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* Dans l'article "CASSER,, verbe."
CASSER, verbe.
I.− Emploi trans.
A.− [Le compl. désigne un inanimé concr.]
1. Mettre en morceaux, volontairement ou non, par choc, par pression ou par mouvement violent. Casser du bois; casser un carreau, un verre :
1. Il [Rodolphe] cassait les jouets, renversait l'eau, salissait sa robe, et faisait tomber les plats, en fouillant dans le placard. R. Rolland, Jean-Christophe,L'Aube, 1904, p. 32.
2. Il s'était levé et agitait ses grands bras au risque de casser des bibelots ou de décrocher le portrait du prince Luigi. Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 155.
Spéc. Casser des œufs, casser des noix (Ac. 1798-1932). Briser des coquilles d'œufs, de noix, de noisettes pour en consommer le contenu.
P. méton. [L'obj. désigne une partie d'un mécanisme] Arrivé à Bruckenau. 29 lieues. Cassé ma voiture (Constant, Journaux intimes,1804, p. 79):
3. ... le lord sortit du magasin en cassant le système à air comprimé de la porte. Larbaud, A. O. Barnabooth,1913, p. 15.
Proverbes. Qui casse les verres les paye (Ac. 1798-1932). Celui qui est coupable doit réparer; d'où payer les pots cassés. Je vois approcher avec plaisir le moment où la vieille dame va payer les pots cassés (Boylesve, La Leçon d'amour dans un parc,1902, p. 151).On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs. On n'obtient pas un résultat important sans quelque violence ou dégât. On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs. Mais à la fin, qui les mangera toutes ces omelettes? les œufs cassés pourriront et infesteront la terre (S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 336).
2. Loc. (souvent au fig.)
a) Domaines techn.Changer plus ou moins radicalement le mouvement, les effets ou l'aspect d'une chose.
AGRIC. Casser une bruyère (Lar. 19e, Lar. encyclop.). Donner un premier labour à une terre en friche.
Rem. Qq. dict., tels que Ac. 1798, Littré, DG, attestent le subst. fém. cassaille. Premier labour donné à une terre en jachère.
CHANT. Casser la voix. Altérer sa tessiture par une fatigue excessive. Des rôles fatigants ont cassé la voix de ce chanteur (Littré).
COMM. Casser les prix, les cours (Rob.). Faire baisser brutalement les prix, les cours ayant tendance à monter.
DR. Casser un arrêt, un contrat (Ac. 1835-1932), une condamnation, une sentence. Déclarer nul. Il [l'empereur] ordonna de casser le mariage de son frère Jérôme avec MllePatterson (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 647):
4. ... il attendait que l'instruction criminelle fût finie, pour voir s'il n'y aurait pas moyen de faire casser ce testament immoral. Zola, La Bête humaine,1890, p. 79.
MAR. Casser l'erre (Ac. Compl. 1842, Lar. 19e, Lar. encyclop., Littré, Rob.). Ralentir l'erre d'un navire avant son arrêt.
ART MILIT. Casser l'infrastructure. Désorganiser un adversaire par les pertes qu'on lui fait subir. Nous n'aurons pas la victoire tant que nous n'aurons pas cassé l'infrastructure vietcong (Express,17 oct. 1966ds Gilb. 1971).
MUS. (et autres arts de l'expression). Casser un rythme.
PHYS. ATOMIQUE. Casser l'atome. Provoquer la fission (cf. Gilb. 1971).
b) Arg., fam.
[Le compl. désigne de la nourriture ou de la boisson]
[Sans valeur péj.] Casser une/la croûte, la graine. Le père proposa de casser une croûte à l'auberge des mariniers (Moselly, Terres lorraines,1907, p. 48).Casser le goulot. Déboucher une bouteille, boire. On cassa le goulot à quatre nouveaux litres (Zola, L'Assommoir,1877, p. 574);p. anal. casser une pièce de vin (Littré). L'entamer.
