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BLÂMER, verbe trans.
A.− Porter un jugement défavorable sur une personne ou sur une chose; faire de sérieux reproches.
1. Emploi trans.
a) Domaine moral, intellectuel, etc.
[Le compl. d'obj. désigne une pers.] :
1. Un jour il se permit de reprendre la conduite odieuse et incorrigible du commandant, il osa le blâmer en sa présence et lui fit les plus vifs reproches. Baudry des Lozières, Voyage à la Louisiane,1802, p. 30.
2. Au lycée, Silbermann remportait les mêmes succès dans ses études, bien qu'il fût souvent blâmé pour son manque de méthode. Notre professeur de français lui reprochait en outre l'abus qu'il faisait de ses lectures et l'habilité avec laquelle il s'appropriait les idées et le style des autres. Lacretelle, Silbermann,1922, p. 82.
[Le compl. d'obj. désigne une chose concr. ou abstr.] :
3. La femme mariée (...) est constamment après son mari, blâme tous ses faits, lui reproche tous les manques de la maison... Faral, La Vie quotidienne au temps de St Louis,1942, p. 147.
Littéraire :
4. ... beaucoup d'hommes blâment la pluie, la neige, la grêle, les vents, le soleil; cela vient de ce qu'ils n'ont pas bien compris la liaison de toutes choses; ils croient que tous ces faits dépendent de décrets arbitraires, et qu'il y a au monde un capricieux jardinier qui peut arroser ici ou là; ... Alain, Propos,1908, p. 32.
b) Domaine esthétique :
5. Vous devez savoir que les lecteurs sont, en général, des juges sévères, plus disposés à blâmer les défauts d'un ouvrage, qu'à en louer les beautés; ... Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie,t. 1, 1801, p. X.
6. Une rivale aurait peut-être accusé de dureté d'épais sourcils qui paraissaient se rejoindre, et blâmé l'imperceptible duvet qui ornait les contours du visage. Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 119.
P. méton. Il n'était plus le piteux cavalier que l'art équestre du capitaine blâmait (Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 284).
c) Domaine techn. :
7. ... des hommes, qui semblent être des spécialistes, affirment avec autorité, que nous serons retombés avant les fortifications. Beaucoup d'autres choses encore sont blâmées dans ce ballon d'un nouveau type que nous allons expérimenter avec tant de bonheur et de succès. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Le Voyage du Horla, 1887, p. 1320.
SYNT. Blâmer qqn de, pour, sur qqc.; blâmer qqn de, pour + inf.; blâmer qqc. de, en qqn ou qqc.; blâmer qqn de ce que; rare, blâmer (en emploi abs.) + complétive :
8. Si j'avais rencontré dans cette personne sans fortune et sans nom, (...), la beauté, la vertu, et mille qualités aussi dignes de mon respect que de mon amour... (...) Qui pourrait blâmer que j'eusse le désir de partager ma richesse avec son dénûment, ... Toepffer, Nouvelles genevoises,1839, p. 299.
2. Emploi pronom. réfl. :
9. Le comte se dit que pour en être presque arrivé à se blâmer lui-même, il fallait qu'une erreur se fût glissée dans ses calculs. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 707.
10. Quand, par dérogation extraordinaire, Haudouin avait caressé sa femme au milieu de la journée, ils en demeuraient un peu gênés, comme s'ils eussent accompli une mauvaise action. Non seulement ils se blâmaient d'avoir dérobé ces instants-là au travail, mais cela leur semblait aussi contraire au bon sens que d'aller au sabbat en plein jour. Aymé, La Jument verte,1933, p. 25.
3. Emploi abs. Que fallait-il faire? Étais-je appelé, comme les grandes personnes, à blâmer, féliciter, absoudre? (Sartre, Les Mots,1964, p. 40):
11. Accuser, blâmer, soupçonner, maudire, railler, condamner, voilà ce qu'il y a au bout de toute causerie politique ou littéraire, ... G. Sand, Histoire de ma vie,t. 3, 1855, p. 440.
B.− Emplois spéc., rare. Infliger un blâme.
1. DR. ANC. :
12. Accusé, poursuivi, mon innocent langage et mon parler timide trouvèrent grâce à peine; je fus blâmé des juges. Courier, Pamphlets pol.,Pamphlet des Pamphlets, 1824, p. 213.
2. DR. ADMIN. :
13. ... Brisson ayant blâmé Zurlinden (sans avoir même le vulgaire courage de mettre son blâme au Journal Officiel), laisse l'acte par lequel Zurlinden est blâmé porter ses conséquences. Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 272.
Prononc. : [blɑme], (je) blâme [blɑ:m].
Étymol. ET HIST. − 1. Ca 1050 « faire des reproches à qqn » (Alexis, 47edans T.-L.); ca 1050 « condamner qqc. » (Ibid., 13c, ibid.); 2. 1177 « accuser » (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, 4397, ibid.); en partic. 1690 (Fur. : Blasmer, se dit aussi d'une peine infamante ordonnée en Justice pour quelque action dont on fait faire reparation d'honneur). D'un lat. vulg. *blastemare forme issue du lat. chrét. blasphemare (blasphémer*) plutôt par dissimilation de labiales que par croisement avec aestimare, le lien sém. entre les 2 verbes étant assez lâche (Cor., s.v. lastimar). L'existence de *blastemare est attestée par les formes rom. de même type, v. REW3, cf. blastema pour blasphema (Pirson, La Lang. des Inscriptions lat. de la Gaule, Bruxelles, 1901, p. 231). Le sens de blasphemare s'est rapidement affaibli en celui de « blâmer, réprouver en public » (613-658, Chronique de Frédégaire, MGH Scriptor. rer. meroving. II, éd. Krusch, Hannover 1888, p. 142, 2 dans Bambeck, p. 7).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 175. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 367, b) 1 651; xxes. : a) 1 547, b) 1 169.