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CERNER, verbe trans.
A.− ARBORICULTURE
1. ,,Creuser un fossé autour d'un arbre, soit pour l'arracher avec ses racines, soit pour substituer de la bonne terre à celle que l'on a enlevée`` (Fén. 1970).
2. ,,Pratiquer une incision autour d'un tronc ou d'une branche en enlevant l'écorce pour arrêter la sève descendante et favoriser la formation des fruits ou bien entraîner la mort de l'arbre`` (Fén. 1970). Cerner l'écorce (d'un arbre) (cf. Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 3, 1801, p. 135).
B.− Entourer.
1. [Le suj. désigne une chose] Nous passerons ce soir par le pont et la voûte Et ce fossé profond qui cerne le rempart (Péguy, La Tapisserie de Notre-Dame,1913, p. 683):
1. L'ombre cernait des visages bouffis et pâles et entourait, d'un halo touffu, les lampes qui brûlaient encore. F. Carco, Jésus-la-Caille,1914, p. 75.
P. métaph. L'aura qui cerne les hautes naissances historiques se lit (...) pour nous d'abord dans les prunelles prédestinées des femmes (Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 313).
Spéc., à la forme passive ou pronom. [En parlant des yeux; le compl. d'agent désigne souvent une certaine teinte] Yeux cernés de noir. Yeux cernés par une teinte bleuâtre (Mérimée, Arsène Guillot,1847, p. 86).Yeux cernés de larges cercles de bistre (T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 101).
Se cerner.Devenir cerné*. Jacques maigrissait déjà, ses beaux yeux bleus se cernaient (Balzac, Le Lys dans la vallée,1836, p. 139).
2. [Le suj. désigne une pers. ou par personnification, les éléments naturels; l'obj. désigne une pers., un coll. ou un lieu où se tiennent des pers.] Entourer de tous côtés de manière à ôter toute communication, tout moyen de fuite ou de secours extérieur. Un cordon de troupes cernant la ville et ne laissant entrer ni sortir personne (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 62).
[L'obj. désigne un animal] Un vieux sanglier qu'on n'arrivait pas à cerner dans sa bauge (Moselly, Terres lorraines,1907, p. 64).
P. métaph. Le public intervient, avec ses mœurs, sa vision du monde (...) il cerne l'écrivain, il l'investit (Sartre, Situations II,1948, p. 125):
2. Il ne paraissait pas vraisemblable que Mademoiselle Grandet voulût se marier durant son deuil. Sa piété vraie était connue. Aussi la famille Cruchot, dont la politique était sagement dirigée par le vieil abbé, se contenta-t-elle de cerner l'héritière en l'entourant des soins les plus affectueux. Balzac, Eugénie Grandet,1834, p. 228.
C.− B.-A. et PEINT. Marquer, souligner (le contour d'un dessin ou d'une peinture). Ce visage [du portrait de Dürer], que le trait cerne douloureusement (Du Bos, Journal,1924, p. 216).Son profil (...) cerné par le plomb d'un vitrail (Coppée, La Bonne souffrance,1898, p. 99):
3. Vous avez remarqué que la plupart des peintres cernent les objets (...) d'un contour arrêté, quelquefois même d'un trait noir... Toulet, Notes sur l'art,1920, p. 47.
Emploi pronom. Se cerner.Être cerné, marqué. Les contours (...) ne se cernent pas et ne s'arrêtent pas durement (T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 53).
P. anal. [En parlant d'un visage qu'on maquille, d'un obj. quelconque] Celle-ci [la neige] depuis trois jours (...) cernait d'un liseré blanc les branches des arbres (A. Arnoux, Paris-sur-Seine,1939, p. 200).Un dur trait de crayon dont elle cernait le beau dessin de sa paupière (Colette, Le Képi,1943, p. 18).
D.− Fig. Faire le tour de (quelque chose ou quelqu'un).
1. [Par les yeux et l'esprit; l'obj. désigne une pers., ses traits, sa nature] Observer, étudier :
4. Je cernais chaque détail de ses traits, j'observais son âge − quarante ans passés sans doute − l'expression d'énergie si manifeste, et, dans les plis de la bouche, une sorte d'amertume et de fierté qui frappait. Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?,1934, p. 358.
2. [Par l'esprit; l'obj. désigne une chose abstr. ou une réalité considérée abstraitement, qui passe pour difficile à saisir] Approcher en vue d'une saisie précise :
5. ... ses mensonges [au prévenu], autant que les documents exacts qu'on a par ailleurs sur son crime, aident à cerner la vérité, permettent d'approcher son âme. Barrès, Les Déracinés,1897, p. 470.
6. La compréhension, la connaissance de l'œuvre d'art ne percent pas son mystère, mais elles le cernent avec précision. Elles le définissent, au sens propre, en fixant la limite où il commence. Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 439.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. cernage (cf. Malraux, Les Voix du silence, 1951, p. 170). [Dans le domaine de la peint.] Fait de cerner, d'entourer d'un cerne (cf. Sartre, Situation II, 1948, p. 125).
Prononc. et Orth. : [sε ʀne], (je) cerne [sε ʀn]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1ertiers du xiiies. « entourer » (La Petite Philosophie, éd. P. Meyer ds B. de la Société des Anc. Textes Fr., Paris, 1880, p. 53); 2. 1273 « creuser un fossé autour d'un arbre » (Establissements de Saint Louis, I, 26 ds Gdf. Compl. : les arbres cerner); av. 1328 « détacher par une incision circulaire » (Ovide moralisé, Commentaire, éd. C. De Boer, Amsterdam, 1915-36, t. 4, 6544); 1403 cerner des noix (Chr. de Pisan, Le dit de la pastoure, v. 271-274 ds Œuvres poétiques de Chr. de Pisan, éd. M. Roy, t. 2, pp. 231-232); 3. 1694 part. passé et adj. les yeux cernés (Ac.); 4. 1798 milit. (Ac.); 5. 1867 chir. cerner une tumeur (Lar. 19e); 6. 1858 arts graph. (Th. Gautier, Le Roman de la Momie, 31 ds IGLF : toutes ces figurations, cernées d'un trait creusé dans le calcaire et bariolées des couleurs les plus vives, avaient cette vie immobile [...] de l'art égyptien); 1863 part. passé fém. substantivé (E. et J. de Goncourt, Journal, t. 1, p. 960 : c'est tout à fait la cernée de Decamps, que celle de la maison, de l'arbre, de la porte!); 1922 part. passé masc. substantivé, céramique (Lar. univ.). Du lat. class. circinare « parcourir en formant un cercle, arrondir », dér. de circinus (cerne*). Fréq. abs. littér. : 276. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 259, b) 165; xxes. : a) 317, b) 667. Bbg. Goug. Mots t. 2, 1966, p. 81. − Monnot (R.). Le Noyer. Vie Lang. 1963, pp. 383-386. − Sain. Sources t. 1, 1972 [1925], p. 150.