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BUT, subst. masc.
I.− TECHN. MILIT.
A.− Point, objet que l'on vise afin de le toucher avec un projectile. Viser le but; frapper, tirer au but. Le modèle en terre de ce cheval, auquel Léonard avait travaillé seize ans, servit de but à des arbalétriers gascons, et fut mis en poudre (Stendhal, Hist. de la peinture en Italie,t. 1,1817, p. 226);les exercices de tir sur des buts mobiles à éclipse prompte constituent un excellent moyen pour habituer les soldats à charger et à ajuster très rapidement (A. Ledieu, E. Cadiat, Le Nouv. matériel naval,t. 1, 1890, p. 358).
PARAD. et SYNT. a) Cible, point de mire, objectif. b) Toucher le but; donner au but; passer, manquer le but; servir de but; coucher en joue le but; mettre sa flèche en plein but (cf. synon. mettre dans le mille; faire mouche); braquer son arme vers le but; but à éclipse, but mobile.
Spéc. (au jeu de boules).Synon. de cochonnet.Pointer une boule vers le but.
Au fig. [L'obj. désigne une pers.] La calomnie ne ménage personne, et, plus que tout autre, j'ai servi de but à ses atteintes (F. Vidocq, Les Voleurs,1836, p. 137);il se sentait, tout à la fois, le but des balles et des sarcasmes (Vigny, Le Journal d'un poète,1851, p. 1282).
B.− ARTILLERIE
1. Point de mire utilisé au cours des exercices pratiqués avec des armes à feu. But à battre; tir au but.
But en blanc. La [ligne de visée]... rencontre d'ordinaire la trajectoire en deux points, dont le plus éloigné se nomme but en blanc (A. Ledieu, E. Cadiat, Le Nouv. matériel naval,t. 1, 1890, p. 22).
2. Vx. Endroit où est placé le canon au moment où il tire. De but en blanc. De cet endroit au blanc de la cible. Tirer de but en blanc. Tirer en ligne droite, sans correction de hausse. Portée de but en blanc. Portée moyenne.
Au fig., loc. adv. De but en blanc. Synon. directement, sans préparation ni transition, brusquement.Annoncer de but en blanc une triste nouvelle. Halifax. − ... et, si un étranger... venait de but en blanc vous faire la cour... Jenny. − Je ne me laisserais pas prendre à ses flatteries (A. Dumas Père,Halifax,1842, I, 11, p. 44);je ne peux pas croire que vous, si bonne, si droite, si juste surtout, vous soyez devenue, de but en blanc, sans motif, mauvaise pour moi (Gyp, Un Raté,1891, p. 193).
II.− P. ext.
A.− Point de l'espace que l'on s'efforce d'atteindre. Le but d'une expédition, un but d'excursion; arriver le premier au but; atteindre, toucher, dépasser le but. Je suis à deux cents pas à peine du but de ma course; en quelques minutes, je suis chez moi (A. Dumas Père,Le Chevalier de Maison-Rouge,1847, I, 5, p. 14);Saint-Martial, sanctuaire renommé et but de pèlerinages, comme Saint-Léonard son voisin (Vidal de La Blache, Tabl. de la géogr. de la France,1908, p. 303);cette rue est proche du parc Monceau, lequel devint un de nos buts de sortie (Blanche, Mes modèles,1928, p. 30).
JEUX D'ADRESSE, SP.
1. Point de l'espace que l'on doit atteindre le premier pour être considéré comme gagnant. Le but d'une course cycliste. La ligne d'arrivée. Le but d'une course de chevaux. La borne d'arrivée.
2. [Au jeu de barres, à chat perché] Endroit où le joueur doit se réfugier pour n'être pas pris; p. ext., endroit où il doit se placer pour jouer (cf. supra I B 2).
3. [Dans les sp. d'équipe utilisant un ballon] Endroit dans lequel un joueur doit envoyer ou placer le ballon pour marquer.
P. méton. (parfois au plur.). Cadre composé de deux poteaux verticaux, en football, reliés par une barre transversale. Gardien de but, tirer au but; poteau(x) de but(s); envoyer le ballon dans les buts. Nous allions combattre au-devant des buts en bois de frêne (Montherlant, Les Olympiques,1924, p. 330).
[Au rugby, football, etc.] Ligne de but. Limite du champ de jeu figurée par une ligne tracée sur toute la largeur du terrain à hauteur des buts.
En-but (au rugby). Zone située derrière la ligne de but.
