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BORDEL, subst. masc.
Trivial
A.− Lieu de prostitution. Aller au bordel (E. et J. de Goncourt, Journal,1856, p. 289);une fille de bordel (Claudel, Corona Benignitatis Anni Dei,1915, p. 409);courir les bordels (S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 44):
1. Moi, quand je veux une femme pour de l'argent, je vais la chercher au bordel. Aymé, La Rue sans nom,1930, p. 131.
2. Qu'elle est longue jusqu'au cimetière cette rue d'Arès qu'à travers un quartier de bordels la famille suit en habit du soir et en souliers vernis, dans une pompe grotesque et sauvage! Mauriac, Le Mystère Frontenac,1933, p. 221.
Rem. Les principaux dict. gén. du xixeet du xxes. signalent comme synon. de bordel les mots anc. inus. : bordeau, subst. masc., bordau, ou bordeax.
B.− Au fig. et très fam.
1. Lieu où règne le désordre; grand désordre matériel ou non; tapage. Y en a trop qui foutent le bordel... (Céline, Mort à crédit,1936, p. 163);faire un bordel d'enfer (L. Rigaud, Dict. du jargon parisien,1878, p. 46):
3. Dans le bordel infernal de cette cabane, ses fringues restaient introuvables. On a dû le rouler dans deux couvertures. A. Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 159.
P. ext., arg. [Sans idée de prostitution] Lieu quelconque (maison, pièce, lieu de travail, etc.). Votre petit bordel. Votre appartement (cf. S. de Beauvoir, Les Mandarins, 1954, p. 12) :
4. Votre théâtre (...) Bordenave l'interrompit (...) d'un mot cru (...) Dites mon bordel. Zola, Nana,1880, p. 1097.
2. Loc. arg. Ce bordel de pays. Ce sale pays Mais qui est-ce qui m' a foutu cette famille, dans ce bordelde pays! (Zola, La Terre,1887, p. 226).Et tout le bordel. Et tout le reste Avec les officemars et tout le bordel? (Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 100).Cela va être le bordel pour... Cela va être difficile, ennuyeux -Ça va être le bordel pour les en déloger. (Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 188).
3. Loc. et emplois exclam.
a) Absol. Bordel. Bordel! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 372).
b) Autres expr. Bordel de Dieu! (J. Rivière, Correspondance[avec Alain-Fournier], 1906, p. 120).Sacré bordel! (Barbusse, Le Feu,1916, p. 336).Tonnerre de bordel! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 385).Bordel de bon sang! (Céline, Mort à crédit,1936p. 387).
Rem. 1. G. Sandry, M. Carrère (Dict. de l'arg. mod., 1953, p. 32) signale une var. de l'expr. bordel! sous la forme bordelas! 2. Il a existé un verbe bordeler, signalé par Guérin 1892 et signifiant : « fréquenter les mauvais lieux » et d'autre part : « se livrer à des pratiques obscènes ». D'apr. Ch.-L. Carabelli [Lang. pop.], ce verbe signifie également : « gâcher un travail ». 3. La docum. atteste l'adj. bordéliforme en parlant soit du travail, des écrits, des habitudes, des annonces qui sont en rapport avec un bordel ou un endroit quelconque où il y a du désordre. Dans ce dernier sens, Rob. Suppl. 1970 note également les néol. bordéleux ou bordélique. C'est passablement bordéleux ici!; un placard bordélique.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [bɔ ʀdεl]. 2. Forme graph. − Les dict. signalent que bordel ,,se disait autrefois bordeau`` (cf. Besch. 1845, Lar. 19e, Littré). DG rappelle : ,,Régnier emploie la forme bordeau.`` Pour DG cette forme est ,,plus conforme à la tendance générale des anciens diminutifs en -el, mais [elle] n'a pas prévalu. La forme actuelle est peut-être un emprunt au gascon.`` Ac. Compl. 1842 enregistre de plus la vieille forme bordeax.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Av. 1105 judéo-fr. bodel « cabane, maison » (Lévy Trésor, p. 42); 1160-74 bordel (Wace, Rou, éd. Andresen, II, 1019 dans T.-L. : un bordel ... U uns fuluns maneit) − 1590 bordel sing. dans Gdf.; − 1611 bordieux plur. dans Cotgr.; 2. a) ca 1200 bordel sing. « lieu de prostitution » (J. Bodel, Saxons, éd. Fr. Michel, I, 131 dans T.-L.); 1erquart xiiies. bordiaus plur. (Renclus, Carité, LXXII, 7 dans Gdf. Compl.); 1537 bordeau sing. (Des Periers, Cymbalum, Dial. 1, I, 18 dans Hug.), forme du sing. encore notée dans Cotgr., considérée comme ,,vieillie`` de Fur. 1690 à Littré; b) 1585 bordels plur. (Mont., II, 350 dans Littré); Fur. note ,,on dit maintenant bordel``. Dér. de l'a. fr. borde (borde*); l'a. prov. bordel « lieu de prostitution » (xiiies. P. Cardinal dans Rayn.), dimin. de borda est une formation parallèle; l'ital. bordello « id. » (xiiies., Brunetto Latini dans Batt.) est emprunté soit à l'a. prov. (Batt.; Cor., s.v. burdel), soit à l'a. fr. au sens 2 (DEI; Migl.-Duro).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 269. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 19, b) 801; xxes. : a) 374, b) 472.
BBG. − Lew. 1960, p. 32, 210. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 128; t. 2 1972 [1925], p. 343; t. 3 1972 [1930], p. 112.