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BRASSER1, verbe trans.
A.− Fabriquer de la bière en opérant à chaud le mélange du malt et de l'eau. Brasser la bière, le moût :
1. Là étaient tous les instruments d'économie domestique de ces pauvres filles, leur petit cuvier pour faire la lessive, leur petite cuve avec un appareil elliptique pour brasser elles-mêmes leur bière. Stendhal, Souvenirs d'égotisme,1832, p. 81.
2. Félicie avait même brassé de la bière en laissant aigrir de l'avoine bouillie et du sucre avec un peu de houblon. Quelle fête! Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 167.
P. métaph. Quinet, tout énivré de houblon, nous brasse des cuves de poésie (Sainte-Beuve, Mes poisons,1869, p. 115).
Absol. Ingelby ne brassait plus, mais il continuait les limonades, les sirops (Van der Meersch, Invasion 14,1935p. 310).
P. ext. Brasser le cidre :
3. Au mois de novembre ils brassèrent du cidre. C'était Bouvard qui fouettait le cheval, et Pécuchet, monté dans l'auge, retournait le marc avec une pelle. Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 1, 1880, p. 29.
B.− P. anal.
1. Agiter, remuer une substance ou un mélange à température élevée :
4. Pour préparer un bain, on laisse couler l'acide dans le saturateur vidé du sel du bain précédent, et contenant encore les eaux mères chaudes; on brasse le liquide pendant l'écoulement de l'acide, et on surveille sa densité... Y. Quéret, Manuel de l'industr. du gaz,1923, p. 271.
SYNT. Huiles brassées par la vapeur; brasser et mélanger les gaz combustibles et carburants; brasser du bitume (Lar. 20e).
P. métaph. Les héros, les gredins, les fous, les créateurs, sont mêlés et brassés dans l'ébullition d'une époque (Valéry, Variété 4,1938, p. 184).
Absolument :
5. En été (...) on caille le lait froid (...) mais alors on doit brasser et chauffer beaucoup (...) pour bien ressuyer le caillé... A.-F. Pouriau, La Laiterie,1895, p. 785.
MÉTALL. (notamment dans la technique de fabrication des monnaies). Brasser du métal (en fusion) :
6. Les lingots de fonte, jetés dans un four doublé d'un revêtement de scories, y étaient d'abord portés à une température élevée. Pour obtenir du fer, on aurait commencé à brasser cette fonte aussitôt qu'elle serait devenue pâteuse. Pour obtenir de l'acier, (...) on attendait que la fonte fût fluide et l'on avait soin de maintenir dans les fours une chaleur plus forte. Le puddleur alors, du bout de son crochet, pétrissait et roulait en tout sens la masse métallique; il la tournait et retournait au milieu de la flamme; ... Verne, Les 500 millions de la Bégum,1879, p. 73.
2. Agiter, remuer, retourner, malaxer quelque chose en vue de résultats divers. Son pied a heurté par malchance le seau dans lequel on brasse la bouillie de son pour les poules (Bernanos, Nouvelle Hist. de Mouchette,1937, p. 1298):
7. Elle se plongeait dans les lingots jusqu'aux épaules, les brassait, les agitait, les roulait, les faisait sauter; ... T. Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 317.
8. ... les grands ventilateurs brassaient toujours l'air épais de la salle et les petits éventails multicolores des jurés s'agitaient tous dans le même sens. Camus, L'Étranger,1942, p. 1196.
P. métaph. ou au fig. Votre colossale machine publicitaire n'a fait que remuer l'opinion, l'agiter, la brasser (Bernanos, Les Enfants humiliés,1948, p. 258):
9. Tandis que la civilisation enferme le monde barbare dans les serres invincibles de l'Angleterre et de la Russie, la France brassera l'Europe dans toute sa profondeur. Michelet, Introd. à l'hist. universelle,1831, p. 470.
a) En partic. Malaxer, pétrir, remuer.
P. métaph. :
10. ... beaucoup de praticiens, habitués à brasser la chair (...) ont pu s'endurcir les nerfs jusqu'à regarder froidement toutes les plaies physiques... F. Fabre, Mademoiselle de Malavieille,1865, p. 292.
BOULANGERIE. Brasser la pâte (du pain). Synon. pétrir la pâte (du pain).Un boulanger qui malaxe et brasse la pâte de son pain (Cocteau, Poésie critique 2,1960, p. 7).
