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CARESSER, verbe trans.
A.− Faire des caresses*.
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) [Le compl. désigne une pers.] Caresser un enfant, une femme; caresser ses cheveux, son épaule :
1. Surtout ils [les bergers] s'occupent des enfants. Eux, à qui les leurs manquent tant, ils s'emparent de ceux de leurs hôtes. Ils les prennent sur leurs genoux, les câlinent et les caressent. Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 240.
Par antiphrase, pop. Frapper. Caresser les côtes de qqn :
2. ... poissarde en fanchon, qui, de l'arrière, à la place des laquais et des malles, caressait du plumeau les enfants acharnés à lui tirer les jupons; ... Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 13.
b) [Le compl. désigne un animal] Caresser un chat, un chien. Il (...) parlait à ses bœufs, les caressait à lisse et à contre-poil (Aymé, La Jument verte,1933, p. 65).
c) [Le compl. désigne une chose] Caresser un objet. L'effleurer de la main ou en éprouver le contact. Andrea caressait toujours le manche de son poignard (Ponson du Terrail, Rocambole,t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 315).Il se jetait littéralement sur le binocle; ses doigts caressaient la convexité des verres (G. Leroux, Le Mystère de la chambre jaune,1907, p. 78).
Rem. [Le compl. désigne une partie du corps] Se caresser la barbe, le menton (au lieu de caresser sa barbe, etc.).
P. métaph., poét. Caresser un instrument de musique. En jouer délicatement :
3. ... Ô Myrrha, Notre jeune Iollas, qui souvent t'admira, Va venir près de nous, sous l'arbre qui soupire, Dénouer nos cheveux et caresser la lyre. Banville, Les Stalactites,Idylle, 1846, p. 303.
Au fig., pop. Caresser la bouteille. Avoir un penchant pour la boisson. Ma mère, tout en gardant au capitaine une indulgence de sœur, l'invitait parfois à moins caresser les flacons d'eau-de-vie (A. France, Le Crime de Sylvestre Bonnard,1881, p. 287).
d) P. ext. Caresser qqn ou qqc. du regard, des yeux. Regarder tendrement :
4. Jacques épiait avec ravissement cette métamorphose. Il caressait du regard le jeu des ombres sur le buste mobile, l'ondulation des muscles sous l'étoffe, le rythme de la respiration. R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 366.
2. [Le suj. désigne une chose] Littér. Effleurer délicatement. La brise, le soleil, le vent caressent qqc. ou qqn; un son caresse l'oreille. Je descendis à ma cabine : je me couchai, balancé dans mon hamac au bruit de la lame qui caressait le flanc du vaisseau (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 245):
5. À peine la classe était-elle commencée, que des parfums domestiques venaient caresser l'odorat du professeur. Champfleury, Les Souffrances du professeur Delteil,1855, p. 133.
3. Emploi pronom. [Le suj. désigne une pers. ou un animal, plus rarement une chose dotée de mouvement]
a) Réciproque. Je vois paisiblement nos deux institutrices se caresser, se bécotter, se disputer pour le plaisir de s'aimer mieux après (Colette, Claudine à l'école,1900, p. 156):
6. C'était toujours un dessus-de-lit, bleu de roi, piqué, et recouvert d'un réseau de dentelles au point d'Angleterre. Dans ce réseau on brodait deux colombes qui se caressaient du bec; ... Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 17.
b) Réfl. Se caresser à qqn, à ou contre qqc.Se frotter doucement à, contre, etc. La douce eau contre le rivage / Se caresse nonchalamment (A. de Noailles, Les Éblouissements,1907, p. 226):
7. ... cette douce nuque offerte n'attendait rien ni personne : elle se caressait à ce col de veste et jouissait d'elle-même, ... Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 117.
B.− Au fig., littér. [Le suj. désigne une pers.]
1. [L'obj. désigne une pers. (peu usité) ou une de ses qualités] Flatter − en bonne et en mauvaise part − Caresser l'amour propre, l'orgueil, la vanité de qqn. Madame de Talleyrand se souvint que le Garde des Sceaux caressait beaucoup l'abbé de Périgord, son fils (Chamfort, Caractères et anecdotes,1794, p. 100):
8. ... son supérieur, le Duc de Bretagne, Jean V, le caresse et le choie, afin de lui extorquer à bas prix ses terres. Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 98.
9. On décida que je prononcerais le discours d'ouverture. Ce choix flatteur caressa doucement la vanité de mon cœur... A. France, La Vie en fleur,1922, p. 421.
