| ![]() ![]() ![]() ![]() BOURSOUFLÉ, ÉE, part. passé, adj. et subst. I.− Part. passé de boursoufler* A. II.− Emploi adj. Sert de superlatif à enflé, gonflé. A.− [En parlant du physique d'une pers. et plus partic. d'une partie du corps] Enflé, gros et mou. Elle le poussa dans sa loge. C'était une grosse vieille femme, pâle et boursouflée (Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 443). − P. métaph. Un immense ciel mat, boursouflé de gros nuages (Courteline, Femmes d'amis,1888, p. 140): 1. ... deux hautes marguerites se rencontrèrent et enfoncèrent l'une dans l'autre leurs belles têtes boursouflées...
Renard, La Lanterne sourde,1893, p. 162. B.− Usuel. [En parlant du style, du ton, des paroles] Ampoulé, grossi : 2. La pièce de Corneille [Médée] est ennuyeuse, ostentatoire, boursouflée, mais il serait surprenant qu'elle n'eût pas d'intérêt.
Brasillach, Pierre Corneille,1938, p. 191. C.− Rare. [En parlant du comportement moral] Passions boursouflées (Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 281). ♦ Boursouflé de.Boursouflé d'importance (Balzac,
Œuvres diverses,t. 2, 1850, p. 431). III.− Emploi subst. A.− P. ell. Homme gros et gras. Ces gros boursouflés, ils sentent déjà sur pied (Aymé, La Mouche bleue,1957, p. 204). B.− Emploi masc. neutre. [En parlant du style] Caractère de ce qui est boursouflé : 3. Quand les poëtes de l'époque classique n'y prennent pas garde, ils deviennent aisément prosaïques et languissants, comme les autres de l'école contraire tendent très-vite, s'ils ne se soignent, au boursouflé, au bigarré ou à l'obscur.
Sainte-Beuve, Portraits littér.,t. 2, 1844-64, p. 236. ÉTYMOL. ET HIST. − a) Ca 1200 adj. bousouflé « enflé » (Ansëis de Carthage, 250 dans Z. rom. Philol., t. 9, p. 597); 1223 boursouflé (G. de Coincy, Mir., éd. A. Långfors, 176, 53 dans IGLF Litt.), graphies du xiiies.; ca 1450 boursouflé (Myst. du viel Testament, XXXVII, 35667, éd. J. de Rothschild, ibid.); xves. subst. (Annales archéologiques, XV-162, ibid.); b) 1546 adj. « enflé d'orgueil » (Rabelais, Tiers Livre, chap. 38, éd. Marty-Laveaux); av. 1701 en parlant du style (St Evremont dans Fur.); 1763 subst. (Volt., Lett. Voisenon, 23 févr. dans Littré); c) av. 1837 adj. « vainement comblé » (Fourier dans Lar. 19e).
Bousouflé formé du rad. onomatopéique *bod- exprimant le gonflement, v. boudin (Diez5, p. 529, s.v. bouder; Dauzat 1973) et de soufflé*. La forme boursouflé par croisement avec bourré* « rempli de bourre »; v. aussi P. Guiraud dans Z. rom. Philol., t. 77, p. 444 et Etymol., p. 11. L'hyp. d'une substitution de boursoufler au type boudenfler (Gamillscheg dans Z. rom. Philol., t. 41, p. 516; EWFS2) constitue un détour inutile que ne justifie pas la chronologie. STAT. − Fréq. abs. littér. : 126. |