[Avec valeur péj.] Au fig. Casser du sucre sur la tête/le dos de qqn. Médire de quelqu'un en son absence. Ce Fontan cassait toujours du sucre sur la tête des camarades! (Zola, Nana,1880, p. 1324).Casser le morceau. Avouer malgré soi (un secret), donner l'ultime explication. Et puis un beau jour on finit quand même par casser le morceau devant tout le monde (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 292).
Autres expr.
Casser les vitres. Agir avec éclat sans prendre de ménagements :
5. Hassler, enragé et enchanté de cette auguste opposition, qui, pour les partis avancés de l'art allemand, était presque devenue une consécration, continuait de plus belle à casser les vitres. À chaque nouvelle sottise, les amis s'extasiaient et criaient au génie. R. Rolland, Jean-Christophe,La Révolte, 1907, p. 538.
Casser sa tirelire. Dépenser toutes ses économies. Elle pense (...) à casser sa tirelire pour s'acheter un chiffon que n'a pas une de ses amies (E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 300);p. ext. casser un billet, une pièce. Commencer à dépenser une somme :
6. Ce Caffiaux, en voilà un que les ménagères auraient dû maudire! Elle venait d'y voir entrer Bourron, son homme, avec Ragu, et c'était pour sûr une pièce de cent sous qu'il allait casser là. Zola, Travail,t. 1, 1901, p. 23.
Casser sa pipe. Mourir. Ma vie est loupée; mais je n'ai pourtant pas envie de casser ma pipe (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Les Maîtres, 1937, p. 101).
Loc. à valeur adj. À tout casser. Énorme, sans retenue. Un petit bal à tout casser (Meilhac, Halévy, La Vie parisienne,1867, III, 2, p. 56).Des compliments à tout casser (E. et J. de Goncourt, Journal,1896, p. 967).Qui ne casse rien. Sans éclat, qui n'est pas éblouissant. Son intelligence [de la Perruche] ne cassait rien non plus (Léautaud, Le Petit ami,1903, p. 117).
Empl. absol. Cambrioler, voler avec effraction :
7. Ils [Régnier de Montigny et Colin de Cayeux] forment avec lui [Villon] le trio classique de malfaiteurs qui, lorsqu'ils ne « cassent » pas, attirent les « pigeons » au jeu et les plument à l'aide de faux dés. F. Carco, Nostalgie de Paris,1941, p. 98.
B.− [Le compl. désigne une pers.]
1. Affaiblir, briser physiquement ou moralement. Les fatigues de la guerre, les débauches l'ont fort cassé (Ac.1798-1932).Et brusquement, sans raison apparente, comme un fil trop tendu, son enthousiasme casse net (R. Martin du Gard, Jean Barois,1913, p. 332):
8. Ces fièvres, ces soubresauts, coupés de violences intérieures, me cassent et me brisent. Balzac, Lettres à l'Étrangère,t. 1, 1850, p. 486.
P. anal. [L'obj. désigne un sentiment, une habitude d'une pers.] Casser une habitude, une atmosphère. L'ordre alphabétique « casse » provisoirement l'imagination ou la passion du lecteur (Gilb.1971).
P. méton. [L'obj. désigne une collectivité, une organisation ou sa manière d'exister] Neutraliser. Casser l'alliance, l'organisation, la spéculation, les syndicats, l'Université (Gilb. 1971).
2. Dégrader, priver de son titre ou de son emploi. Casser un officier, un caporal, un sergent (Ac. 1798-1932), casser un magistrat (Littré), casser un fonctionnaire. Vous n'êtes plus, dit-il, que le fonctionnaire d'un fonctionnaire déchu; nous venons vous casser de vos fonctions (Zola, La Fortune des Rougon,1871, p. 154):
9. ... j'aime à rappeler, sur la foi de Mirabeau, ce vieux marquis de Coëtquen, qui, plutôt que de paraître en uniforme à la revue du roi, se fit casser par lui à la tête de son régiment : ... Vigny, Servitude et grandeur militaires,1835, p. 19.
