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CHAVIRER, verbe.
A.− Emploi intrans.
1. MAR. [Le suj. désigne une embarcation] . Donner de la bande au point de prendre l'eau, de rester couché sur le flanc et parfois de se retourner complètement. Le Bonadventure n'aurait pas chaviré, sans doute, car il était bien lesté (Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 407).
P. méton. [Le suj. désigne l'occupant d'une embarcation] Être victime d'un chavirement. Surpris par une raffale que la foiblesse de ma vue m'avoit empêché de voir, je chavirai (Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie,1801, t. 2, p. 100).
2. P. anal. Vaciller, chanceler; p. ext. se renverser, tomber.
[Le suj. désigne une chose] Delphin rigola si fort, que la hotte en chavirait sur son dos (Zola, La Terre,1887, p. 350).
En partic. [Le suj. désigne un véhicule] Capoter, culbuter. Il y avait Bayard-Clément, dont toutes les voitures ont chaviré (J. Rivière, Correspondance[avec Alain-Fournier], 1908, p. 32).
[Le suj. désigne une pers.] Un paysan ivre qu'on ne peut placer d'équilibre sur son cheval et qui chavire de droite si on le relève de gauche (Musset, Le Temps de 1830 et 1831,1831, p. 2).
Loc., fam. Chavirer dans le trou, au cimetière. Être inhumé (cf. ex. 1). À la fin des fins nous devons en venir à chavirer dans le trou (F. FabreBarnabé,1875, p. 202).
[Le suj. désigne les yeux] Se révulser. Les globes flamboyants de ses yeux chaviraient, tournaient au blanc (Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 251).
3. P. métaph. ou au fig. [Le suj. désigne une pers., ses attributs, ses sentiments, etc.] Être profondément bouleversé, vivement troublé. La conviction de M. De Rodays s'en est trouvée ébranlée jusqu'à chavirer cul sur tête (Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 74).Là où l'esprit commence à chavirer, c'est quand on nous dit que les systèmes solaires sont au nombre d'un milliard (Green, Journal,1948, p. 194).
Littér. [Le suj. désigne une chose] Être profondément perturbé; p. ext. disparaître. Le monde pourrait chavirer qu'ici nous n'en saurions rien (E. de Guérin, Lettres,1835, p. 94):
1. Mais mon cher monsieur Brun, les royaumes chavirent, les jolies femmes chavirent et nous finirons tous par chavirer au cimetière. Tout chavire dans la nature et naturellement, surtout les bateaux. Pagnol, Fanny,1932, II, 3, p. 119.
B.− Emploi trans.
1. MAR. Renverser, retourner, bousculer. Ils [les pêcheurs] se démenaient tous, changeant, chavirant l'arrimage (Loti, Pêcheur d'Islande,1886, p. 134).
Emploi factitif. Chavirer un bateau. Le faire chavirer. Si nous avions eu la moindre voile, il [le vent] nous eût chaviré vingt fois (Lamartine, Les Confidences,1849, p. 161).
2. P. ext. [Le compl. désigne une chose concr.] Déranger, renverser. Il prit son casque et partit, chavirant des verres (Mille, Barnavaux et quelques femmes,1908, p. 244).
Emploi pronom. avec valeur de passif, rare. On vit les yeux du petit-fils mourant se chavirer, se retourner vers le front (Loti, Pêcheur d'Islande,1886p. 155).
3. Au fig. [Le compl. désigne une pers., ses attributs, ses sentiments, etc.] Bouleverser, émouvoir. Les quatrains du poète de Rolla m'ont chaviré le cœur dans une mer de larmes (J. Lorrain, Monsieur de Phocas,1901, p. 286).De belles paroles qui chavirent les dames pieuses (Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1042).
Emploi factitif, rare. Faire perdre l'esprit (à quelqu'un) :
2. ... il [le percepteur] n'aimait rien tant que d'inviter quelque curé de la montagne et de le chavirer en droguant son vin de cendre de pipe. Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 212.
Rem. Quelques dict. (Lar. 20e, Rob. et Lar. encyclop.) enregistrent l'adj. chavirable. Qui est exposé à chavirer, qui peut chavirer.
Prononc. et Orth. : [ʃaviʀe], (je) chavire [ʃavi:ʀ]. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. A. Intrans. 1. 1687 mar. (Desroches, Dictionnaire des termes de marine); 2. p. ext. 1830 « chanceler (d'une pers.) » (Musset, loc. cit.); 3. fig. 1835 « aller à sa ruine » (E. de Guérin, Lettres, p. 97); 4. 1835 « se renverser » faire chavirer (Balzac, Melmoth réconcilié, p. 325). B. Trans. 1. 1701 mar. (Fur.); 2. 1859 fig. « renverser » (Ponson du Terrail, Rocambole, Le Club des valets de cœur, t. 3, p. 41). Issu du prov. cap-vira, cavira « (se) tourner la tête en bas, (se) retourner, (se) renverser » (Mistral; v. cap et virer) soit par francisation, soit plus prob. par l'intermédiaire de dial. d'oc situés à la limite du domaine d'oil ou du domaine fr.-prov. où c + a > cha. Cf. W. von Wartburg, La Fragmentation ling. de la Romania, Paris, Klincksieck, 1967, carte 6. Fréq. abs. littér. : 333. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 173, b) 229; xxes. : a) 692, b) 727. Bbg. Artur (J.). Le Lang. des gens de la mer. Déf. Lang. fr. 1970, no52, p. 22. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 198, 314, 336. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 310. − Millepierres (F.). Mots venus de la mer. Vie Lang. 1961, p. 22.