Emploi pronom. réciproque. S'adresser des propos flatteurs plus ou moins sincères (cf. caresse B) :
10. On se traite de part et d'autre [Français et Vénitiens] d'abord avec toutes les douceurs, toutes les affabilités du sourire, pour mieux se tromper : on se caresse et on ment. Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 8, 1851-62, p. 391.
2. [L'obj. désigne une abstraction] Entretenir avec complaisance. Caresser une ambition, une chimère, un désir, une idée, une pensée, un projet, un rêve; caresser l'espoir ou l'espérance de :
11. ... il caressait le rêve d'avoir à son tour un coin de terre, où il bêcherait et planterait à son aise. Zola, La Conquête de Plassans,1874, p. 1160.
Emploi pronom. :
12. Quel charme et quel attrait dans toutes ces précautions! Comme la curiosité s'y pique, et que l'amour-propre, sans y songer, s'y chatouille et s'y caresse! Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 384.
Rem. On rencontre ds la docum. le dér. caressable, adj. Qui accepte les caresses; docile. Jamais elle ne grondait cet enfant, espérant qu'il demeurerait un être caressable (L. de Vilmorin, La Fin des Villavide, 1937, p. 137).
Prononc. et Orth. : [kaʀ εse] ou [-ʀe-], (je) caresse [kaʀ εs]. Passy 1914 et Lar. Lang. fr. transcrivent [ε] ouvert à l'inf.; cf. aussi Land. 1834, Nod. 1844, Littré et DG. Pt Rob. transcrit [e] fermé; cf. aussi Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787 (s.v. caresse), Gattel 1841, Fél. 1851. Warn. 1968 réserve la prononc. avec [ε] pour le lang. soutenu, avec [ε] pour le lang. cour. Pour le timbre de la 2esyll., cf. encore Buben 1935, § 49 : ,,L'e protonique a encore le son plein devant l's double dans caresser [kaʀ εse], cesser [sεse], confesser, fesser, intéresser, lessive, presser, tresser, vesser, etc. [...] Autrefois la prononciation a hésité entre e féminin et e masculin et le mot cresson hésite encore aujourd'hui`` cf. également § 50 : ,,Pour ceux qui distinguent l'e ouvert de l'e fermé en syllabe protonique, la prononciation de l'e suivi d'une lettre géminée pose une autre question importante, à savoir quel timbre il faut lui attribuer dans ce cas-là. Puisque le redoublement est purement graphique, la lettre double étant prononcée comme une lettre simple, l'e se trouve phonétiquement en syllabe ouverte et devrait prendre le timbre fermé. Mais sous l'influence de l'écriture et par analogie avec les mots savants qui ont une consonne géminée prononcée, on en vient à considérer comme fermée la syllabe en question et on y introduit un e ouvert, favorisé aussi par l'analogie des formes accentuées sur le radical. La plupart des phonéticiens prononcent un e ouvert dans les mots suivants : greffer, cellier, cellule, exceller, quereller, sceller, caresser, cesser, confesser, dresser, intéresser, presser, professer, tesson, tressaillir, tresser, vessie, courbetter, émietter, endetter, fouetter, fretter, guetter, mettons, mettez, regretter.`` Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1410 « cajoler; toucher en signe d'affection, de tendresse » (Geste des ducs de Bourgogne ds Gdf. Suppl. d'apr. DG); 1606 en parlant de caresses amoureuses (Régnier, Sat., IX ds Littré); d'où 1706 (Rich. : se dit aussi en parlant des bêtes, et signifie faire l'amour); b) av. 1777 « effleurer (quelque chose) » (Crébillon ds Brunot t. 6, p. 1092); 2. 1538 « flatter » (Est.); 3. 1736 fig. « entretenir, nourrir quelque chose » (Voltaire, Alzire ou les Américains, I, 1 ds Littré : caresser son orgueil). Empr. à l'ital. carezzare « chérir » attesté au xives. (M. Villani ds Batt. t. 2), dénominatif de carezza, v. caresse. Fréq. abs. littér. : 2 498. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 566, b) 3 707. xxes. : a) 4 226, b) 3 909. Bbg. Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 17. − Hope 1971, p. 33. − Kohlm. 1901, p. 37. − Pamart (P.). Laforgue et les mots. Vie Lang. 1971, p. 185 (s.v. caressable). − Tracc. 1907, pp. 123-124.