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CHAIRE, subst. fém.
A.− Vx. Siège généralement à dossier et sans bras.
1. ANTIQ. ROMAINE. Chaire (curule). Synon. chaise curule (cf. chaise B 1).Assis sur sa chaire d'ivoire, Hiéroclès [gouverneur romain]... (Chateaubriand, Les Martyrs,t. 2, 1810, p. 178).
2. [Au Moy. Âge et à l'époque de la Renaissance] Siège de bois massif, sculpté, à dossier et à accotoirs, ancêtre du fauteuil, réservé aux personnages de haut rang :
1. Au lieu d'escabelles, les locataires avaient pour sièges de grandes chaires en noyer sculpté, provenues sans doute du pillage de quelque château. Balzac, Les Proscrits,1831, p. 4.
3. [Dans les premiers siècles de l'Église et au Moy. Âge] Siège du pape, d'un évêque, plus rarement d'un abbé dans une église. L'évêque, étant dans sa chaire, donna la bénédiction au peuple (Ac.1798-1878).La chaire abbatiale (Leconte de Lisle, Poèmes tragiques,1886, p. 85).
P. méton. Fonction, autorité d'un évêque et plus particulièrement du pape.
SYNT. Chaire apostolique, pontificale; chaire de saint Pierre, chaire d'unité. Papauté, Saint-Siège. (1198), on voit monter sur la chaire de saint Pierre un homme dans la force de l'âge (Montalembert, Hist. de Ste Élisabeth de Hongrie, 1836, p. IX).
B.− Usuel. Siège élevé, tribune d'où l'on domine l'assistance que l'on instruit ou à laquelle on donne ses instructions. Il s'adressa à un huissier installé à l'entrée dans une chaire solennelle (Estaunié, L'Empreinte,1896, p. 130).
[P. anal. de forme] L'Apennin central avec (...) ses tabourets, ses tables, (...) ses chaires de marbre (Larbaud, A. O. Barnabooth,1913, p. 224).
Spéc., ARCHÉOL. Chaire (au diable). Menhir dont la forme rappelle grossièrement un siège (cf. Flaubert, Par les champs et par les grèves, 1848, p. 236).
P. métaph. :
2. Du haut de mon promontoire Du promontoire de ma justice, Et du siège de ma colère Et de la chaire de ma jurisprudence... Du trône de mon éternelle grandeur Je vois monter vers moi... Cette flotte qui m'assaille... Péguy, Le Mystère des Saints Innocents,1912, p. 53.
En partic.
1. [Dans une église, un temple] Tribune généralement surmontée d'un dais, d'où un prêtre, un pasteur fait des lectures, parle aux fidèles. Chaire évangélique; chaire à prêcher. L'abbé Lebrun (...), posa ses mains sur le bord de la chaire et (...), il prêcha (G. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 94).
SYNT. Chaire sacrée; descendre de chaire; monter, prêcher tonner en chaire; du haut de la chaire. Chaire de vérité [syntagme surtout employé en Belgique] (cf. Claudel, Un Poète regarde la Croix, 1938, p. 247).
P. méton. Charge, fonction de prédicateur, place qu'il occupe. Chaires éminentes de l'église (Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 2, 1803, p. 536).
Expr. Être assis (dans) sur la chaire de Moïse. Enseigner la loi de Moïse chez les Juifs (Matthieu, XXIII, 2 cité par Estaunié, L'Empreinte, 1896, p. 226).
Au fig.
a) Prédication. L'éloquence de la chaire :
3. La plume à la main, il [le P. Eudes] ne s'arrête pas de prêcher, d'improviser, et il cède éperdument à toutes les tentations de la chaire. Bremond, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 3, 1921, p. 631.
Expr. Chaire de mensonge, de pestilence. Hérésie. C'est autel contre autel et chaire de pestilence en face de chaire de vérité (Barrès, La Colline inspirée,1913, p. 208).
b) Ensemble de prédicateurs. La chaire chrétienne ne le désigne [un vice] que de loin et obscurément (Sainte-Beuve, Volupté,t. 1, 1834, p. 189).
