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CANON2, subst. masc.
A.− RELIGION
1. DR. ECCL. Texte consignant une décision de l'autorité religieuse et fixant la règle de la foi et de la discipline religieuse. Canon des conciles; les (saints) canons (de l'Église) (cf. également Chateaubriand, Ét. hist., 1831, pp. 258-259; et absol. Mérimée, Lettres à la comtesse de Montijo, t. 2, 1870, p. 277) :
1. ... la bulle du Pape, parlant seul de sa chaire ne diffère des canons prononcés en concile général que comme, par exemple, l'ordonnance de la marine ou des eaux et forêts différait, pour les Français, de celle de Blois ou d'Orléans. J. de Maistre, Du Pape,1819, p. 28.
P. méton. Le recueil de règles ou de textes réglementaires; un article, un paragraphe du texte lui-même. Canon des Apôtres, canons pénitentiaux (cf. Chateaubriand, Génie du Christianisme, t. 1, 1803, p. 54 et Théol. cath., t. 14, 1repart., 1938, p. 607).
En emploi adj. Droit canon. Droit ecclésiastique fondé sur les canons de l'Église. Docteur en Droit canon; École de Droit canon. Synon. droit canonique*.
2. Liste de livres faisant foi.
a) Canon des Écritures. Ensemble des livres reconnus par le Judaïsme ou les Églises chrétiennes comme inspirés. Canon des Livres Saints (p. oppos. aux livres apocryphes), canon des Juifs, canon des chrétiens, canon du Nouveau Testament (Weill, Le Judaïsme,1931, p. 151):
2. Le « canon », c'est-à-dire la liste officielle des livres appartenant à la Bible, ne s'est constitué que peu à peu dans l'ancienne synagogue; les rabbins discutaient encore sur la canonicité de certains livres au second siècle de l'ère chrétienne. Philos., Relig.,1957, p. 4015.
P. anal. Recueil des textes inspirés bouddhiques, brahmaniques (cf. Philos., Relig., 1957, p. 5216).
b) P. ext.
Canon des saints. Catalogue officiel des saints reconnus par l'Église catholique (cf. A. France, L'Orme du mail, 1897, p. 103).
HIST., LITTÉR. Chez les anciens, liste, catalogue des auteurs considérés comme modèles du genre dans une matière. Canon d'Alexandrie, canon des auteurs classiques (cf. Taine, Voyage en Italie, t. 2, 1866, p. 199).
3. LITURG. CHRÉT. Partie centrale et strictement réglée de la messe contenant notamment les paroles de la Consécration. Canon de la messe (cf. Bloy, Journal, 1904, p. 223; cf. également Bremond, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 3, 1921, p. 80).
P. méton. Tableau mobile placé au milieu de l'autel et sur lequel sont inscrites les paroles du canon. Canon d'autel; canon enluminé (cf. S. Grandjean, L'Orfèvr. du XIXes. en Europe, 1962, p. 112).P. ext. Chacun des deux petits tableaux placés de part et d'autre de ce tableau central et sur lesquels sont inscrits, sur l'un le psaume du lavabo, sur l'autre le Prologue de l'Évangile de saint Jean.
Rem. Attesté ds DG; cf. également S. Grandjean, op. cit., p. 61.
B.− Ensemble de règles de mesure.
1. CHRONOL. Ensemble de formules servant à calculer certaines dates mobiles. Canon chronologique.
P. méton. Canon pascal. Table des fêtes mobiles, notamment de Pâques, établie pour plusieurs années. Canon pascal d'Eusèbe, canon pascal de saint Hippolyte, canon pascal de Théophile d'Alexandrie.
2. MUSIQUE
a) HARM., vx. Méthode pour mesurer l'intervalle des sons.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixes. ainsi que ds Ac. 1932 et Quillet 1965.
b) ,,Composition polyphonique dans laquelle une voix est rigoureusement imitée par plusieurs autres voix qui font leur entrée successivement`` (K. Geiringer, Jean-Sébastien Bach, 1966, éd. du Seuil, 1970, p. 123). Canon à trois voix; canon à l'unisson (H. Reber, Traité d'harm., 1949, p. 265); canon à l'octave (H. Potiron, La Mus. d'église,1945, p. 110):
3. Notre esprit, en écoutant un canon, doit suivre chaque voix séparément et, en même temps, faire attention à l'harmonie verticale. (...) les plus grands compositeurs ont consacré une grande partie de leurs efforts à la construction de canons et de fugues... Les Gds courants de la pensée math.,1948, p. 478.
