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BUTER, verbe.
I.− [Idée de rencontre d'un point d'arrêt par le suj.]
A.− [Le point d'arrêt est le point terminal d'une visée]
1. JEUX (billard), emploi abs. Frapper au but.
2. Emploi intrans., au fig., vx. Buter (à).Viser (à). C'est à quoi je bute. Il butait à telle charge, à tel emploi (Ac.1798-1878) :
1. « Ainsi, s'écriait M. Bail, si l'on me demande quel est mon dessein dans cette visite, à quoi je tends, à quoi je bute, je répondrai : sorores quaero, je cherche mes sœurs. » Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 4, 1859, p. 38.
Emploi abs. Buter. Aller à son but.
B.− [Le point d'arrêt est un obstacle]
1. Emploi trans. Buter qqc. ou qqn, (suivi éventuellement de la prép. de ou avec).[Le suj. désigne un animé] Buter du pied, de la tête. Elle perdit l'équilibre et vint buter la porte avec son front (R. Rolland, Jean-Christophe,L'Adolescent, 1905, p. 255).
Au fig., emploi pronom. réciproque. Ce sont des gens qui se butent, qui se sont butés l'un contre l'autre (Ac.1835-1932).
2. Emploi intrans., usuel (suivi d'un compl. d'obj. indir., prép. à, contre, dans, devant, sur, précisant la relation à l'obstacle)
a) [Le suj. désigne un inanimé] S'appuyer contre un objet qui arrête ou qui limite un mouvement :
2. Le tenon ne doit pas traverser de part en part la pièce de bois adverse; il doit venir buter contre un épaulement qui rend l'assemblage plus solide et plus propre. J. Viaux, Le Meuble en France,1962, p. 6.
b) [Le suj. désigne un animé] Se heurter à un obstacle. Je ne prends garde qu'à tes pieds pour qu'ils ne butent pas aux pierres (Ramuz, Aimé Pache, peintre Vaudois,1911, p. 233).
SYNT. Buter contre une marche, un meuble, un mur, les pavés, une pierre, une porte close, les racines, une souche, un tronc d'arbre; buter du front, du nez, du pied contre un meuble, une porte. Buter dans. Parfois son pied butait dans les ornières (Alain-Fournier. Le Grand Meaulnes, 1913, p. 67); elle expliqua qu'elle avait buté dans un caillou et s'était flanquée par terre (Queffélec, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, p. 168). Buter sur. Ses pieds butaient sur la route noire (Zola, La Terre, 1887, p. 236).
Au fig. [Le suj. désigne une pers. ou une collectivité; le verbe est suivi d'une prép.] Buter contre.Buter contre son impuissance, son incompétence, son incompréhension. Buter dans.On bute dans des riens. On rêve de trop (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 300).Buter devant.Ce n'est pas la première fois que je bute devant un diagnostic (R. Martin du Gard, Les Thibault,Le Pénitencier, 1922, p. 756).Buter sur.Buter sur un problème, sur une réticence.
3. Emploi abs. [Le suj. désigne un animé] Synon. trébucher.Buter à chaque pas, buter comme un homme ivre. Le cheval bute et tombe sur la face antérieure de ses boulets (E. Garcin, Guide vétér.,1944, p. 178).
Au fig. [Avec un compl. circ.; à « avec, à l'occasion de »] Buter à chaque mot.
Rem. On rencontre parfois dans ces accept. et avec un tel compl. la forme pronom. (emploi subjectif). Se buter à, contre, dans qqc. Il devait ou retourner sur ses pas ou se butter contre les murs (Huysmans, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 283); je me bute dans une allée contre quelque chose que je croyais un paquet de chiffons (E. et J. de Goncourt, Journal, 1889, p. 955). Au fig. Se buter à un obstacle, à une impossibilité, à un veto.
II.− [Idée de rencontre d'un point d'arrêt par l'obj.] Emploi factitif. Faire en sorte que quelqu'un ou quelque chose soit dans tel ou tel état.
A.− Emploi trans. [Le point d'arrêt est un point d'appui]
CONSTR. Buter une poutre. La placer, l'appuyer contre quelque chose.
