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CANNE, subst. fém.
A.− Plante à tige droite, cylindrique et noueuse, à feuilles engainantes :
1. La plus jeune fille du roi Christophe, (...) repose libre sous les portiques du Campo-Santo, loin du champ des cannes et des mangliers à l'ombre desquels elle était née esclave. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 278.
P. méton. Bois de canne. [M. Fraisier] se leva de dessus un fauteuil de canne où il siégeait sur un rond en maroquin vert (Balzac, Le Cousin Pons,1847, p. 177).
En partic.
Canne à sucre, canne de sucre (vx). Graminée à tige pleine cultivée dans les pays tropicaux pour le sucre qu'on extrait de sa sève. Un champ, une plantation de canne à sucre; la culture de la canne à sucre; du sucre de canne. Alcool de canne. Alcool obtenu par distillation de jus de canne à sucre ou de mélasse.
Canne de Provence. Plante vivace à forte teneur en alpha-cellulose, qui pousse en Provence et en Italie.
Canne-bamboche. Bambou (cf. Toulet, Le Mariage de Don Quichotte, 1902, p. 35).
B.− P. méton. Bâton plus ou moins long, servant à divers usages et fait de bois de canne ou de toute autre matière pouvant remplir des fonctions similaires.
1. Bâton parfois ouvragé qui, tenu à la main, sert d'appui à une personne qui marche :
2. Je perçois, avec ma canne, des sensations que je n'obtiendrais pas avec ma main. Ma canne est une tige de résonance. C'est une antenne facultative, une antenne amovible, ... G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Les Maîtres, 1937, p. 91.
SYNT. Canne d'épine, de jonc; canne d'ébène; canne à bec, à béquille; la crosse, la pomme, le pommeau d'une canne; s'appuyer sur sa/une canne; brandir, lever, poser, prendre sa/une canne.
Spéc. Canne-parapluie, parapluie à canne, ombrelle à canne :
3. Bouvard préférait une canne-parapluie ou parapluie-polybranche, dont le pommeau se retire, pour agrafer la soie, contenue à part dans un petit sac. Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 1, 1880, p. 88.
a) [La canne comme arme de défense ou de combat] Frapper à coups de canne.
Spéc. Canne armée, canne à dard, canne à épée, canne-épée, canne-sabre. Canne creuse dissimulant un dard, une épée ou un sabre (cf. Constant, Le Cahier rouge, 1830, p. 62).Canne-fusil. Canne conçue de façon à pouvoir se transformer en fusil (cf. Mauriac, Le Baiser au lépreux, 1922, p. 149).Canne plombée. Canne à tête garnie de plomb pouvant servir de massue. Ce torrent d'hommes, armés de cannes plombées et de casse-tête, était irrésistible (Verne, Le Tour du monde en 80 jours,1873, p. 146).
P. ext. Sport de combat proche de l'escrime pratiqué avec une baguette résistante et flexible :
4. ... Crabb de Ramsgate vous a appris à boxer; Lacour de Paris vous a enseigné la canne, le chausson et l'argot, puisque cela vous était nécessaire pour vos excursions aventureuses. Sue, Les Mystères de Paris,1842-43, p. 57.
b) [La canne comme signe distinctif, comme emblème, comme accessoire de parade]
Canne blanche, canne d'aveugle. C'est le Londres de toute ma jeunesse, (...) avec ses aveugles à canne blanche (Morand, Londres,1933, p. 112).
Canne de compagnon, de compagnonnage :
5. Mon père était mort dès avant la guerre. De lui, il ne restait plus dans notre cellule que sa canne de compagnonnage accrochée à la corniche de la grande armoire,... Guéhenno, Journal d'un homme de 40 ans,1934, p. 237.
Canne de tambour-major :
6. ... j'aperçois, derrière la canne tourbillonnante du tambour-major, les baguettes fougueuses des tapins, les clairons apoplectiques qui gonflent des joues de tritons; ... Vercel, Capitaine Conan,1934, p. 35.
2. Usages spéciaux
a) Canne à pêche. Bâton ou perche de matière flexible, souvent en plusieurs pièces qui s'emboîtent et dont l'extrémité est munie d'une ligne de pêche. La mère, très forte, manœuvrait avec grâce une charmante canne à pêche (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Les Dimanches d'un bourgeois de Paris, 1880, p. 304).
b) Canne de golf. Bâton recourbé utilisé pour pousser la balle (cf. G. Roy, Bonheur d'occasion, 1945, p. 69).Synon. crosse de golf, club.
c) MÉTROL. Ancienne mesure de longueur en usage dans différents pays, particulièrement dans le midi de la France et en Italie, variant de 1,70 m à 3 m selon les régions :
7. − « Ce travail donne une peine du diable, disait-il [mon père] un soir au souper; j'ai défoncé à peine trois cannes de terre, ... » P. Arène, Jean des Figues,1870, p. 40.
d) TECHNOLOGIE
ÉLECTR. Couple thermo-électrique enfermé dans un tube de quartz ou de fer servant surtout à mesurer la température dans un four (d'apr. Duval 1959). Canne pyrométrique.
VERRERIE. Tube creux en métal servant à prendre le verre en fusion dans le creuset et à le souffler (cf. Bernanos, Journal d'un curé de campagne, 1936, p. 1067).
