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BRANLER, verbe.
I.− Emploi trans.
A.− [Le compl. d'obj. dir. désigne une partie du corps humain; en partic. en parlant de la tête] Agiter de droite à gauche, de haut en bas :
1. ... il était seul et paraissait soucieux. Avant de stopper, il regarda son frère, et branla plusieurs fois la tête. R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 334.
Fam. Branler le menton. Manger :
2. Chacun d'eux mange en diable (...) Il faut voir leur vitesse À branler le menton. Leclair, Les Méditations d'un hussard,1809, p. 56.
B.− [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose] Secouer, faire trembler :
3. ... trois [garçons] s'étaient attelés à une grosse poutre, et ils essayaient de la déroquer en la branlant comme un timon, au risque de tout se chavirer dessus. Giono, Batailles dans la montagne,1937, p. 121.
Fam., forme interr. Qu'est-ce qu'il branle? Que fait-il?
C.− [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Trivial. Masturber :
4. C'est là qu'il a rencontré la peintresse Jacquemin, qu'il n'a pas baisée, dit-il, mais qu'il a branlée... E. et J. de Goncourt, Journal,1894, p. 603.
Emploi pronom. Se branler. Se masturber.
Au fig. Se les branler. Ne rien faire. S'en branler. Rester indifférent, s'en moquer :
5. L'opinion du mitan sur mon compte, avec la mentalité qui y régnait maintenant, je m'en branlais éperdument. A. Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 77.
II.− Emploi intrans.
1. Trembler, osciller, manquer d'assise, de solidité :
6. La main de Gilbert lui branla : il laissa choir son verre sur la pierre du foyer. Pourrat, Gaspard des Montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 271.
Au fig.
[En parlant d'une pers.] Bouger, broncher :
7. Mais le vieux les terrorise. Ils n'osent pas branler devant lui. A. Arnoux, Roi d'un jour,1956, p. 314.
[En parlant d'une opinion] Varier, changer :
8. ... deux fois déjà je me suis donné la peine (...) d'écouter les harmonies si pauvres de ce compositeur au nom si riche [Widor] (...), et mon opinion sur Widor ne branle pas. Il est crevant tant sa musique est ennuyeuse. Willy, Notes sans portées,1896, p. 79.
Loc. Branler au manche, du manche, dans le manche. [En parlant d'un outil] Être mal emmanché :
9. La lame branlait dans le manche, il [Ravaillac] le porta chez Jean Barbier, frère de l'hôte des Cinq Croissants et tourneur au faubourg Saint-Jacques, pour le faire emmancher [le couteau] de neuf. J. et J. Tharaud, La Tragédie de Ravaillac,1913, p. 114.
Au fig. Manquer de solidité, de stabilité, être dans une situation précaire :
10. Pignaver branlait du manche et trottinait doucettement vers le tombeau. A. Arnoux, Le Rossignol napolitain,1937, p. 246.
2. Être secoué de branlements. Le tramway branlait et allait (Valéry, Degas, danse, dessin,1936, p. 99).
Rem. On trouve dans la doc. les dérivés suivants a) Branlocher, verbe trans., arg., néol. d'aut. Masturber. Je fais coucher d'abord mon idiot pour qu'il me foute sérieusement la paix (...) Je le branloche un tout petit peu, ça le tenait tranquille d'habitude (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 324). Au fig. Agiter, remuer, entretenir dans un état d'incertitude inquiète. ... ils étaient pas là comme nous à branlocher des petits chagrins (Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 593). b) Branlochant, ante, adj., néol. d'aut. Hésitant, qui fait preuve d'incertitude, d'instabilité. Branlochants d'incohérence (Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 324). c) Branlure, subst. fém., arg. Individu de peu d'envergure. Synon. branleur.
PRONONC. : [bʀ ɑ ̃le], (je) branle [bʀ ɑ ̃:l].
ÉTYMOL. ET HIST. − A. − 1. Ca 1100 trans. « faire bouger, agiter (à l'orig. une arme) » (Roland, éd. J. Bédier, 3327); 1546 bransler la teste (Rabelais, Tiers Livre, éd. Marty-Laveaux, t. 2, p. 213); 1611 fig. bransler la tête (Cotgr.); 1611 bransler au manche (Cotgr.); 1671 (Pomey : Les dents me branlent); d'où 1847 subst. fém. branlante « dent » (Dict. d'arg., 151 dans IGLF Techn.); p. ext. a) très vulg. [1594 d'apr. FEW t. 15, 1, p. 248a]; 1640 bransler « faire l'acte charnel » (Oudin Curiositez add.); b) 1967 pop. branler synon. de faire (Éd.); 2. ca 1285 pronom. « se remuer » (Artur, B.N. 337, fo27b dans Gdf. Compl.); 1671 « se balancer » (Pomey) − 1677 (Miège, A new dictionary French and English, Londres); 1953 pop. s'en branler « s'en moquer » supra ex. 5. B.− 1165-70 intrans. « chanceler, faiblir » (B. de Ste-Maure, Troie, 7166 dans T.-L.). Contraction de brandeler « vaciller » (ca 1172 Chr. de Troyes, Cligès, éd. W. Foerster, 3776), dér. du rad. de brandir1*; suff. -eler*. L'hyp. d'une dérivation d'un b. lat. *brandulare (Vox rom., t. 8, pp. 5-7) ne semble pas à retenir en raison du manque de productivité du suff. -ulare à cette époque (FEW t. 15, 1, pp. 251-252). Le sens pop. « s'en moquer » a subi la même évolution sémantique que le verbe balancer*.
STAT. − Fréq. abs. littér. Branler : 196. Branlé : 12.
BBG. − Jaberg (K.). Zu den französischen Benennungen der Schaukel. Vox rom. 1945/46, t. 8, pp. 5-8. − Rice (C. C.). Romance etimologies. P. M. L. A. 1911, t. 26, p. 334.