Casser qqn aux gages. Priver d'un emploi appointé. Une intrigue galante l'avait fait casser aux gages (Delécluze, Journal,1828, p. 487).Au fig. Cassée aux gages, et pour un moment mise sur le pavé, la Révolution, nue et les bras croisés, assistait aux séances dans les tribunes (Chateaubriand, Congrès de Vérone,t. 1, 1838, p. 33).
3. Fam. [Le compl. désigne une partie du corps]
a) [L'accent est mis sur la violence, la brutalité d'un geste] Casser le nez, les os, la tête à qqn. Frapper violemment. Casser la figure. Il y avait vingt personnes qui voulaient lui casser la figure (Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 217).Casser la margoulette à. Louis XVIII (...) faisait casser la margoulette aux gardes de l'escorte (Gyp, Souvenirs d'une petite fille,1928, p. 209).Casser la gueule à. Si l'on m'embête, je suis disposé à casser la gueule au premier venu (Flaubert, Correspondance,1856, p. 207):
10. Henri retint Vincent, tandis que Louis posait sa main sur l'épaule de Lambert : « Laissez tomber, dit Louis. − Je veux lui casser la gueule. (...) » S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 271.
Au fig. Casser les reins à. Briser socialement quelqu'un. Clemenceau croyait casser les reins de son adversaire. Il a offensé la vanité française du même coup (Barrès, Mes cahiers,t. 7, 1909, p. 246).Casser le cou à la fortune de qqn. Briser la carrière de quelqu'un. Je serai venu dans ce pays pour casser le cou à sa fortune! (Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 219).
b) [L'accent est mis sur la fatigue physique ou morale, le découragement] Au fig. Casser bras et jambes à qqn. (Lar. 19e, Lar. encyclop., Rob.). Enlever tout courage, anéantir. Casser les bras à. Ça vous casserait les bras de l'amener jusqu'ici [une valise]? (Aymé, La Mouche bleue,1957, p. 81).Casser la tête à. Ses bavardages me cassent la tête (R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 945).Casser les oreilles. Tais-toi un moment, bon dieu! Tu nous casses les oreilles (Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 106).Casser les membres à. Une tristesse impétueuse s'abattait sur Alban, un découragement à vous casser les membres (Montherlant, Le Songe,1922, p. 55).Casser les pieds. Tu me casses les pieds, dit La Poule (Giono, Le Grand troupeau,1931, p. 196).
c) [Le compl. désigne une partie du corps du suj.] Se casser un bras, une jambe (Ac. 1878-1932). Se briser, se fracturer un bras, une jambe. Se casser la figure, la gueule. Tomber en se faisant plus ou moins mal. Au fig. Échouer dans une entreprise. J'entreprends ça [ces sortes d'œuvres] sur une grande échelle, au risque de me casser la gueule. Le système San-Antonio! (San Antonio, J'ai bien l'honneur de vous buter,Paris, Fleuve Noir, 1971, p. 108).
Se casser le cou. Une escarpolette à se casser le cou (G. Sand, Histoire de ma vie,t. 3, 1855, p. 412).Au fig. Tant que je serai vivante, tu ne te casseras pas le cou par un sot mariage (Balzac, Ursule Mirouët,1841, p. 95).
Se casser les dents. Elles étaient dures, les raves! Oh! Dures à se casser les dents (Zola, Une Page d'amour,1878, p. 1044).Au fig. Se heurter à une difficulté. On se cassera les dents contre votre vérité (Flaubert, Correspondance,1864, p. 4).
Se casser le nez. Au fig. Trouver porte close :
11. Celui-ci [M. Octave] avait dit aux deux messieurs qu'ils seraient toujours sûrs de le trouver le jeudi après-midi; les autres jours ils risquaient fort de se casser le nez. Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 777.
Se casser la tête ou se casser le crâne, se casser les méninges. Au fig. Éprouver de grandes difficultés et déployer de grands efforts pour résoudre un problème. À se casser la tête contre les murs (Littré, DG, Rob.). Se laisser aller au découragement.