B.− P. méton. Point marqué lorsqu'un point de l'espace est atteint.
1. [Football, rugby, etc.] Action d'envoyer le ballon dans les buts. Point(s) marqué(s) lorsque le ballon est entré dans l'endroit appelé but. Marquer, réussir un but; au rugby : transformer un essai en but. Ils rêvent de conquêtes et de buts au football (Morand, Londres,1933, p. 219).
Loc. (football). Avoir un but au bout du pied. Avoir une bonne occasion de marquer un but.
2. Autres jeux (aux dames),loc. Être, point contre point, à égalité de points. Jouer but à but. Sans avantage, à force égale de part et d'autre.
P. anal. Troquer but à but. Se marier but à but. Sans avantage (de contrat) particulier pour l'un ou pour l'autre.
Au fig. S'aimer but à but. Comme des personnes entre lesquelles il n'y a pas de différence gênante :
1. ... elle [MmeS...] me rappelle pour m'engager à aller à Longchamp vendredi avec elle... et cela avec un ton qu'elle n'avait jamais eu avec moi : plus de supériorité, le ton but à but de deux personnes qui commencent à s'aimer... Stendhal, Journal,1809-11, p. 73.
Péj. Rester but à but. Rester à égalité, chacun sur ses positions.
III.− Au fig. Fin que l'on se propose, intention animant un acte ou motivant une démarche. Se proposer, atteindre, rechercher un but; avoir pour but de; n'avoir d'autre but que. Anton. moyen.Le but de ces Allemands était évidemment d'obtenir des renseignements sur tous et sur tout (Le Figaro,19-20 janv. 1952, p. 2, col. 7):
2. ... je résolus de sauver cette famille de la misère qui l'attendait. Déterminé à commettre des illégalités judiciaires, si elles étaient nécessaires pour parvenir à mon but, voici quels furent mes préparatifs. Balzac, Gobseck,1830, p. 429.
3. L'art tient dans les sphères intellectuelles une place assez haute pour être un but et non pas un moyen... T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 320.
SYNT. Cacher son but; tendre, aspirer à un but; être loin de son but; aller à son but par des voies détournées; assigner un but à qqc. ou qqn; confluer, converger vers un but.
A.− [L'accent est mis sur l'exécution d'un projet précis] Synon. objet, objectif; intention, propos.Le but essentiel de la reliure est de permettre l'usage fréquent des volumes en empêchant leur dégradation (La Civilisation écrite,1939, p. 1203):
4. ... comme le but de Dieu était de nous tracer par son exemple la règle de notre activité, il s'ensuit qu'il nous recommandait deux choses à la fois, le repos et la sanctification du septième jour. Lacordaire, Conf. de Notre-Dame,1848, p. 239.
5. Sans doute la leçon de la satiété est peut-être plus probante qu'aucune autre : mis dans l'action, l'univers ne la comble pas; s'approcher du but, c'est s'éloigner du désir; ... M. Blondel, L'Action,1893, p. 328.
6. ... la voix de ceux qui vous commandent, et pour qui votre ignorance crédule, votre docilité, sont indispensables à la réalisation de leurs buts criminels! R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 698.
7. Chacune de ces méthodes correspond à un but particulier qui est la fabrication d'un cuir réalisant certaines caractéristiques bien définies, correspondant elles-mêmes à des emplois bien déterminés. J. Bérard, J. Gobilliard, Cuirs et peaux,1947, p. 50.
SYNT. a) [Un adj. précise la nature du but] Un but décoratif, descriptif, défensif, éducatif, militaire, pacifique, philanthropique, politique, curatif, thérapeutique; but commercial utilitaire. b) [Un adj. énonce un jugement sur la valeur du but] But absurde, coupable, criminel, extravagant, funeste, intéressé, louable, sensé; le but avoué de qqn.
B.− [Il s'agit d'un projet gén. dont l'échéance n'est pas arrêtée dans le temps; abs. de détermination adj.] Orientation fondamentale que l'homme donne à sa vie. Synon. sens, raison de vivre.Tu vogues à la dérive, sans but, sans boussole (Amiel, Journal intime,1866, p. 412);le retour de l'enfant donnait enfin un but à son existence (R. Martin du Gard, Les Thibault,Le Pénitencier,1922, p. 758);pourquoi agir sans but, sans terme, sans comprendre (Cocteau, La Machine infernale,1934, II, p. 63):
8. − Oui! tant de choses m'ont manqué! toujours seul! ah! si j'avais eu un but dans la vie, si j'eusse rencontré une affection, si j'avais trouvé quelqu'un... oh! comme j'aurais dépensé toute l'énergie dont je suis capable, j'aurais surmonté tout, brisé tout! Flaubert, Madame Bovary,t. 1, 1857, p. 159.
