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BLAGUER, verbe.
Familier
I.− Emploi abs.
A.−
1. Dire des blagues, généralement en société :
1. Arrivé au grand moment pendant qu'Odru me visait et ce me semble que son pistolet ratait plusieurs fois, j'étudiais les contours du petit rocher T. Le temps ne me sembla point long (...). En un mot je ne jouai point la comédie, je fus parfaitement naturel, point vantard mais très brave. J'eus tort, il fallait blaguer, avec ma vraie résolution de me battre je me serais fait une réputation dans notre ville où l'on se battait beaucoup, ... Stendhal, Vie de Henry Brulard,t. 2, 1836, p. 346.
P. ext. Dire (parfois faire) quelque chose de manière insouciante, pour faire rire ou pour amuser :
2. Tout le monde est ami intime. On cause, on parlotte, on blague. Les meilleurs font des politesses aux dames. Flaubert, Correspondance,1849, p. 105.
3. − Pourquoi que t'as fait ça, Georgina? Pourquoi que t'as fait ça? Elle haussa les épaules : − On blaguait. Histoire de rire... ça se fait à la fin d'une danse... − Tu ne devais pas faire ça... Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 175.
[Avec l'idée que la plaisant. pourrait aller trop loin] :
4. ... le monde du dimanche arrive, et l'on cause, et l'on blague, et l'on s'emporte, et l'on s'indigne, et peu à peu Daudet se mêle à la causerie, au rire ou à la colère des paroles, ... E et J. de Goncourt, Journal,1885, p. 461.
Par brachylogie. [En constr. incise] Dire en plaisantant :
5. − Tiens, dit Lévesque l'apercevant, je pensais justement à toi, le volontaire... Viens-tu faire du recrutement dans Saint-Henri? Plaisanta-t-il avec un sourire où le cynisme habituel se tempérait d'amitié. − Oui, je viens te chercher, blagua Emmanuel. G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 78.
2. P. euphém. Dire des mensonges :
6. Phellion. − Il [Bixiou] avance légèrement des choses hasardées. Fleury. − Dites donc qu'il ment, qu'il blague!... Balzac, Les Employés,1837, p. 230.
B.− [Avec un compl. prép. marquant le propos de la blague]
1. Plaisanter au sujet de quelqu'un ou de quelque chose Blaguer sur (qqn ou qqc.); blaguer de (qqc.); les petits journaux qui n'ont rien à faire ne manqueraient pas de blaguer sur les regards de flamme, les bras blancs, le génie, etc. (Flaubert, Correspondance,1852, p. 6).
[Avec un double compl. de propos., l'un concernant la pers., l'autre la chose] Nous blaguions sur Léger avec ses pantoufles du matin (Flaubert, Correspondance,1840, p. 64).
2. Ne pas blaguer avec qqn ou qqc. Prendre au sérieux quelqu'un ou quelque chose. On ne blague pas ainsi avec un brave Father Tom (Blanche, Mes modèles,1928, p. 234).
Par litote. Ne pas blaguer avec qqc. Prendre quelque chose (une tâche, etc.) très au sérieux, ne pas admettre que quelque chose soit traité à la légère (cf. ne pas plaisanter avec qqc.) :
7. [Les soldats : Le général tire de sa main la sentinelle qui s'endort!] Il ne blague pas avec le service. G. d'Esparbès, Le Briseur de fers,1908, p. 144.
II.− Emploi trans.
A.− Blaguer qqn.
1. Se moquer de quelqu'un sans méchanceté, pour faire rire. Gomar était saoul. On le blaguait. Il entendait la plaisanterie (Van der Meersch, L'Empreinte du dieu,1936, p. 102):
8. D'autres fois, quand il était de belle humeur, il se moquait d'elle, il la blaguait. Vrai! un joli morceau pour les hommes, une sole tant elle était plate, et avec ça des salières aux épaules, grandes à y fourrer le poing! Zola, L'Assommoir,1877, p. 723.
En partic. :
9. Valdemosa, en nous parlant des facilités et du bien-être de son pays, nous a horriblement blagués. G. Sand, Correspondance,t. 2, 1812-76, p. 113.
2. [Avec un compl. prépos. marquant le propos de la blague] Blaguer qqn sur qqc., de + inf. :
10. L'amusant, c'est que le gros benêt d'aveugle blaguait les frères sur leur cécité, ... E. et J. de Goncourt, Journal,1885, p. 446.
11. Il prétend qu'il est russe, qu'il possède je ne sais combien de mille « âmes ». Alors, naturellement, pendant la guerre russo-japonaise, tout le monde le blaguait de rester à Montmartre à faire du patriotisme de café. R. Martin du Gard, Les Thibault,La Belle saison, 1923, p. 836.
B.− Blaguer qqc.Railler quelque chose, se moquer de quelque chose :
12. Le gamin de Paris, c'est Rabelais petit. (...). Il s'étonne peu, s'effraye encore moins, chansonne les superstitions, dégonfle les exagérations, blague les mystères, tire la langue aux revenants... Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 688.
III.− Emploi pronom.
Emploi pronom. réfl. Se moquer de soi-même :
13. Cré nom! que ce feu est chaud. Il faut que je me tourne. Je vais me cuire le côté gauche maintenant. En présentant la hanche à la flamme, une drôlerie lui vint, et elle se blagua elle-même, en bonne bête, heureuse de se voir si grasse et si rose, dans le reflet du brasier. − Hein? J'ai l'air d'une oie... oh! c'est ça, une oie à la broche... Zola, Nana,1880, p. 1274.
Emploi pronom. réciproque. Se moquer, se railler mutuellement. Il faut bien se blaguer un peu, hein? On ne peut pas toujours être sérieux (H. Bataille, Maman Colibri,1904, p. 21).
Rem. On rencontre dans la docum. les néol. d'aut. a) Blaguable, adj. Qui peut être blagué. Ce qu'il y a de plus facilement blaguable par le bon goût critique d'un reporter (E. et J. de Goncourt, Journal, 1882, p. 160). b) Blaguard, arde, adj. Blagueur. ... d'une jolie ironie blaguarde sans le feu aux mots (Id., ibid., 1886, p. 547).
PRONONC. : [blage].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1808 pop. (D'Hautel, Dict. du bas lang.). Dér. de blague* étymol. 2; dés. -er.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 331. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 93, b) 833; xxes. : a) 960, b) 306.
BBG. − Darm. 1877, p. 116. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 173. − Letessier (F.). Blague, blagueur, blaguer. Fr. mod. 1944, t. 12, pp. 306-307.