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CARREFOUR, subst. masc.
A.− [Le carrefour est un nœud de communication ds l'espace habité]
1.−
a) Lieu relativement large (par opposition au simple croisement) où se rencontrent plusieurs routes, chemins ou rues venant de directions contraires. Arriver à un carrefour; poteau indicateur de carrefour; planter des croix dans les carrefours (Ac.) :
1. Il y a, au sommet le plus élevé et le plus habituellement solitaire du parc de Saint-Cloud, (...), un carrefour composé du croisement de trois longues allées. Là, ces allées se rencontrent et forment en se rencontrant une large pelouse vide. Lamartine, Raphaël,1849, p. 291.
P. plaisant. Une hirondelle de carrefour. Un gendarme (cf. P. Vialar, La Mort est un commencement, Les Morts vivants, 1947, p. 174).
MINES. Lieu où se croisent des galeries souterraines (cf. Noël 1968).
b) P. anal.
[En parlant du corps hum.] Il avait au coin de l'œil un carrefour de rides (Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 98).
ANAT. Point d'intersection de plusieurs veines, nerfs... Un carrefour veineux (G. Gérard, Manuel d'anat. hum.,1912, p. 233).
2. P. ext. [Dans une localité] Lieu assez large où aboutissent diverses rues et où se croisent beaucoup de gens; voie publique :
2. On disait partout, jusque dans les tavernes et les carrefours, qu'ils [le Duc d'Orléans et la Reine] ne se souciaient de rien que d'arracher l'argent au peuple, ... Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 2, 1824, p. 354.
Péjoratif :
3. La République les [l'Église et la Monarchie] a vaincues par ses promesses de liberté, par ses prétentions, clamées à tous les carrefours, d'installer la justice dans le monde. Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 32.
Loc. péj. Musicien, chantre de carrefour (Lar. 19e). Muse des carrefours. Poésie populaire. Langage, injures de carrefour. Paroles, injures grossières (cf. Ac. 1878-1932). Tes braillards de place publique et tes harangueurs de carrefour (Renan, Drames philos.,1888, p. 596).
Vénus des carrefours. Prostituée. P. métaph. Moins que jamais, il sera la vénus des carrefours. Et c'est tant mieux pour les cœurs à qui il se rendra sensible (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 130).
B.− P. compar. ou métaph. Point de rencontre d'éléments divers ou opposés.
1. [La métaph. porte sur ce qui se rencontre dans un point de l'espace habité] L'Égypte seule, grâce à sa position entre l'Afrique et l'Asie, la Méditerranée et la Mer Rouge, est un carrefour d'espèce humaine (Vidal de La Blache, Principes de géogr. hum.,1921, p. 54):
4. À la vue des tombes innombrables (...) le lettré médita sur la destinée des hommes : − Hélas! se dit-il, voici le carrefour où aboutissent tous les chemins de la vie. A. France, La Vie littér.,t. 3, 1891, p. 87.
2. [La métaph. porte à la fois sur le lieu et ce qui s'y rencontre] L'université carrefour de nombreuses disciplines.
[En parlant d'un lieu quelconque] Une bibliothèque, c'est le carrefour de tous les rêves de l'humanité (Green, Journal,1941, p. 145).
[En parlant de pers.] Des esprits carrefours, tout à la fois athées et religieux (Barrès, Le Voyage de Sparte,1906, p. 6).Il est [Barrès] une sorte de carrefour où se croisent et se combinent les influences de Renan, de Taine, de Stendhal, de Gœthe (Léautaud, Journal littér.,t. 1, 1893-1906, p. 31).
[En parlant d'un moment de la vie où l'on doit choisir entre diverses voies, p. réf., notamment, au jeune Hercule placé au carrefour de la vertu et du vice] Il [l'esprit] va remontant dans les souvenirs, s'arrêtant aux carrefours et aux embranchements (Flaubert, Correspondance,1851, p. 285):
5. Les prédestinations (...) ont des impasses, des cœcums, des tournants obscurs, des carrefours inquiétants offrant plusieurs voies. Jean Valjean faisait halte en ce moment au plus périlleux de ces carrefours. Il était parvenu au suprême croisement du bien et du mal. Il avait cette ténébreuse intersection sous les yeux. Cette fois encore, (...), deux routes s'ouvraient devant lui; l'une tentante, l'autre effrayante. Laquelle prendre? Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 651.
Être à un carrefour. Être acculé à une option importante.
3. Néol. [À l'intérieur d'un grand rassemblement ou de manière indépendante] Rencontre d'un nombre réduit de personnes, en vue d'un échange d'informations et d'idées sur un thème donné; lieu d'une telle rencontre; personnes participant à une telle rencontre. Un carrefour sur la réforme de l'Université a eu lieu à M. (M.,16 sept. 1968ds Gilb. 1971).
[P. oppos. à des réunions plus réduites] Le carrefour éclate : huit ateliers attaquent simultanément le sujet (Le Congrès M.C.C. (9, 10, 11 nov. 1974),janv.-févr. 1975, no63/64).
Carrefour linguistique. Dans une grande rencontre internationale, réunion entre gens d'une même langue (Vie lang., p. 240).
Prononc. et Orth. : [kaʀfu:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. ca 1110 quarefoz « endroit où se croisent plusieurs chemins » (Gormont et Isambart, éd. Bayot, 629 : Au quarefoz de treis chemins); xiiies. carrefour (Ménestrel Reims, éd. N. de Wailly, 198 ds T.-L.); 1835 fig. le carrefour de la vie (Balzac, Le Père Goriot, p. 123); 2. p. ext. 1663 « voie publique » (Mol., Éc. des femmes, I, 1 ds Littré : Et s'il faut que sur vous on ait la moindre prise, Gare qu'aux carrefours on ne vous tympanise); 1812, 29 août chansonniers de carrefour (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 2, p. 291); 3. p. anal. « lieu de rencontre d'idées, de sentiments, de personnes, etc. » a) 1849 carrefour de l'âme (Flaubert, La Tentation de St Antoine, p. 352); b) 1921 carrefour d'espèce humaine supra. Du bas lat. quadrifurcus, littéralement « qui a quatre fourches » (ds Forc.) postérieurement substantivé au sens de « lieu où se croisent quatre chemins »; cf. carrouge issu du lat. class. quadrŭvium. Fréq. abs. littér. : 891. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 822, b) 1 325; xxes. : a) 1 505, b) 1 471. Bbg. Bernelle (A.). Quatre. Vie Lang. 1961, p. 250. − Delmond (P.). Rues, boulevards, avenues ... Distinguons! Vie Lang. 1969, p. 547. − Rommel (A.). Die Entstehung des klassischen französischen Gartens im Spiegel der Sprache. Berlin, 1954, t. 22, 30, 38.