2. FRANC-MAÇONNERIE. ,,Siège présidentiel d'un chef d'atelier`` (Mellor 1971). ,,L'installation rituélique d'un Vénérable se nomme Installation dans la chaire du roi Salomon`` (Mellor 1971).
3. Tribune, estrade pourvue d'une table et d'un siège où s'installe un professeur dans une école, une faculté pour faire son cours. Il se tenait au pied de la chaire, debout, face aux élèves (Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 1135).
En partic. [Le subst. est personnifié] Les chaires où dissertaient les maîtres de la scholastique sont restées muettes (Ozanam, Essai sur la philos. de Dante,1838, p. 282).
P. méton. Charge, place dont est titulaire un professeur dans une école, une faculté pour l'enseignement d'une discipline faisant l'objet d'un cours régulier. Chaire de médecine, de philosophie; occuper une chaire. Augustin se rappelait sa carrière (...). Une chaire de faculté, un siège de député (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 424).
SYNT. Chaire de professeur, de rhétorique; briguer, créer une chaire; être nommé à une chaire, être titulaire d'une chaire; professeur sans chaire.
P. iron. Des femmes de la société, de graves philosophes, avoient leurs chaires d'incrédulité (Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 1, 1803, p. 6).
Au fig. Enseignement :
4. Mais ce n'est rien de lire ce qui s'imprime sur votre compte auprès de cette sensation singulière de s'entendre commenter à l'Université, (...). Les vivants, de mon temps, n'existaient pas pour la chaire; ... Valéry, Variété III,1936, p. 57.
IDÉOL. POL. Socialisme de la chaire. Doctrine socialiste élaborée en 1872, au congrès d'Eisenach où les professeurs d'université étaient en majorité (cf. J.-A. Lesourd, C. Gérard, Hist. écon., XIXeet XXes., t. 2, 1966, p. 442).
Prononc. et Orth. : [ʃ ε:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. et homogr. chair, cheire, cher et chère. Pour le terme qui désigne un siège de bois, muni d'un dossier, formant coffre, Lar. encyclop. enregistre chaire ou chayère. Étymol. et Hist. 1. [xies. ds FEW t. 2, p. 506a, sans réf.]; 1remoitié xiies. chaere « siège à dossier » (Voyage de Charlemagne, éd. Aebischer, 343), encore attesté en ce sens sous la forme chaire au xviies. (v. Livet Molière, s.v. chaise), demeuré en usage dans les dial., notamment ceux de l'Ouest et du Centre (FEW t. 2, p. 506b), fortement concurrencé par chaise*; 2. ca 1170 « trône » (Rois, éd. Curtius, p. 6); 1690 Chaire de St. Pierre (Fur.); 3. 1269-78 « siège élevé d'où parle un professeur » (J. de Meung, Rose, éd. Lecoy, 12787); 1680 chaire de droit (Rich.); 1694 éloquence de la chaire (Ac.); 4. [ca, 1380 chaiere « siège dans lequel on se faisait porter », FEW, t. 2, p. 507a, sans réf.]; 1404 chayere (Christ. de Pisan, Charles V, 3ep., ch. 34, Michaud ds Gdf.); 1644 cherre à porteurs (Texte cité ds Gay) v. chaise étymol. 2; 5. mil xves. chaire de verité « chaire d'une église » (Chastellain, Chroniques, V. 116, 12 ds Heilemann, Der Wortschatz von Georges Chastellain, Leipziger romanistische Studien, Leipzig, 1937); 6. 1328 « base, charpente » (Compte de Odart de Laigny, Arch. KK 3a, fo85 vods Gdf.), seulement en m. fr., v. chaise étymol. 3. Du lat. class. cathedra « siège à dossier » en partic. « siège de celui qui fait une lecture publique, du professeur » et p. ext. « charge du professeur » puis en lat. chrét. « chaire à prêcher », « siège des apôtres [des évêques] » et « charge, dignité épiscopale », v. aussi chaise. Fréq. abs. littér. : 881. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 445, b) 1 333; xxes. : a) 1 385, b) 965. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 14. − Soyer (J.). Qq. mots du fr. mod. rares ou inéd. trouvés dans les doc. orléanais. Fr. mod. 1944, t. 12, p. 181.