| ![]() ![]() ![]() ![]() BOURSE2, subst. fém. FINANCES A.− Lieu où des personnes (négociants, agents de changes, courtiers, etc.) s'assemblent périodiquement pour suivre les cours ou pour conclure des transactions sur les valeurs mobilières, industrielles, ou sur les biens de consommation. La Bourse de Paris : 1. L'impulsion était partie de la Bourse de Paris; une fois en marche, la machine administrative alla, courut, vola, roula vers le but indiqué, tant qu'elle trouva des chemins où rouler, mais à la mode des machines, sans rien penser et sans se soucier de rien.
Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 128. 1. Emploi abs. La Bourse. De la Bourse à la Madeleine (Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 1,1869, p. 133);la place de la Bourse (R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914,1936, p. 267);le quartier de la Bourse (R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914,1936, p. 304). 2. [La spécification des opérations est indiquée par un compl., prép. de] ♦ Bourse des changes. Lieu où s'effectuent les opérations de conversion des monnaies. ♦ Bourse des marchandises, Bourse de commerce. Endroit où se concluent l'achat, en gros, des produits de base par l'entremise de courtiers : 2. ... les prix sont un des éléments essentiels de la vie économique dans le régime capitaliste. D'où l'importance des grands marchés : bourses de commerce qui fixent le prix des grandes denrées, en particulier d'origine végétale (bourses du blé, fondée dès 1848 à Chicago, du coton à La Nouvelle-Orléans ou à Liverpool, de la laine en Australie ou à Londres, du café au Brésil ou au Havre, du caoutchouc à Singapour ou à Londres, des fleurs en Hollande ou à Grasse); ...
J.-A. Lesourd, C. Gérard, Hist. écon., XIXeet XXes., t. 1, 1968, p. 17. ♦ Bourse des valeurs. Lieu où l'on traite des actions, obligations, fonds publics ou rentes de l'État (cf. Barrès, Mes cahiers, t. 6, 1908, p. 305). ♦ Bourse des frets ou d'affrètement. Bourse chargée de servir d'intermédiaire entre les chargeurs et les mariniers (location, prix, etc.) : 3. À part le Stock Exchange ou Bourse des valeurs, la Cité a deux autres Bourses : la Bourse des métaux et le Baltic, qui est la Bourse des frets pour le monde entier (louage par tonnage ou par navire, au temps ou au voyage) et en même temps celle des oléagineux, des résineux, du jute, du chanvre, du lin, des épices.
Morand, Londres,1933, p. 296. 3. P. méton. a) Ensemble des professionnels de la bourse. L'argot de la Bourse (E. et J. de Goncourt, Journal,1857, p. 332). Rem. On dit aussi, pour cet emploi, gens de Bourse (Zola, L'Œuvre, 1886, p. 359) et, avec des nuances variées, spéculateurs de la Bourse (Sorel, Réflexions sur la violence, 1908, p. 264). b) Réunion des professionnels de la Bourse. La clôture de la Bourse (Stendhal, Lucien Leuwen,t. 2, 1836, p. 305).La Bourse clôtura en baisse (Druon, Les Grandes familles,t. 2, 1948) : 4. À la charge de l'agent de change, une fièvre insolite agitait les employés derrière les grilles de leur ménagerie. Les téléphones tintaient. On criait des ordres. L'heure de l'ouverture de la Bourse était proche, et la gravité de la situation générale faisait craindre une séance mouvementée.
R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 381. c) Opérations ou cours pratiqués durant ces réunions. Hausse, baisse, chute, mouvements, fièvre, réactions de la Bourse. Les cours de la Bourse (Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 1036);coups de Bourse (Péguy, L'Argent,1913, p. 1109);ordres de Bourse (Morand, New-York,1930, p. 141): 5. ... il avait pris l'habitude, après son premier déjeuner, de lire avec soin, dans son journal, la cote de la Bourse, pour suivre les cours. Et le mal était parti de là, la fièvre l'avait brûlé peu à peu, ...
