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CAMPER, verbe.
I.− Emploi intrans.
A.− [En parlant d'une armée, d'un corps de troupe] Établir un camp pour s'y loger (généralement sous la tente) et s'y retrancher. Camper aux portes de la ville, dans la plaine, en présence de l'ennemi. L'armée alla camper à la vue des ennemis; il entend admirablement bien l'art de camper (Ac.1798-1878).Nous campâmes en tel endroit (Ac.1798-1932) :
1. ... il [Scipion] retrempa le caractère du soldat, en exigeant de lui d'immenses travaux. Il campait et décampait, élevait des murs pour les détruire, et peu à peu se rapprochait de Numance. Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 108.
2. On posa donc les avant-postes et on bivaqua. Notre bataillon campait à cinq ou six cents pas d'un grand moulin, dont les gens sortirent tout étonnés de nous voir. Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 2, 1870, p. 60.
P. métaph., vx, rare et littér. Se trouver. L'amour du bien public ne campe jamais où l'intérêt commande (Lar. 19e-20e).
B.− S'installer de façon provisoire et parfois désordonnée :
3. Ce ne fut pas une petite affaire pour les Le Pesnel que ce voyage. On fit des calculs et l'on vit que les économies allaient filer. On décida de n'aller point à l'hôtel et de camper, en dépit de l'horrible difficulté, chez les Gaston Le Pesnel. Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 78.
Proverbial et fam. Il campe. ,,se dit d'un homme qui n'a point de logis assuré, qui en change tous les jours`` (Ac. 1798-1932).
P. ext. Ne faire qu'une courte station quelque part. Nous n'avons fait que camper en cet endroit (Ac.1835-1932).
P. métaph. D'autres vont camper dans ta vie : moi j'y demeure (Bernanos, Madame Dargent,1922, p. 9).
C.− [En parlant de pers. qui pratiquent l'activité sportive ou touristique appelée camping] Camper sous une tente.
Absol. Camper. S'installer. Redescendus dans la vallée, nous nous mettons en quête d'un endroit pour camper (T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1963, p. 319).
II.− Emploi trans.
A.− Établir (une armée) dans un camp. Camper une armée au bord d'un fleuve. Ce général a campé son armée entre la montagne et la rivière (Ac.1798-1932) :
4. ... croyez-vous que ce soit un médiocre avantage pour la cour et pour le parti dont je parle, de cantonner les soldats, de les camper, de les diviser en corps d'armée... Robespierre, Discours,Sur la guerre, t. 8, 1792, p. 87.
B.− P. ext.
1. Établir, placer quelque chose avec décision et vigueur. Camper son chapeau sur sa tête; être bien campé sur ses jambes. Camper une balle [à un ours] au défaut de l'épaule (Ponson du Terrail, Rocambole,t. 5, Les Exploits de Rocambole, 1859, p. 455):
5. En furetant de tous côtés, j'avisai une paire de lunettes bleues que je campai sur mon nez afin de déguiser mon visage... Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 72.
Au fig., fam., vieilli.
a) Camper un soufflet à qqn (Lar. 19e, 20e); camper une gifle. Camper une pénitence à un écolier (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.). Camper un enfant à une femme (Stendhal, Lucien Leuwen,t. 3, 1836, p. 206).
b) Camper là qqn. ,,Le laisser, l'abandonner lorsqu'on l'a mis ou qu'il s'est mis lui-même dans une situation embarrassante`` (Ac. 1835-1932).
c) Camper (qqc.) sur le dos de (qqn). Le lui imputer. Il m'a fallu livrer bataille, sans quoi on me campait sur le dos la perte des douze canons (Courier, Lettres de France et d'Italie,1806, p. 714).
2. [En parlant d'une pers., à la tournure passive] Être bien campé. ,,Être bien installé, bien placé en tel endroit`` (Ac. 1835-78). Ironiquement au XXes. Être dans une fâcheuse situation (Ac. 1932). Me voilà bien campé (Pourrat, Gaspard des Montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 12).
