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BRUIT, subst. masc.
A.− Ensemble de sons, d'intensité variable, dépourvus d'harmonie, résultant de vibrations irrégulières. Bruit sourd; bruit du tonnerre; faire du bruit :
1. Nous cheminions en silence dans les bois et j'étais malgré moi attentif au chant des oiseaux et au murmure des arbres, à tous ces bruits qui semblaient mesurer la vie. Green, L'Autre sommeil,1931, p. 189.
SYNT. Bruit confus, continu, cristallin, éclatant, étouffé, familier, humain, insolite, léger, lointain, métallique, monotone, sec; doux, joli; grand bruit; bruit d'ailes, d'insectes; bruit de baisers, de discussion, de ferraille, de gorge, de pas, de sanglots; bruit de l'eau, des applaudissements, du vent; bruits de la maison, de vaisselle, de voix; absence de bruit; au moindre bruit; le bruit s'apaise, s'élève; entendre un bruit; faire un bruit d'enfer, de tous les diables; ne pas faire plus de bruit qu'une souris; prêter l'oreille à un bruit; sans faire de bruit. Mettre en bruit (Flaubert, Par les champs et par les grèves, 1848, p. 209).
P. métaph. et au fig.
P. métaph. :
2. Je n'ai pas étendu mon manteau sous les tentes, Dormi dans la poussière où Dieu retournait Job, Ni la nuit, au doux bruit d'étoiles palpitantes, Rêvé les rêves de Jacob. Lamartine, Voyage en Orient,t. 1, 1835, p. 20.
Au fig. :
3. C'est donc vous, ô Lélia, qui devez être et qui serez, je l'espère encore, mon guide et mon appui. (...). C'est votre voix grave et calme qui doit imposer silence au bruit discordant de mes pensées, ... G. Sand, Lélia,1833, p. 226.
P. méton. :
4. Dans le silence qui bourdonne, un bruit tombe goutte à goutte : c'est le ruisseau qui coule le long des chanlattes; ... E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 96.
Spécialement
1. INFORM. et LING. Tout ce qui altère ou perturbe la transmission d'un message (cf. Media 1971).
2. MÉD. Mouvement physiologique interne ou externe, perçu par le sujet ou par une autre personne. Bruits normaux, pathologiques :
5. Elle [Xave] abandonna à l'oreiller sa tête épuisée où sonnait, comme un bourdonnement lointain, le bruit du sang à ses tempes. Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 530.
a) Bruit de galop. Bruit du cœur, d'origine pathologique, s'ajoutant aux deux bruits normaux, donnant ainsi à l'auscultation, un rythme à trois temps, rappelant un galop de cheval (cf. M. Bariéty, Ch. Coury, Hist. de la méd., 1963, p. 627).
b) Bruit de pot fêlé. Bruit obtenu en percutant la région sous-claviculaire et indiquant l'existence d'une caverne pulmonaire (cf. Ce que la France a apporté à la méd. dep. le début du XXes., 1946, p. 100).
c) Bruit de râpe. Bruit anormal du cœur, souffle rappelant le bruit d'une râpe, dans certains cas de lésions valvulaires (cf. M. Bariéty, Ch. Coury, op. cit., p. 602).
d) Bruit de souffle. Bruit anormal du cœur, révélant une altération du rythme cardiaque (cf. A. Trousseau, Clinique médicale de l'Hôtel-Dieu, 1895, p. 173).
e) Bruit de soufflet. Souffle pulmonaire ou cardiovasculaire (cf. M. Bariéty, Ch. Coury, op. cit., p. 602).
f) Bruit du cœur. Bruits normaux de cet organe, perçus à l'auscultation, correspondant à la contraction (1erbruit) et au relâchement (2ebruit) des ventricules (cf. Marfanapud, Aviragnet, Weill, H. Marie [F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouv. traité de méd., fasc. 2, 1920-24, p. 684]).
g) Bruit musculaire. Frémissement entendu au stéthoscope, au niveau des muscles (cf. C. Bernard, Cahier de notes, 1860, p. 200).
3. PHONÉTIQUE
a) Phonème sans musicalité (p, d, f, s, par exemple) (cf. Mar. Lex. 1961).
b) Accent, sonorité du langage :
6. ... Gide ne sait de l'anglais que ce que les livres lui en ont appris ... Gide comprend le sens des mots, mais ne saisit pas le bruit de la phrase anglaise... Green, Journal,1950-54, p. 21.
4. PHYS. Bruit blanc. Son complexe, à spectre continu (cf. P. Schaeffer, À la recherche d'une mus. concr., 1952, p. 209).
5. TECHN. AUDIO-VISUELLES, THÉÂTRE
a) Reconstitution ou création sonore destinée à accompagner une émission radiophonique, télévisée, une pièce de théâtre ou un film. Bruits artificiels, naturels (Giteau 1970); bruits imitatifs (Vocabulaire radiophonique, 1933-1952); bruits de coulisses (Arts et litt. dans la société contemp., t. 1, 1935, p. 3404).
b) Spéc., RADIO. Bruit de fond. Ensemble de sons parasites se superposant à une émission et en gênant la bonne audition (cf. Hist. gén. des sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 272).Synon. bruit parasite (E. Coustet, La T.S.F. pratique, télégraphie, téléphonie, 1924, p. 227).
P. ext. Bruit faible et continu :
7. Nous connaissons tous ici le sens de ce bruit de fond très différent des crépitantes fureurs des débuts d'incendie. H. Bazin, L'Huile sur le feu,1954, p. 59.
