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BRAILLER, verbe.
I.− Emploi intrans.
A.− Familier
1. [Le suj. désigne une pers., un groupe de pers.] Éclater vocalement d'une manière assourdissante, intempestive et ordinairement désagréable.
a) Crier, parler plus haut que nécessaire. Synon. vociférer, gueuler (pop.).J'ai besoin (...) de causer sans brailler, de rire sans me tordre (Pailleron, L'Âge ingrat,1879, II, 14, p. 94):
1. ... c'était une cohue furieuse et hurlante. (...). Toute cette foule criait, chantait, braillait. Les hommes, le chapeau en arrière, la face rougie, avec des yeux luisants d'ivrognes, s'agitaient en vociférant par un besoin de tapage naturel aux brutes. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, La Femme de Paul, 1881, p. 1217.
[En constr. incise] :
2. Aussi, peut-être se souvint-il brusquement qu'il était colonel, officier du C. I. A. − un corps où on ne plaisante pas − et le supérieur d'Eddie Milburn. − Lieutenant! brailla-t-il. Cessez de vous ridiculiser. M.-G. Braun, Apôtres de la violence,Paris, Fleuve Noir, 1962, p. 105.
P. métaph. Une locomotive manœuvrait (...), et elle braillait à pleins poumons (Barbusse, Le Feu,1916, p. 101).
Au fig., péj. Professer ses convictions d'une manière tapageuse :
3. ... tous ceux qui plaignent les peuples, qui braillent sur la question des prolétaires et des salaires (...) les Communistes, les Humanitaires, les philanthropes vous comprenez, tous ces gens-là sont notre avant-garde. Balzac, Les Comédiens sans le savoir,1846, p. 361.
P. méton., rare. [Le suj. désigne un ensemble de cris, de vociférations] Une clameur brailla (G. d'Esparbès, Le Briseur de fers,1908, p. 242).
b) En partic. Chanter très fort, sans harmonie et d'une voix disgracieuse. Synon. fam. beugler, s'égosiller.Et vous autres, tas de cochons, tâchez de brailler en mesure! (Courteline, Messieurs-les-Ronds-de-cuir,1893, VIetabl., 3, p. 253).
P. métaph. Des orgues de Barbarie braillaient (R. Rolland, Jean-Christophe,Antoinette, 1908, p. 901).
Au fig. C'était soir de mardi gras et les rues braillaient pleines de masques (J. Lorrain, Sensations et souvenirs,1895, p. 135).
2. [Le suj. désigne plus spéc. un enfant] Pleurer avec de grands cris :
4. − Une fois que maman s'avait disputée avec sa patronne, j'ai été au poste avec mon petit frère Mimile dans les bras; il braillait tellement pour têter, que le brigadier a renvoyé maman tout de suite. Frapié, La Maternelle,1904, p. 179.
B.− P. ext., VÉN. [Le suj. désigne un chien de chasse] Crier, aboyer sans être sur la voie du gibier.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
II.− Emploi trans. [Le compl. est en fonction d'obj. interne]
A.− Fam. [Le suj. désigne une pers., un groupe de pers.; l'obj. désigne ce qui est susceptible d'être exprimé vocalement] Dire ou chanter quelque chose d'une voix très forte, éraillée. Synon. fam. beugler.Brailler une chanson. Chassaigne et sa femme, braillant des injures, se précipitent (Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 56):
5. La guinguette, sous sa tonnelle De houblon et de chèvrefeuil, Fête, en braillant la ritournelle, Le gai dimanche et l'argenteuil. T. Gautier, Émaux et camées,1852, p. 15.
P. métaph. Un haut-parleur braillait une chanson crapuleuse (T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 17).
B.− P. ext. [L'obj. désigne un sentiment, un état d'âme, une opinion] :
6. Gesticulant dans la cohue, Sulphart braillait sa joie. − Qui n'a pas gagné va gagner! C'est à la chance et à l'idée du joueur... Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 45.
Rem. On rencontre dans la docum. le part. passé substantivé braillée, région. ,,Parole prononcée en braillant`` (J. Humbert, Nouv. gloss. genevois, 1852, p. 61). Tu m'assourdelles avec tes braillées (Id., ibid.).
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [bʀ ɑje], (je) braille [bʀ ɑ:j]. Cf. -aille et -ailler. 2. Homon. et homogr. brailler (s.v. braille2rem.).
ÉTYMOL. ET HIST. − Ca 1220 « crier » (Raimbert de Paris, Ogier le Danois, 12259 dans T.-L.); 1690 (Fur. : Brailler. Parler beaucoup & fort haut, & sans dire rien de bon ni de solide). Du lat. vulg. *bragulare (dér. de bragere, braire*); v. aussi REW3, no1263.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 157.
BBG. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], passim; t. 3 1972 [1930], p. 443.