C.− BEAUX-ARTS
1. Norme de proportionnalité appliquée à la figure et au corps de l'homme et déterminant le type idéal de la perfection physique. Canon de Polyclète, canon de Lysippe (cf. Hist. de la sc., 1957, p. 1363; Ch. Blanc, Gramm. des arts du dessin, 1876, p. 44 et T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre, 1872, p. 221) :
4. ... il n'y a pas de beauté, ni seulement de grâce, où l'on ne sent pas la force interne, la « force discrète » demandée par Aristote (comme il n'y a pas, dans l'âme, de sensibilité qui vaille sans la force). Même un jeune enfant ne peut être beau, en qui ne se trahit pas une certaine vigueur latente : la taille ne fait rien à l'affaire. Tout cela a été proclamé par le canon grec de la bonne époque. Il est le canon parfait, pour l'homme et pour la femme. Si peu qu'on s'en éloigne, on se trompe. Montherlant, Les Olympiques,1924, p. 279.
2. P. ext. Règle directrice appliquée dans un art, dans une discipline intellectuelle :
5. Qu'il s'agisse des règles du théâtre, de celles de la poésie, des canons de l'architecture, de la section d'or, la volonté de dégager une science de l'art, ou du moins, d'instituer des méthodes, et, en quelque sorte, d'organiser un terrain conquis, ou que l'on croit définitivement conquis, elle [l'esthétique] a séduit les plus grands philosophes. Valéry, Variété 4,1938, p. 259.
Prononc. et Orth. : [kanɔ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [1119 cane (issu du paroxyton cánon) « règle pour plaider » (Ph. de Thaon, Comput, 44 ds T.-L.)]; A. 1. 1259 « règle, en droit ecclésiastique » (Rutebeuf, Du Pharisien, éd. Faral et Bastin, t. 1, p. 252); ca 1260 « règle, loi [en gén.] » (Id., Dit de Guillaume de Saint-Amour, ibid., p. 245); ca 1511 adj. droit canon (P. Gringore, Œuvres, éd. A. de Montaiglon et Ch. d'Héricault, Paris, 1858, t. 1, p. 87); 2. a) ca 1295 « partie essentielle de la messe » (Couronnement Renard, 327 ds T.-L.); b) 1550 « tableau qui se place sur l'autel et où sont inscrites les prières du canon » (Comptes Gaillon, p. 539 ds IGLF); 3. a) ca 1350 « catalogue des Saints » (G. Le Muisis, Poésies, I, 303 ds T.-L.); b) 1690 (Fur. : Canon est aussi un catalogue des Livres Sacrés). B. 1587 dr. coutumier « redevance, loyer » (Edit de Phil. II sur la modérat. des rentes ds Gdf.). C. 1690 mus. (Fur. : Canon [...] espèce de fugue). D. 1732 astron. Canon Paschal (Trév.). E. 1814 B.-A. (Stendhal, Vies de Haydn, Mozart et Métastase, p. 75 : les anciens sculpteurs grecs avaient certaines règles de beauté invariables, nommées canons). Empr. au lat. class. canon « modèle, règle [en parlant de la statuaire du sculpteur grec Polyclète qui constitua un modèle pour les proportions] », puis « contribution régulière annuelle, percevable sur certaines denrées » d'où en dr. coutumier « loyer, paiement périodique » attesté dep. 1218 ds Du Cange; en lat. chrét. au sens de « ensemble des livres sacrés », « décret concernant la discipline ecclésiastique » et « partie centrale de la messe ». Le lat. est lui-même empr. au gr. χ α ν ω ́ ν au sens de « modèle pour les mesures, règle » (Liddell-Scott). Bbg. Kahane (H.), Kahane (R.). Contributions by byzantinologists to romance etymology ... 3. canon .. R. Ling. rom. 1962, t. 26, pp. 131-133.