6. VÉN. Chasser à grand bruit. Chasser avec de grands moyens (cors, nombreux chiens, veneurs, piqueurs).
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes.
P. ext. Agitation, querelle. (Se retirer) loin du bruit :
8. On s'attendait à du bruit [à l'Odéon] et on avait consigné deux régiments... G. Sand, Correspondance,t. 5, 1812-76, p. 20.
Fam., vieilli. Faire beau bruit. Gronder, se fâcher (attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes.).Voir beau bruit. Voir quelqu'un se fâcher (cf. F. Vidocq, Mémoires de Vidocq, t. 3, 1828-29, p. 191).
B.− Nouvelle, propos concernant un événement, une personne. Au bruit de; faux bruit; bruits de guerre :
9. Il [Rogron] causait et demandait des nouvelles de la ville, il écoutait et colportait les commérages, les petits bruits de Provins. Balzac, Pierrette,1840, p. 44.
SYNT. Un bruit circule, court; répandre, semer le bruit que; faire courir le bruit de la mort de qqn; des bruits courent sur le compte de qqn; il y a bruit de qqc. Il n'est bruit que de cela. Il en est beaucoup question. Bruits de coulisse. Nouvelles circulant sous le manteau. Les renseignements, les bruits de coulisse traversent la ville en quelques heures (Morand, New York, 1930, p. 60).
Spécialement
1. BOURSE. Bruit de Bourse. Nouvelle, fondée ou non, circulant à la Bourse, pour en faire varier les fonds. Le champ des bruits de Bourse et de salons était sans limite (Zola, L'Argent,1891, p. 33).
2. DR. Bruit public. Opinion générale pouvant servir de preuve, en l'absence d'autres indices.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes.
C.− Éclat, retentissement d'une personne, d'une chose, en bien ou en mal. Bruit de la renommée; faire grand bruit (de qqc.) dans (le monde); vain bruit :
10. C'étaient (...) les articles de Moïssard expédiés en Corse (...) avec des portraits, des biographies, des brochures, tout le bruit imprimé qu'il est possible de faire autour de son nom... A. Daudet, Le Nabab,1877, p. 241.
Expr. À petit bruit. Sans éclat, discrètement. Ce garçon (...) vit à petit bruit (Colette, La Naissance du jour,1928, p. 21).(Faire) beaucoup de bruit pour rien. (Faire) beaucoup d'éclat pour des choses qui n'en valent pas la peine. Grandes discussions pour d'imperceptibles intérêts, fâcheries, brouilleries, beaucoup de bruit pour rien, Lilliput en colère (M. de Guérin, Correspondance,1837, p. 329).Faire plus de bruit que de besogne. Parler plus qu'agir. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes.Faire plus de bruit que de mal. Avoir plus d'éclat extérieur que de conséquences fâcheuses. Ces lettres [de cachet] ont fait plus de bruit que de mal (Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,t. 2, 1797, p. 334).Cet homme est bon cheval de trompette, il ne s'étonne pas du bruit. Il garde son sang-froid devant des cris, des menaces. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes.Un homme n'aime pas le bruit s'il ne le fait. Un homme condamne chez un autre ce qu'il se permet lui-même. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes.
MÉD. À bas bruit. Sans se révéler extérieurement ou à l'examen. Un virus ... séjourne ... à bas bruit dans les centres nerveux (May ds F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouv. traité de méd.,fasc. 4,1920-24, p. 57).
Région. (lang. Ouest) [Le suj. désigne une pers.] N'être pas de bruit. Ne pas faire de coup d'éclat, vivre tranquillement, modestement (cf. J. de La Varende, Le Troisième jour, 1947, p. 117).
Spéc. Réputation, renommée. Des liqueurs (...) qui ont le bruit d'être exquises (F. Fabre, Norine,1889, p. 4).
Expr. vieillies. Avoir bon bruit, mauvais bruit. Avoir bonne, mauvaise réputation (Ac. 1835-78). A beau se lever tard qui a bruit de se lever matin ou qui a bruit de se lever matin peut dormir jusqu'au soir. Celui qui a acquis une bonne réputation la conserve quoi qu'il fasse. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixesiècle.
PRONONC. : [bʀ ɥi]. Pour la synérèse cf. bruire. Enq. : /bʀ ɥi/.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1138 « renommée, éclat » (G. Gaimar, Hist. des Angl., éd. T. Duffus-Hardy et C.T. Martin, vers 3313-15); av. 1648 « retentissement, éclat » dans l'expr. faire du bruit (Voiture, dans Rich. 1680); 1669 faire grand bruit de (qqc.) (Mol., Tart., préf. dans Rob.); 2. 1155 « sons de voix sans articulation distincte » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, Paris, 1938, 559); 1165-70 plus gén. « son ou assemblage de sons » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, 3548 dans T.-L.); 3. fin xives. « nouvelle vraie ou fausse répandue dans le public » (E. Deschamp d'apr. FEW t. 10, p. 551a), cf. 1606 (Nicot). Déverbal de bruire*; d'apr. *brūgĭtum part. passé de *brūgĕre, v. bruire.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 17 679. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 22 624, b) 30 364; xxes. : a) 28 180, b) 22 662.
BBG. − Brüch, 1913, p. 131. − Darm. Vie 1932, p. 167, 194. − Duch. 1967, § 34. − Gottsch. Redens. 1930, passim.Goug. Mots t. 1 1962, p. 291. − Grimaud (F.). Pt gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1968, p. 111. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 201. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 6. − Tilander (G.). Brisier, bruisier. Romania. 1925, t. 51, p. 108.