3. Argot
a) Vx. Canne(-)major. Barre de fer qui, attachée aux pieds, aux mains et aux épaules d'un détenu, le force à se tenir debout et immobile (cf. L'Intérieur des prisons, 1846, p. 111).
b) Jambe. Avec quarante bornes dans les cannes (...) on voulait ronfler, récupérer (A. Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 76).
Mettre les cannes. S'en aller, se sauver :
8. Maintenant que le colon nous avait plaqués et que les sergents mettaient les cannes, j'étais bien convaincu que mon affaire finirait en quenouille et que l'on allait me fiche la paix; ... Cendrars, La Main coupée,1946, p. 274.
Casser sa canne, vx. S'évader; rompre son ban. Au fig. Dormir. Vous savez le verbe dormir? (...) je dors (...) vous tapez de l'œil, ils cassent leur canne (E. Villars, Les Précieuses du jour,1866, p. 31).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Canne, subst. fém. Grand robinet placé sur les conduites de distribution d'eau, manœuvré par l'intermédiaire d'une vis ou d'un volant. Attesté ds Nouv. Lar. ill.-Lar. Lang. fr. b) Canne ou channe, subst. fém. Cruche (cf. étymol. et hist.). Autrefois, le lait (...) était recueilli dans les cannes placées dans des cages de bois (A.-F. Pouriau, La Laiterie, 1895, p. 342). Leurs channes brillantes et rondes (J. de La Varende, Nez-de-Cuir, gentilhomme d'amour, 1936, p. 34). La forme channe est parfois au genre masc. : Elle lâcha le grand channe de cuivre où elle disposait ses pavots énormes (Id., Le Troisième jour, 1947, p. 240). c) Canetille, subst. fém. Petit tuyau. La petite motopompe communale ronronnait sagement (...) Toute l'eau de la mare y passait, aspirée par sa canetille (H. Bazin, L'Huile sur le feu, 1954, p. 22).
Prononc. et Orth. : [kan]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. cane. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1160 chane « cruche » (Énéas, éd. Salverda de Grave, 2131); attesté encore dans les dialectes de l'Ouest, du N.-O., en Bourgogne et en francoprovençal (cf. FEW t. 2, 204); b) 1286 « mesure de liquide » chainne (Arch. Doubs ds Gdf.); 2. 1180-90 canne « hampe de lance » (Alexandre de Paris, R. d'Alexandre, éd. E.-C. Armstrong, II, 986); 3. ca 1250 cane « roseau [en partic., canne à sucre] » (Gossuin de Metz, Image du Monde, 127 ds T.-L.); 1305 [pour faire des flûtes] (Joinville, St Louis, 388 c, ibid.); spéc. a) av. 1266 « mesure de longueur » (Assises de Jérusalem, I, 171 ds Littré) − 1725 Du Puitsp.; b) 1380 « trachée-artère » (Evrart de Conty, Probl. d'Arist., B.N. 210 fo174ads Gdf.); c) av. 1525 « tuyau de flûte » (Cretin, à Fr. Charbonnier, p. 236 ds Hug.); 1704 « sarbacane de verrier » (Trév.); 1899 « robinet » (Nouv. Lar. ill.); d) 1596 « bâton léger sur lequel on s'appuie pour marcher » (Hulsius, Dict. françois-alemand..., Francfort, 1616). Du lat. canna « roseau » (empr. au gr. κ α ́ ν ν α « id. ») qui a connu de nombreux emplois techn. tels que « tuyau (d'un instrument de musique) », Ovide, Met., 11, 171 ds TLL s.v., 262, 4; « mesure de longueur », iies. Nipsus, Grom., p. 286, 21, ibid., 262, 23; « sorte de récipient » (canna désignant prob. à l'orig. le bec verseur, de là la dénomination du récipient en entier), vies. Venance Fortunat, Vita Radeg., 19, 44, ibid., 262, 51, bien attestés en lat. médiév. (Du Cange; Nierm.); une partie des sens réunis sous 3 sont des emprunts au prov. qui connaît le sens 3 (début xiiies., P. Espanhol ds Rayn.) et le sens 3 a (xiiies., P. Cardinal, ibid.). Le lat. canna subsiste de même dans les domaines ibér. et ital. (REW3, no1597); il est passé très tôt dans le domaine germ. au sens de « pot » (Kluge20, s.v. Kanne). Fréq. abs. littér. : 1 450. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 435, b) 2 437; xxes. : a) 3 272, b) 1 667.
DÉR.
Cannaie, subst. fém.Lieu généralement humide où poussent des cannes, des roseaux. [kanε]. 2esyll. longue ds Fér. 1768 et Littré. Nod. 1844 transcrit : ca-nëe (ë = [ε]; e = [ə]). Ds Ac. 1798-1932. 1reattest. 1600 (E. Binet, Merv. de nature, p. 527 ds Gdf. Compl.); de canne « roseau », suff. -aie*.
BBG. − Arv. 1963, pp. 139-140. − Gottsch. Redens. 1930, p. 415. − Hering (W.). Über den Zapfhahn und seine Namen in Frankreich. In : [Mél. Jaberg (K.)], Z. rom. Philol. 1937, t. 57, no2-4, p. 387. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 84. − Sigurs 1963/64, p. 268, 457.