[À la forme négative ou interr.] Ne pas se casser la tête. Juger inutile de faire un effort spécial. Pourquoi se casser la tête quand, par suite d'éliminations successives, tous ses adversaires, l'un après l'autre, avaient été mis hors circuit? (M.-G. Braun, Apôtres de la violence,Paris, Fleuve Noir, 1962, p. 178).
Se casser les reins. Au fig. Échouer, briser sa carrière. Un Français se casserait les reins à vouloir l'imiter [Picasso] (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 91).
II.− Emploi pronom.
A.− Emploi réfl., arg.
1. S'enfuir :
12. Léa me rejoignit au pesage. − Cassez-vous. Sans cela il ne pourra pas s'endormir. Morand, Ouvert la nuit,1922, p. 173.
2. Ne pas se casser. Ne pas se fatiguer.
B.− Emploi réciproque. Se casser la tête, la figure, la gueule. Se battre.
C.− Emploi à valeur passive. [En parlant d'un objet] Se briser. Le pot se cassa en tombant (Littré); le verre se casse facilement (Ac. 1932). L'épine du dos, au dire de ces dames, se cassoit comme du verre (Bonstetten, L'Homme du Midi et l'homme du Nord,1824, p. 172).
Spéc. [En parlant d'un tissu, d'un cuir] Faire un angle brusque au contact du sol (quand il s'agit de plis, de draperies), s'assouplir, « se faire » (quand il s'agit de chaussures) :
13. ... on la reconnaissait [Philomène] entre toutes à son agenouillement profond (...) à sa jupe, dont les plis droits, tombant de sa taille à terre, se cassaient au ressaut de ses talons. E. et J. de Goncourt, Sœur Philomène,1861, p. 57.
D.− Emploi pronom. à valeur subjective. S'affaiblir, se dégrader. C'est un homme qui commence à se casser (Ac.1835-1932, Rob.):
14. ... la pauvre grand'maman se casse beaucoup et vite; elle n'a plus le courage de sortir, l'asthme la persécute et le souci pour le second de ses fils, mal marié, la mine sans relâche et sourdement, ... Amiel, Journal intime,1866, p. 83.
III.− Emploi intrans.
A.− Se rompre, se briser. La corde cassa (Ac. 1798-1878); cette poutre (...) va casser (Lar. 19e, Lar. encyclop.). Panturle s'est arrêté pour raccommoder la longe qui venait de casser (Giono, Regain,1930, p. 220).
[En parlant d'un fruit] Avoir une chair ferme, craquante. Cette poire casse sous la dent (Ac.1798-1878).
Au fig. [En parlant de la voix] Se briser, être altéré sous le coup de la fatigue, de l'effort ou de l'émotion :
15. Il y a un malheur par ici, fit-il, et sa voix cassa bizarrement. Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 31.
Expr. fam. Cela casse comme du verre (Rob.). C'est très fragile.
Proverbe, au fig. Quand la corde est trop tendue, elle casse (DG, Lar. encyclop., Rob.). On risque de tout briser en tendant à l'extrême une situation.
B.− [En parlant d'une matière] S'effriter, perdre de sa consistance. Cette pâte casse sous les doigts (Rob.).De vieux tronçons de fer qui cassaient entre ses doigts (Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 390).
Au fig. Se dégrader.
Proverbe. Tout passe, tout lasse, tout casse (Nouv. Lar. ill.-Lar. encyclop., Rob.).