Zola, L'Argent,1891, p. 197. B.− P. ext. [La spécification étant, comme sous A 2, marquée par un compl. avec prép. de] Lieu où sont évaluées, échangées, vendues, diverses choses. 1. [D'ordre matériel] Bourse des timbres, des livres (Du Bos, Journal,1927, p. 192): 6. Peut-être, un jour, verrons-nous une Bourse pour les idées; mais déjà, bonnes ou mauvaises, les idées se cotent, se récoltent, s'importent, se portent, se vendent, se réalisent et rapportent.
Balzac, L'Illustre Gaudissart,1834, p. 9. 2. [D'ordre moral, intellectuel ou artistique] Bourse du plaisir, (R. Rolland, Jean-Christophe,La Foire sur la place,1908, p. 723);bourse des valeurs littéraires (R. Rolland, Jean-Christophe,La Foire sur la place,1908, p. 195);bourse des chansons. C.− P. anal. Bourse du travail. Lieu où se réunissent les syndicats ouvriers afin de se concerter pour la défense de leurs intérêts (situation de l'emploi, mutualité) et l'organisation de leur action revendicative : 7. « Quatuor de congrès. La C.G.T. à Marseille. » Le maire de Marseille ayant interdit de discuter toute question antimilitariste dans la salle de la Bourse du travail, monument municipal, le congrès s'est transporté dans une autre salle.
Romains, Les Hommes de bonne volonté,Le 6 octobre, 1932, p. 160. PRONONC. : [buʀs]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1549 « lieu de réunion des marchands ou spéculateurs » (Edit dans Littré); 1677 bourse de marchands (Miege, The Great French dictionary, London); 2. 1812 « tout ce qui concerne ce lieu » a) « les affaires qui s'y traitent, les gens qui le fréquentent » (V. de Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 2, p. 115); b) « le mouvement des prix » (Id., ibid., p. 374); spéc. cours de la bourse (Id., ibid., p. 170); 1832 jouer à la bourse (Stendhal, Souvenirs d'égotisme, p. 29); 1813 « ensemble des gens qui fréquentent la Bourse » (V. de Jouy, op. cit., t. 4, p. 158); 1823 « réunion de ces gens, durée de leur assemblée » (Stendhal, Racine et Shakespeare, t. 1, p. 37); 3. p. ext. de 1 et 2 1812 « toute organisation qui lui ressemble » (V. de Jouy, op. cit., t. 2, p. 39); av. 1866 « tout lieu où se traitent des affaires commerciales » (Alex. Dum. dans Lar. 19e); 1851 p. anal. Bourse du travail « lieu de réunion des syndicats de travailleurs » (Projet de loi Ducoux d'apr. Dauzat 1968); 1900, 17 juill. (Décret dans Rob.).
Orig. obsc.; peut-être ext. de sens de bourse1* d'apr. la loc. fr. monnaie courant en bourse (dès 1339) corresp. au lat. moneta in bursa currens « monnaie qui a cours au moment du payement » (1290 textes brabançons), v. Bl.-W.5. Une autre hyp. est transmise par Mén. 1750 (reprise par Bl.-W.5, Dauzat 1968, EWFS2) : d'apr. Guichardin dans sa Description des Pays-Bas [1567] chapitre Il Ritratto della Borsa d'Anversa, le mot borsa, d'abord appliqué à la bourse de Bruges, devrait son nom à une place où se trouvait la maison, ornée de trois bourses d'une noble famille appelée della Borsa [van Der Burse], lieu de réunion des commerçants de la ville; v. aussi Kluge20, s.v. Börse. L'état actuel de la docum. ne permet pas de trancher. STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 335. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 051, b) 4 104; xxes. : a) 3 894, b) 1 931. BBG. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 151. − Hagnauer 1968, p. 71. − Kuhn 1931, p. 89, 151, 152, 164, 233. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 190. − Sigurs 1963/64, p. 268. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1955, p. 3. |