Buter un mur, une voûte. Soutenir un mur, une voûte à l'aide d'un étai, d'une culée, d'un arc-boutant pour l'empêcher de s'écarter. Synon. épauler, étayer.Une suite d'épais contreforts en pierre destinés à buter des voûtes (Viollet-Le-Duc, Entretiens sur l'archit.,t. 2, 1872, p. 63).
B.− Usuel. [Le point d'arrêt est un blocage psychique]
1. Emploi trans. Buter qqn.Le pousser à une détermination où il se fixe. Synon. braquer, choquer.Léo. − Je veux dire ne pas buter Michel. Être habile... / Yvonne. − Non, non. Il faut couper net (Cocteau, Les Enfants terribles,1929, I, 9, p. 220);« laisse-la donc libre. Il ne faut pas la buter », m'a dit Robert (S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 61).
2. Emploi pronom. réfl. Se buter. Se fixer dans une position sans issue :
3. Ce pauvre Mareste est devenu, (...) l'un des défenseurs les plus acharnés de ce qu'on appelle le genre romantique dans les arts, et l'on sait par expérience ce que c'est de défendre forcément une doctrine dont on n'est pas intimement imbu, et qui contrarie même souvent nos impressions personnelles : on s'obstine, on se bute, ou l'on tourne la chose en plaisanterie. Delécluze, Journal,1824, p. 33.
SYNT. Se buter par entêtement, par orgueil, par vanité.
Se buter à, contre, dans, sur.Être arrêté par une chose sur laquelle on s'acharne avec opiniâtreté. Synon. s'entêter, s'obstiner.Se buter dans le mensonge, dans le silence.
Se buter à + subst.Se buter à, contre une difficulté, un problème :
4. Je passai de la sorte trois ou quatre mois, devenant chaque jour plus amoureux, parce que je me butais chaque jour plus contre une difficulté que j'avais créée moi-même, ... Constant, Le« Cahier rouge », 1830, p. 21.
Se buter à + inf. (rare).On sait que je ne me butais pas à plier les circonstances à mes idées (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2, 1823, p. 376).
Rem. On rencontre dans la docum. le composé contre-buté. Feuilly, (...), avait contre-buté les barriques et le haquet de deux massives piles de moellons (Hugo, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 327).
PRONONC. ET ORTH. : [byte], (je) bute [byt]. Homon. butée (plante), but(t)ée (constr.), but(t)er (tuer), butter (agric.). Écrit avec un seul t dans les dict. gén. dont Ac. 1798-1932; dans les textes, on rencontre parfois butter.
ÉTYMOL. ET HIST. I.− 1. 1289 « (d'une terre) aboutir à, toucher à » (Cart. S. Sauv.-le-Vic., p. 27, Arch. Manche dans Gdf., s.v. bouter) − 1606, Nicot; 2. 1539 « heurter le pied (contre qqc. de saillant) » (Est.); 3. 1636 pronom. fig. « s'opposer à qqn » (Monet, Invent. dans Gdf. Compl.); 1690 (Fur. : ils sont buttez, [...] ils se buttent en toutes occasions); 4. 1690 part. passé, fig. (Fur. : Butté, signifie aussi, fixé à un certain point où on se tient opiniâtrement); 5. 1694 archit. (Corneille : Buter. Contretenir, empescher la poussée d'un mur). II.− 1560 fig. buter a + subst. « viser à » (Pasquier, Recherches, VI, 9 dans Gdf. Compl.); 1583 trans. « viser » (Cl. Gauchet, Le Plaisir des Champs, l'Automne, Divers plaisirs, p. 280 dans Hug.); 1585 emploi abs. « tirer sur une cible » fig. (Cholières, 6eAp. Disnée, p. 230, ibid.); attesté dans les dial. comme terme de jeu (FEW t. 15, 2, p. 35b, 36a). Dér. de but*; II de but* étymol. 3 a; dés. -er.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 412. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 29, b) 190; xxes. : a) 685, b) 1 212.
BBG. − Orr (J.). Qq. étymol. scabreuses. Archivum linguisticum. 1949, t. 1, no1, p. 58.