheminer en avant à l'abri du trait et du canon; ... Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 4, 1821-24, p. 200.
2. TOPOGR. Procéder à un cheminement*.
Rem. Attesté ds Rob., Lar. encyclop. et Quillet 1965.
B.− P. anal.
1. [Le suj. désigne une chose concr. capable de mouvement] Se déplacer, avancer. Les nuages accumulés cheminent lentement dans les airs (Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 202).Les deux astres alternés l'inondent [la voie] également de clartés aussi longtemps qu'ils cheminent (Pesquidoux, Le Livre de raison,1928, p. 63).L'absorption des radiations lumineuses lorsqu'elles cheminent dans les couches d'eau (J.-M. Pérès, La Vie dans l'océan,1966, p. 85):
3. ... l'Arve (...) vient unir ses eaux fangeuses aux ondes limpides du Rhône. Les deux fleuves cheminent longtemps sans confondre leurs eaux; ... Toepffer, Nouvelles genevoises,1839, p. 469.
2. [Le suj. désigne une chose abstr.] Tout chemine ici-bas vers un but de mystère./Où va l'esprit dans l'homme? Où va l'homme sur terre? (Hugo, Les Feuilles d'automne, À mes amis, 1831, p. 768).Ceux qui croient que c'est la parole même qu'on a prononcée qui chemine telle quelle le long des fils du téléphone (Proust, La Fugitive,1922, p. 569).L'information chemine le long des nerfs (L. Couffignal, Les Machines à penser,1964, p. 73):
4. ... je dis simplement, en mon cœur, afin de les rejoindre par la seule voie qui soit efficace, à tous les jardiniers vivants et morts : « moi aussi, ce matin, j'ai taillé mes rosier ». Et peu importe, d'un tel message, s'il chemine ou non des années durant, s'il parvient ou non à tel ou tel. Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 992.
5. ... bien que les douleurs, quand on ne les accueille pas, sachent se mettre en réserve pour de futures résurgences et cheminent en nous souterrainement. Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 179.
Rem. L'emploi B 2 est proche de l'emploi C 3.
C.− Au fig.
1. [Le suj. désigne une pers.] Fam., vieilli
a) Cheminer droit. Ne pas faire de faux pas, ne pas commettre d'erreur. Il fera bien de cheminer droit (Ac.1835, 1878) :
6. Après ceci, aucun terme ne manquait plus à l'équation : il n'y avait qu'à cheminer droit, l'inconnue se dégageait d'elle-même. Estaunié, L'Ascension de M. Baslèvre,1919, p. 215.
b) (Savoir) cheminer. (Savoir comment procéder pour) progresser socialement, réussir. Cet homme chemine, il cheminera (Ac. 1835, 1878). Synon. usuel faire son chemin*.
2. [Le suj. est abstr.] Vieilli. Cheminer (bien). Aller son chemin*, aller son train. L'affaire chemine, (...) cela chemine bien (Littré). [Le suj. désigne un ouvrage littér.] Cela chemine bien. ,,L'ouvrage est bien suivi, les parties en sont bien disposées, bien enchaînées`` (Ac. 1835, 1878).
Rem. Lav. Diffic. 1846 écrit ,,L'on ne dit pas, comme le prétend l'Académie, qu'un poëme, qu'une oraison chemine bien, pour dire que l'ouvrage est bien suivi, que les parties en sont bien disposées. On dit ce discours, ce poëme est bien suivi``.
3. [Le suj. désigne un élément, un produit de la vie physique, affective ou intellectuelle] Usuel. Se modifier graduellement, évoluer, progresser. Tandis qu'il grimaçait la parade de la maladie, la maladie réelle cheminait; et la mort apparut (R. Rolland, Jean-Christophe,La Nouvelle journée, 1912, p. 1550).Chaque seconde de silence assassine un peu ceux que j'aime. Et une grande rage chemine en moi (Saint-Exupéry, Terre des hommes,1939, p. 224):
7. Un projet qui, depuis quelques heures, cheminait dans son inconscient, jaillit enfin à la lumière (...) : ce qui prenait subitement forme en lui, c'était un plan précis, le plan d'un geste déterminé, personnel; une de ces idées fixes comme en sécrètent, dans l'ombre, les cerveaux anarchistes. R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 659.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Un emploi adj. du part. prés. cheminant. Les grandioses architectures de Vézelay ou d'Autun (...) s'adressaient bien au delà des limites de la paroisse, à ces populations cheminantes qui venaient prier la Madeleine, Lazare (L. Hourticq, Hist. gén. de l'Art, La France, 1914, p. 14). b) Chemineur, subst. masc., vx. ,,Celui qui marche, qui fait du chemin`` (Guérin 1892, attest. isolée). Emploi adj. Souvent j'aide un enfant chemineur à porter la charge qui l'accable (Montherlant, Le Démon du bien, 1937, p. 1367).
Prononc. et Orth. : [ʃ(ə)mine], (je) chemine [ʃ(ə)min]. Pour [ə] muet cf. chemin. Ds Ac. 1694-1932. Homon. cheminée. Étymol. et Hist. 1. 1165-70 « marcher, avancer » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. W. Foerster, 3934), qualifié de ,,un peu vieux`` par Rich. 1680; spéc. 1863 milit. (génie) (Littré); 2. 1693 « faire des progrès, arriver à ses fins » (Bouh[ours, Remarques nouvelles sur la langue françoise], p. 166 d'apr. Brunot t. 4, p. 567). Dér. de chemin*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 669. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 901, b) 856; xxes. : a) 925, b) 1 058. Bbg. Boulan 1934, p. 26.