Prononc. et Orth. : [kɑse], (je) casse [kɑ:s]. Durée longue sur [ɑ] pour l'inf. ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834 et Gattel 1841; cf. une durée mi-longue ds Barbeau-Rodhe 1930. Pour le timbre post. de [ɑ] dans l'inf. cf. Mart. Comment prononce 1913, p. 34, Buben 1935, p. 63 et Kamm. 1964, p. 97 : [ɑ] dans ,,les dérivés et composés des mots en -asse [cf. casse1] où l'a se prononce ouvert (= post.) par exception à la règle et notamment passer, passant, dépasser, repasser, casser, cassant, délasser, lasser, lassitude, prélasser, trépasser, ramasser, tasser, entasser``. Pour [ɑ] post. dans l'inf., anal. de [ɑ] dans la forme accentuée, cf. G. Straka, Syst. des voyelles du fr. mod., Strasbourg, Inst. de Phonét., 1950, p. 25. Enq. /kas, (D)/ (il) casse. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 quasser « mettre en morceaux, briser » (Roland, éd. J. Bédier, 2078), forme attestée jusqu'au xiiies. ds T.-L.; ca 1160 casser (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 4443); 1549 part. prés. adjectivé cassant « qui se casse facilement » (Est.); 1718 poire cassante (Ac.); 1866 subst. le cassant du verre (Lar. 19e); 1833 fig. adj. « qui tranche, autoritaire » (Chênedollé, Journal, p. 113); av. 1869 subst. « caractère de ce qui est absolu » (Ste-Beuve ds Lar. 19e); divers emplois techn. 1690 agric. casser la terre (Fur.); 1690 text. pronom. (ibid. : le camelot se casse); divers syntagmes a) 1585 en casser « en dire » (Cholières, 1reAp. Disnée, p. 35 ds Hug.), attest. isolée; 1787 câsser les vitres « tenir des propos libres ou trop hardis » (Fér. Crit.); b) 1561 « manger » (Rasse des Nœuds, Chant royal, Abbus et Jargon ds Esn.); 1643 fig. n'en casser que d'une dent « ne faire qu'en tâter » (Corn., Le Menteur, IV, 9 ds Littré); 1798 casser la croûte « manger un morceau » (Ac.); d'où emploi fig. 1844 casser le morceau « avouer » (Vrais Mystères ds Esn.); 1866 casser du sucre « faire des cancans » (Lar. 19e); c) 1690 Qui casse les verres les paye « chacun est responsable de ses erreurs » (Fur.); 1808 payer les pots cassés (D'Hautel, Dict. du bas lang.); av. 1866 à tout casser « sans retenue, excessif » (J. Rousseau ds Lar. 19e); d) 1932 arg. casser « cambrioler » ds Esn.; 1941 casser qqn « cambrioler chez lui », supra ex. 7; 1957 casser les prix « vendre plus bas que les prix imposés ou ceux pratiqués par les concurrents » (Bél.); 2. xiies. quasser « rompre les os » (Roncisv., 104 ds Littré); 1538 casser la tête de qqn « la fracasser » (R. Estienne, Dictionarium latino−gallicum) ,,vx`` d'apr. Pt Rob.; d'où diverses expr. fig. a) ca 1450 casser la cervelle « importuner » (Myst. du Vieil Test., éd. J. de Rothschild, 2055), attest. isolée; 1677 se casser la tête « se fatiguer l'esprit à chercher » (Sév., 661, 12 oct. ds Rob.); av. 1696 se casser la tête contre les murs « se désespérer » (Sév., 409 ds Littré); 1866 « (d'un vin) monter à la tête » (Lar. 19e); b) 1549 casser les reins (Est.); 1929 se casser les reins « échouer » (Lar. 20e); c) 1740 se casser le cou, se casser le nez « échouer » (Ac.); 1834 se casser le nez « trouver porte close » (Musset, La Nuit vénitienne, p. 216); d) av. 1825 casser les bras « décourager » (P.