SYNT. [Art. indéf. ou absence d'art.] Se donner, se fixer, avoir un but dans la vie; une existence sans but; vivre sans but; prendre les choses de la terre pour but.
[Souvent employé dans la lang. abstr. et culturelle]
DR. Association à but (non) lucratif.
ESTHÉTIQUE, POÉT., PHILOS. Oui, le but de la poésie, c'est le Beau, le Beau seul, le Beau pur, sans alliage d'utile, de Vrai ou de Juste (Verlaine, Œuvres posthumes, t. 2, Charles Baudelaire, 1896, p. 17).
[L'obj. désigne une pers.] Vous êtes pour moi le but même, l'Idéal (J. Laforgue, Moralités légendaires,1887, p. 201).
C.− Loc. et expr.
1. Expr. usuelles
a) Aller [droit] au but :
9. Il parle bref, coupant ses propos de formules à l'emporte-pièce : « soyons carrés en affaires! », « au but! », « pas tant de paroles, des actes! »... R. Martin du Gard, Vieille France,1933, p. 1063.
b) Toucher, frapper au but. Résoudre une difficulté. Passer, dépasser le but. Toutefois si jadis on resta trop en deçà du romantique, maintenant on a passé le but (Chateaubriand, Essai sur la litt. angl.,t. 1, 1836, p. 206).
c) Avoir pour but de + inf.; s'assigner pour but + subst. :
10. On fait précéder cet acte d'un certain nombre de formalités qui ont pour but de permettre au public de faire connaître son avis. H. Chardon, Les Trav. publ.,1904, p. 102.
11. Le département des recherches et prototypes postaux du CNET s'est assigné pour but la réalisation de la machine à trier électroniquement le courrier, ... L'Admin. des Postes et Télécomm.,1964, p. 43.
2. Expr. jugées parfois incorrectes
a) Poursuivre, suivre, remplir son but. Au surplus, j'ai rempli le but que je me proposais en publiant cette bluette (Delecluze, Journal,1827, p. 471);il s'en est allé sans avoir rempli son but (E. Delacroix, Journal,1856, p. 146).
Rem. Ces dernières expr. sont considérées comme impropres par Littré et la trad. lexicogr. qui leur opposent poursuivre un dessein, remplir un devoir, une promesse.
b) Dans le (un) but de...
Dans un but de + subst. Ils [les arrêtés réglementaires permanents quant aux dispositions qui concernent la chasse] prennent souvent des dispositions contre la divagation des chiens, dans un but de repeuplement des oiseaux (J. Baradat, L'Organ. d'une préfecture,1907, p. 317).
Dans le but de + inf. C'est dans le but d'assurer ce traitement qu'avaient été conçus en 1959 les districts urbains (G. Belorgey, Le Gouvernement et l'admin. de la France,1967, p. 285).
Rem. L'expr. dans le but de est condamnée par Littré et certains puristes pour lesquels but aurait gardé son sens physique (on ne peut être dans un endroit qu'on se propose seulement d'atteindre) et qui lui opposent dans l'intention ou dans le dessein de; en fait, but n'étant plus senti avec sa valeur physique, l'expr. est couramment employée par les aut. cf. p. ex. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 463 : Dans le but d'imprimer l'effroi des excès populaires.
IV.− GRAMM. Complément circonstanciel de but. Qui indique dans quelle intention, au profit, au détriment de qui, de quoi, s'accomplit une action. Conjonctions de but, proposition de but. Synon. proposition finale.Voir afin de, que; de crainte de, que; histoire de, que; pour, pour quel, etc.