P. métaph. Préparons-nous à être versés dans le pétrin du Seigneur, à être brassés par les bras du Seigneur (Giono, Batailles dans la montagne,1937, p. 203).
b) Spécialement
AGRIC. Brasser le sol, la terre. L'aérer en la retournant (cf. brassage1C 1).
JEUX, fam. Brasser les cartes*; brasser les dominos, les dés :
11. ... nous jouons ces trous-là aux dés, ou bien avec des numéros brassés dans le bonnet du mousse. Chacun de nous gagne le sien et, pendant toute la campagne après, l'on n'a plus le droit de planter sa ligne ailleurs, ... Loti, Pêcheur d'Islande,1886, p. 287.
PÊCHE. Brasser l'eau. La remuer pour amener le poisson dans les filets.
C.− Au fig.
1. [Le compl. d'obj. désigne un groupe humain. Correspond à brassage1* B] Brasser les hommes, les classes, les peuples... Les mêler, les amalgamer :
12. Une école régionale est d'une très grande valeur éducative. Elle brasse les diverses classes de la province, obtient une sorte d'homogénéité sociale dont la conquête est impossible autrement. J. de La Varende, La Dernière fête,1953, p. 69.
13. De grands faits historiques, ayant fortement brassé les hommes, ont pris naissance dans ce milieu. On a vu les familles et les tribus se combiner en confédérations, s'agglomérer en hordes qu'ont signalées des éclairs de puissance quasi mondiale. Vidal de La Blache, Principes de géogr. hum.,1921, p. 212.
2. Brasser des affaires. Traiter de nombreuses et importantes affaires en même temps, souvent à la hâte et sans grand scrupule. Brasser de l'argent, des millions. En posséder, en manier beaucoup et le faire travailler :
14. Et qui sait si la lettre de ce prêteur, de ce Muller ne recelait pas quelque combinaison frauduleuse? Comment le débrouiller? Il en était bien incapable, ignorant tout du monde de l'argent, hors que s'y brassaient d'obscures affaires, souvent louches, toujours compliquées. Châteaubriant, M. des Lourdines,1911, p. 73.
3. Rare.
Brasser (plusieurs choses) en (une seule chose). Mêler ... en ..., fondre ... en ...
Brasser un ouvrage, un travail. Car ça « m'urge » en vue d'un bouquin de Mélanges que je brasse pour de vagues printemps (Verlaine, Correspondancet. 3, 1869-96, p. 184):
15. La prière du soir, grave et recueillie, se disait dans la salle à manger, devant une table débarrassée, parmi les heures confuses qui tenaient du plein jour par le travail qu'on y brassait encore et de la nuit par l'apaisement qu'elles conseillaient. Malégue, Augustin,t. 1, 1933, p. 64.
4. Vieilli. Tramer. Brasser une trahison, brasser quelque chose contre l'État (Ac. 1835-78).
Rem. Attesté dans la plupart des dictionnaires.
Pronom. [Sens passif] Se tramer, se préparer, se passer.
PRONONC. ET ORTH. : [bʀase], (je) brasse [bʀas]. Enq. : /bʀas/ (il) brasse. ,,La véritable orthographe serait non brasser, puisque le mot ne vient pas de bras, mais bracer, comme on l'écrivait généralement dans l'ancienne langue`` (Littré).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1175 bracier « fabriquer (de la bière) » (Benoît, Chron. des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 36738); 2. a) 1176 id. « mélanger » (Cligès, éd. A. Micha, 5700); b) ca 1175 « tramer, ourdir » (Benoît, ibid., 15105); 3. 1808 brasser des affaires (Ch. Fourier, Théorie des quatre mouvements et des destinées gén., éd. J.J. Pauvert, Paris, 1967, p. 213). Dér. du gallo-rom. *braciāre, de brace (brai2*). Lat. médiév. bratsare (ca 815, Polypt. Irminonis, br. 13, chap. 6 dans Nierm., s.v. braciare). Brasser a subi l'attraction sém. de bras dans certains de ses développements.
BBG. − Gohin 1903, p. 372. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 45; t. 2 1966, p. 15. − Horning (A.). Zur Wortgeschichte. Z. rom. Philol. 1906, t. 30, p. 455. − Tournemille (J.). Étymol. et attraction. Déf. Lang. fr. 1966, no35, p. 15.