3. Domaine des B.-A., de la litt.Représenter avec vigueur et décision (un être, une scène, etc.). Camper un personnage sur un tableau, un héros de roman :
6. Quelle puissance vous avez pour prendre la réalité, pour la modeler et camper vingt pages expressives où tout est saisissant et ramassé! Barrès, Mes cahiers,t. 10, 1914, p. 301.
III.− Emploi pronom.
A.− Rare. Établir le camp de ses troupes ou son campement. L'ennemi se campa en face de nous. Synon. de camper I A.Le général essaya de se camper sur la lisière du bois (Lar. 19e).
B.− P. ext.
1. Se placer avec assurance. Il se campa le dos à la cheminée (Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 164).
MÉD. VÉTÉR. [En parlant du cheval] Se poster sur ses jambes (pour uriner). Quand un cheval commence à se camper, aprés une maladie, c'est signe que les forces lui reviennent (cf. Besch. 1845 et Lar. 19e).
Au fig., vx. S'abriter. Se camper sous la règle de François d'Assise (Montalembert, Hist. de ste Elisabeth de Hongrie,1836, p. LIV).
2. Souvent fam., vieilli. S'établir, s'installer dans une posture impliquant la hardiesse, parfois la bravade ou le sans-gêne. Il se campe bien (Ac. 1798-1878). Se camper en face de qqn; se camper fièrement, de profil, devant qqn; se camper dans un fauteuil (cf. Ac. 1835-1932).
Absol. Se camper.Poser pour la galerie :
7. ... le nombre de ceux qui sont appelés à faire figure dans le monde et qui consentent, qui parviennent à demeurer naturels (...) reste extrêmement limité : l'on se campe, l'on se redresse, l'on force le ton de sa voix. Même devant le seul Vendredi, Robinson a tendance à poser; l'ouvrier devant le patron; le patron devant l'ouvrier. Oui, le parfait naturel reste chose si rare qu'il peut prendre air d'affectation. Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1243.
Rem. On rencontre ds la docum. un emploi adj. de campant, ante, part. prés. de camper intrans. Les cent mille feux de ton armée campante (Claudel, Protée, 1reversion, 1914, II, 2, p. 340).
Prononc. et Orth. : [kɑ ̃pe], (je) campe [kɑ ̃:p]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1465 « établir dans un camp [surtout en parlant de troupes] » (Doc. hist. inéd., III, 486 ds Delb. d'apr. Quem. Fichier : Les François estoient campez en la montaigne et les Bourgignons en la vallée); d'où a) 1680 spéc. escr. se camper « se mettre bien en garde » (Rich.); d'où 1690 être bien campé sur ses jambes « avoir une posture ferme et assurée » (Fur.); b) 1690 « s'installer de manière provisoire » (Fur.); c) 1789 camper là qqn « le laisser là brusquement » (Louvet de Couvray, Les amours, Paris, 1821, II, 395 d'apr. B. Henschel ds Fr. mod., t. 37, p. 116); 2. 1936 camper « pratiquer le camping » (Montherlant, Pitié pour les femmes, p. 1174 : Et il y a un an encore, je campais en montagne, je faisais mes quarante kilomètres dans la journée, sac au dos, comme un jeune homme). 1 est dér. de camp*, dés. -er [l'attest. du Rouman d'Alixandre (1288) éd. Michelant, p. 214, var., donnée par Quem. Fichier,camper a le sens de « placer », est une forme pic. dér. de camp (champ*; cf. dial. de l'est champer « jeter, placer, mettre » ds FEW t. 2, p. 158; v. aussi champer, terme de salines)]; 2 est une spécialisation de 1 sous l'infl. de camping*.
STAT. − Camper. Fréq. abs. littér. : 463. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 503, b) 897; xxes. : a) 735, b) 616. Campant. Fréq. abs. littér. : 21.
BBG. − Duch. 1967, § 40. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 63. − Henschel (B.). Qq. dat. nouv. du xviiies. Fr. mod. 1969, t. 37, p. 116. − Quem. 2es. t. 1 1970, p. 10. − Rupp. 1915, pp. 47-48.