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BORNER, verbe trans.
A.− [Correspond à borne I]
1. [Le suj. désigne une pers.; l'obj. désigne un champ, un terrain] Disposer des bornes. Borner un champ :
1. Au premier temps du monde où tout était commun, Deux frères, comme vous, avaient deux champs en un; Comme l'un prenait moins et l'autre davantage, Ils vinrent un matin borner leur héritage; ... Lamartine, Jocelyn,1836, p. 751.
2. [Le suj. désigne une chose] Limiter par des bornes :
2. ... ils s'arrêtaient auprès d'une pierre qui bornait une propriété, parce qu'elle avait quelque chose du dolmen de Locneuven. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Petit soldat, 1885, p. 187.
P. transpos. Il acheta la pièce de terre qui le bornait au couchant (Ac.1835-1932).
P. anal., littér. :
3. ... du fauteuil qui bornait MmeMéridier sur la droite, une réponse vint sur les ailes d'une voix curieusement maîtresse d'elle-même, assurée et charmante, qu'Augustin ne s'était jamais lassé d'entendre et d'admirer. Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 37.
4. De sa chambre ovale, en haut de la tour, Julie de Carneilhan âgée de quinze ans, ses nattes blondes bornant son front têtu, découvrait le dessus ballonné de deux tilleuls... Colette, Julie de Carneilhan,1941, p. 216.
B.− P. ext.
1. [Le suj. désigne un élément naturel ou une limite abstr.; l'obj. désigne un territoire, un État, etc.] Limiter :
5. Cet évêché confine au nord avec celui de S. Jago, capitale du Chili, où le gouverneur général fait sa résidence; il est borné à l'est par les Cordilières, et s'étend au sud jusqu'au détroit de Magellan; mais ses vraies limites sont la rivière de Biobio, à un quart de lieue de la ville. Voyage de La Pérouse,t. 2, 1797, p. 59.
6. Territoire national désigne le territoire sur lequel s'exerce juridiquement et en droit la souveraineté de l'état-nation. Ce territoire est borné − en gros − par des frontières, lignes (ou aires) conventionnelles... Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 175.
P. anal. L'horizon était borné par des collines boisées (Arland, L'Ordre,1929, p. 26):
7. Derrière ce petit pavillon s'étendait un jardin charmant, jardin qui en dépendait, entouré de murailles assez élevées pour nous séparer de nos voisins, et assez basses pour ne pas borner la vue. A. Dumas Fils, La Dame aux Camélias,1848, p. 210.
2. P. métaph. ou au fig.
a) Restreindre dans certaines limites, empêcher le développement de quelque chose. Borner ses ambitions :
8. Mais, ne se faisant pas une assez forte idée du lien divin qui unit la vie individuelle de chaque homme à l'humanité, et ne sachant pas borner leur curiosité ni limiter leur imagination, au lieu de rester dans la vérité dont ils avaient le sentiment, ils [les anciens peuples] ont rempli par une multitude de solutions absurdes le vide de la doctrine que ce sentiment leur inspirait. Leroux, De l'Humanité,t. 1, 1840, p. 317.
9. ... comme il y a des zones brûlantes qui bornent la liberté, il y a aussi des cercles de glace que la pensée ne franchit point. Alain, Propos,1927, p. 730.
SYNT. Borner ses désirs, ses espérances, ses prétentions; borner le pouvoir de quelqu'un.
[L'obj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] :
10. L'assemblée constituante, (...), a restreint le plus qu'il était possible la compétence des conseils de guerre, les bornant uniquement aux délits commis par des militaires en temps de guerre et en pays étrangers; elle a retiré aux cours prévôtales les attributions qu'on a voulu malheureusement rétablir depuis, et même étendre. Mmede Staël, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr.,t. 1, 1817, p. 221.
Littéraire :
11. Elle [Berthe] croyait deviner sous chaque parole d'Albert les vues étroites et despotiques du mari qui entend borner sa femme à lui-même, l'assujettir à ses goûts, la cacher au monde. Chardonne, L'Épithalame,1921, p. 391.
12. ... cet instant-ci, dont je ne puis sortir, qui m'enferme et me borne de tout côté, cet instant dont je suis fait ne sera plus qu'un songe brouillé. Sartre, La Nausée,1938, p. 198.
b) Emploi pronom.
Emploi pronom. réfl. Se limiter (à), se contenter (de) :
13. Les peintres futurs ne se borneront pas, comme celui-ci, à rappeler sur un pan de mur ou un panneau de bois la matière maudite dont nos corps sont formés : ils la célébreront et la glorifieront. A. France, L'Île des pingouins,1908, p. 152.
14. Sans entamer de discussions sur ce point avec le président du Conseil, je me bornais à maintenir ma décision... Foch, Mémoires,t. 2, 1929, p. 248.
15. ... comme on me demandait « quelles étaient mes impressions quant à la reconnaissance du gouvernement par les alliés? » Je me bornai à répondre : « le gouvernement français est satisfait qu'on veuille bien l'appeler par son nom. » De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 44.
Emploi abs. :
16. L'éducation, (...), obligée de se borner et ne pouvant embrasser tout le passé, s'attache à la portion de l'antiquité qui, relativement à chaque nation, est classique. Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 210.
17. − Nous avons tort de nous étonner que l'Humanité ait refusé de la copie à Andler. Ou ait refusé de la copie de Andler. Personnellement je crois l'Humanité capable de tout. Mais il faut se borner et j'en dirai les raisons une autre fois. Péguy, L'Argent,1913, p. 1262.
Sens passif. Être limité à :
18. Il y avait près de dix ans que le vieux Siegfried n'exerçait plus aucune part de direction effective dans les multiples affaires Schoudler. C'était Noël qui régnait sur l'ensemble. Pourtant l'aïeul était demeuré en nom à peu près pour tout. Son rôle se bornait à signer de temps à autre une procuration; ... Druon, Les Grandes familles,t. 2, 1948, p. 19.
PRONONC. : [bɔ ʀne], (je) borne [bɔ ʀn].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1160 boner « limiter au moyen de bornes » (Eneas, éd. Salverda de Grave, 1925-31, 9757-58); début xives., av. 1328 borner (Ph. de Vitry, Métamorphoses Ovide, 29 dans T.-L., s.v. boner); 2. 1271 fig. bousner « limiter » (Comptes d'Artois, 464, Archives du Pas-de-Calais ds Gdf. Compl., s.v. bodner); 1680 part. passé adj. borné « (de l'esprit) étroit, obtus » (Rich.); av. 1755 « (d'un homme) inintelligent » (St-Simon, Mémoires, éd. Cheruel, III, 304 dans DG). Dér. de borne*; dés. -er.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 051. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 652, b) 3 055; xxes. : a) 2 621, b) 2 390.