PRONONC. ET ORTH. : [by] ou [byt]. Transcr. [by] dans Pt Rob. ainsi que dans Nod. 1844, Littré et DG. Les 2 transcr. dans Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, Dub., Pt Lar. 1968 et Warn. 1968. dans Lar. Lang. fr. [by] et [byt] devant voyelle. Cf. Rouss.-Lacl. 1927, p. 171 : ,,On hésite pour un certain nombre de mots : fa(t), bu(t), ne(t), c'est un fai(t).`` L'ensemble des ouvrages note comme Nyrop Phonét. 1951, § 87 et 260 : ,,But se prononce tantôt [by] (prononciation officielle), tantôt [byt]. On a surtout tendance à faire entendre le t quand le mot est final, [devant voyelle, notamment dans les locutions but à but et de but en blanc] ou marqué par l'emphase : voilà mon but [byt]; mais le but [by] principal.`` Fouché Prononc. 1959, p. 406, signale que l'on prononce toujours [byt] dans le lang. sportif. Buben 1935, § 220, explique la restitution du t final par l'influence du fém. butte ,,avec lequel but était quelquefois confondu``. Notons que l'orth. butte l'emporte au xixeet au xxes. dans l'expr. être en but(t)e à. Littré s'élève contre la prononc. [byt] même en finale : ,,Cela ne vaut rien et est un effet de la tendance vicieuse (...) à faire sonner les consonnes.`` Mart. Comment prononce 1913, p. 329, dit qu'on prononce toujours [by] à Paris et que la prononc. [byt] est provinciale. Pour G. Straka, La Prononc. parisienne dans B. de la Faculté des Lettres de Strasbourg, 1952, p. 26 et 27, les hésitations du bon usage quant à la prononc. de la consonne finale ,,sont compréhensibles et on aurait tort de les réprouver; le jour viendra (...) où l'un des deux doublets l'emportera; ce sera sans doute celui qui, d'accord avec la tendance phonétique générale, représente une innovation`` (prononc. [byt]). Enq. : /byt/.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1245 but a but, droit « sans restriction » (Cart. de N.-D. des Voisins, 97 dans R. Hist. litt. Fr., t. 5, 1898, p. 306); 2. 1538 « fin, terme » (Marot, II, 202 dans Littré); 3. a) 1552 « point que l'on vise » (Rabelais, Quart Livre, A mon Seigneur Odet, éd. Marty-Laveaux, II, 249); 1666 fig. toucher au but « résoudre une difficulté » (Molière, Médecin malgré lui, II, 6 dans Littré); 1660 loc. de but en blanc (Molière, Précieuses ridicules, sc. 4 dans Ch.-L. Livet, Lex. de la lang. de Molière, Paris, t. 1, 1895, p. 306), voir aussi blanc; b) 1668 p. ext. « terme où l'on s'efforce de parvenir (p. ex. dans une course) » (La Fontaine, Fables, VI, 10 dans Rob.); 4. 1552 fig. « point que l'on se propose d'atteindre » (Rabelais, Tiers Livre, loc. cit., 159); 1580 (Montaigne, I, 31 dans Littré : l'ame qui n'a point de but estably). Terme indirectement attesté fin xiie-début xiiies. par ses dér. : a. fr. a rebutons « à tort » (ca 1180, G. de St Pair, Mont Saint-Michel dans Gdf.), bute* (1225), peut-être empr. à l'a. nord. butr « bûche, billot de bois », De Vries Anord., s.v. butr; Falk-Torp, s.v. but, v. aussi bouter (FEW t. 15, 2, p. 34; Bl.-W.5) une telle pièce de bois ayant prob. à l'orig. servi de cible pour le tir à l'arc. À l'appui de l'orig. nord., l'implantation de but et de ses dér. dans le domaine norm. (FEW, loc. cit., p. 34 et sqq.). Nombreuses contaminations entre les dér. de but et ceux de bouter-bout, v. abuter-but(t)er, boutoir-butoir, butant-boutant. L'étymon a. b. frq. *but « souche, billot » corresp. à l'a. nord. butr (Dauzat 1968) ne peut convenir du point de vue phonét. L'hyp. de EWFS2qui, estimant, à tort, la forme abuitier, abuter (ca 1220, Péan Gatineau, St Martin dans T.-L.) primitive, suppose le croisement d'une racine buit- (frq. *biutan, à rattacher à l'a. nord. ýta « tendre qqc. de manière à ce que l'autre puisse saisir », byta « échanger ») et d'une racine bout- (bout*) n'est pas convaincante.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 7 586. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 12 244, b) 11 280; xxes. : a) 9 181, b) 10 244.
BBG. − Camus (P.). Autour de l'actualité. Déf. Lang. fr. 1972, no62, pp. 25-26. − Cohen 1946, p. 46. − De Gorog 1958, p. 124. − Gamillscheg (E.). Französische Etymologien. Boletim de filologia. Lisbonne. 1949, t. 10, pp. 193-195. − Quem. 2es. t. 4 1972, p. 39. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 126.