-L. Cour., Lett. I, 113 ds Littré); 1827 casser les jambes « id. » (Chateaub., Amér., 24, ibid.); 1835 se la casser [la jambe] « s'enfuir » (Raspail ds le Réformateur d'apr. Esn.); d'où 1908 pop. se casser « s'en aller » (Esn.); 1922 (Morand, Ouvert la nuit, p. 173); e) 1856 casser sa pipe « mourir » (Michel); f) 1856 pop. casser la gueule (Flaubert, Correspondance, p. 207); 1890 pop. casser les pieds à qqn « l'importuner » (ds. Esn.). B. 1165-70 quasser « blesser, affaiblir » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. W. Foerster, 5001); av. 1592 part. passé adjectivé voix cassée « voix faible » (Mont., II, 20 ds Littré); 1636 homme cassé « homme affaibli par l'âge » (Corn., Cid, III, 5, ibid.). C. 1. 1erquart du xiiies. « annuler » (Reclus de Molliens, Miserere, LXXVII, 1, Van Hamel ds Gdf.); av. 1511 spéc. dr. casser un privilège « l'annuler » (Comm., II, 4 ds Littré); 1549 casser un testament (Est.); 2. 1549 casser qqn aux gages « le priver d'emploi » (ibid.); 1690 « destituer quelqu'un (officier ou magistrat) » (Fur.). Du b. lat. quassare « agiter fortement » (Ennius apud Macrobe 6 Saturn. 3 ds Forc.) fréquentatif de quatere « secouer »; attesté également au sens de « frapper violemment, endommager », d'« affaiblir »; à noter prob. pour le sens d'« annuler », terme jur., la rencontre de quassare avec le b. lat. cassare « annuler, casser », terme jur. (408 ds TLL s.v., 519, 41; v. aussi Mittellat. W., s.v. cassare), dér. de l'adj. cassus « vide, vain ». Fréq. abs. littér. : 2 231. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 554, b) 4 564; xxes. : a) 4 855, b) 2 790.
DÉR. 1.
Cassard, arde, adj.Qui se casse facilement. Guette Monsieur de ton tilleul, pas de l'orme, il est trop cassard (J. de La Varende, Nez-de-Cuir, gentilhomme d'amour,1936, p. 114). Seule transcr. ds Littré : kâ-sar. 1reattest. 1936, supra; du rad. de casser, suff. -ard*.
2.
Casseau, subst. masc.,méd. vétér. Sorte de pince en bois servant à la castration des animaux. La castration par les casseaux ou à la pince (E. Garcin, Guide vétér.,1944, p. 116). [kɑso] ou [ka-]. [ɑ] post. ds Lar. Lang. fr. et Passy 1914; cf. aussi Land. 1834, Fél. 1851 et DG; [a] ant. ds Nod. 1844 et Littré. [ɑ] ou [a] ds Pt Rob. Au plur. ds Littré et Lar. Lang. fr. Homon. cassot (terme de fabricant de papier, cf. Darbois 1830, p. 237). 1reattest. 1832 (F. Raymond, Dict. gén. de la lang. fr., Paris, André-Crochard-Levrault); du rad. de casser, suff. -eau* (cf. FEW t. 2, p. 1430 b). Fréq. abs. littér. : 1.
3.
Casserie, subst. fém.,vx, rare. Action de casser. Je sais fort bien que vous payerez votre écot et celui de vos démons de lansquenets en jurons et casserie (G. Sand, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,t. 2, 1858, p. 120). Seule transcr. ds Littré : ka-se-rie. 1resattest. a) 1551 « licenciement » (Du Villars, Mém., II, Sommaire ds Gdf. Compl.) − 1611 (Cotgr.), b) 1858, supra; du rad. de casser « annuler » (pour le sens a) et « briser » (pour le sens b), suff. -erie*.
4.
Cassoir, subst. masc.Instrument qui sert à casser. Cuir garni de couteaux, couperets et cassoirs (A. Arnoux, Paris-sur-Seine,1939, p. 313). 1reattest. 1939 id.; du rad. de casser, suff. -oir*.
BBG. − Barb. Loan-words 1921, p. 142. − Duch. 1967, § 15.12, 57. − Grimaud (F.). Pt gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1968, p. 637; 1969, p. 112. − Lyer (S.). Part. prés. actif avec le sens de passif. Archivum romanicum. 1932, t. 16, p. 302. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 68, 122. − Sain. Lang. par. 1920, p. 150, 327, 419, 426.