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CÂLINER, verbe.
I.− Emploi trans.
A.− [Le suj. désigne gén. une pers., plus rarement un animal]
1. [L'obj. désigne une pers., gén. un enfant ou un être cher] Bercer de gestes, de regards, de paroles tendres, caressants. Serre-moi fort, câline-moi... oui, berce-moi (R. Martin du Gard, Les Thibault,La Belle saison, 1923, p. 1029).Synon. caresser, choyer, dorloter :
1. À ce moment, l'un des enfants, qui était tombé, vint se réfugier en criant et se cacher dans la robe de sa mère... celle-ci le prit dans ses bras, le berça avec des paroles gentilles, le câlina, l'embrassa tendrement, et le renvoya apaisé, souriant, avec les deux autres. Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 322.
Emploi abs. Tripoter, c'est très mal! mais câliner c'est très bien (Montherlant, Celles qu'on prend dans ses bras,1950, p. 796).
2. Rare. [Avec parfois une nuance péj.] Amadouer, enjôler quelqu'un pour en obtenir un avantage :
2. − Vois, dit madame du Tillet à sa sœur, on nous dit fausses. Mon mari câline monsieur Nathan, et c'est lui qui veut le faire mettre en prison. Balzac, Une Fille d'Ève,1839, p. 77.
Emploi intrans. Faire le câlin devant quelqu'un pour en obtenir un avantage. C'est à lui [le père Simaise] qu'on s'adresse en câlinant : « Papa, j'ai besoin d'un chapeau... papa, il me faut une robe » (A. Daudet, Les Femmes d'artistes,1874, p. 153).
[Avec une idée d'hypocrisie] Il est vrai, monseigneur, répondit le loup en câlinant; je vous suivois dans l'espérance de vous intéresser à mes vues bénévoles et philosophiques (Nodier, Trésor des fèves et fleurs des pois,1833, p. 41).
B.− P. méton.
1. [Le suj. désigne une partie du corps, un sens, etc.] Avoir envers quelqu'un ou quelque chose une expression, une attitude, un comportement tendre, caressant. Son regard câline les formes aimées (R. Martin du Gard, Devenir,1909, p. 114).
Rem. L'emploi de l'adj. en ant est attesté en ce sens. Par paroles câlinantes et douces, petit à petit j'essayerais de la rattacher à la vie (F. Fabre, Le Chevrier, 1867, p. 324).
2. [L'obj. désigne un inanimé concr.] Deux ramiers sur un pin, câlinaient leurs plumes (G. d'Esparbès, Les Derniers lys,1898, p. 73).
II.− Emploi pronom. réfl.
A.− Vx. Être inactif, rester dans l'indolence, se dorloter. Il passe le temps à se câliner dans un fauteuil (Ac.1798-1878);cf. câlin I A 2.
B.− Se câliner à, se câliner contre.Se blottir tendrement contre quelqu'un. Il y a beau temps qu'il se fût envolé dans les airs, pour venir se câliner à ses joues (Montherlant, Le Démon du bien, 1937, p. 1325); en venant se câliner contre moi, comme une femme aimée (Amiel, Journal intime,1866, p. 246).
P. métaph. :
3. Alors elle se repentit d'avoir été si dure envers le malheureux être, et elle éprouva le besoin de se câliner à son dévouement, comme elle se caressait les mains dans la fourrure [de son ourse]. J. Richepin, Miarka, la fille à l'ourse,1883, p. 278.
Prononc. et Orth. : [kɑline], (je) câline [kɑlin]. Ds Ac. 1740-1932. Ac. 1740 écrit caliner. Étymol. et Hist. 1. 1616 [date donnée par l'éd.] pronom. se caliner « en prendre à ses aises, être indolent » (La Comédie des Proverbes ds Anc. théâtre fr., éd. Bibl. Elzévirienne, t. 9, p. 72 : Il se caline, ma foy! il se goberge); 1740 « se tenir dans l'inaction, dans l'indolence » (Ac.); 2. 1808 trans. (Hautel : Caliner. Faire le câlin, flatter, carresser quelqu'un). Prob. empr. au norm. caliner (Decorde : Caliner. Se dit des animaux qui se reposent à l'ombre dans les grandes chaleurs), dér. (avec dés. -er) du norm. caline (ibid.; Moisy) « chaleur étouffante, lourde » correspondant à l'a. et au m. fr. chaline, attesté du xiies. (B. de Ste Maure, Ducs Normandie, éd. Fahlin, 21427) au xives. (P. de Crescens ds Gdf.), relevé par Cotgr. 1611 et encore en usage en poit. (Lalanne), d'un lat. vulg. *calina dér. du rad. de calere « être chaud » (v. REW3, no1517); cf. norm. caliner « faire des éclairs de chaleur », calin « éclair de chaleur » (Moisy). Pour l'évolution du sens de « chaleur » à celui de « paresse, indolence » cf. chômer (v. FEW t. 2, pp. 538b-539a); la longueur du a de câliner est peut-être le reflet d'une prononc. dial. − L'hyp. de Gamillscheg (EWFS2) selon laquelle câliner remonterait à l'a. fr. chadeler « conduire, mener qqn » (lat. capitellare, de caput), par l'intermédiaire d'une forme *cadliner supposée à partir du norm. cadeler « choyer, caresser » (Moisy) et de l'empr. m. angl. to caddle « id. » (Cotgr. 1611), fait difficulté du point de vue phonét.; pour les mêmes raisons, l'étymon lat. catellus « petit chien » (Spitzer ds Z. rom. Philol., t. 40, 1920, pp. 697-699; REW3, no1763) ne semble pas recevable. Fréq. abs. littér. Câliner : 59. Câlinant : 11.
DÉR. 1.
Câlinage, subst. masc.,rare. Action de câliner, d'attirer la sympathie de quelqu'un par des manières douces et tendres. Elle s'imagina qu'avec un peu de câlinage et de cajolerie elle ferait revenir son mari de cette résolution (Soulié, Les Mémoires du diable,t. 2, 1837, p. 147).Attesté ds Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, Rob., s.v. câliner. 1reattest. 1837, supra; de câliner, suff. -age*. Fréq. abs. littér. : 1.
2.
Câlinement, subst. masc.Action de câliner; douceur, tendresse. Il le jalousait ce mari trompé qui était installé près d'elle pour toujours, dans les habitudes de sa maison et dans le câlinement de son contact (Maupassant, Fort comme la mort,1889, p. 132). [kɑlinmɑ ̃]. 1reattest. 1889 id.; de câliner, suff. -ment1*.
3.
Câlineur, subst. et adj.Homme se complaisant aux manières câlines et aux caresses. Elle avait eu de nombreux soupirants et une demi-douzaine de câlineurs qui l'avaient embrassée, caressée, tripotée (L. Daudet, Les Bacchantes,1931, p. 87).Emploi adj. Qui câline. Des mots gentils et câlineurs (Montherlant, Les Jeunes filles,1936, p. 1031). [kɑlinœ:ʀ]. 1reattest. 1931, supra; de câliner, suff. -eur2* ou peut-être forme francisée de calignaire*. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Guiraud (P.). Pier, argot. Cah. lexicol. 1968, no12, p. 90. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 344.