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* Dans l'article "BLED,, subst. masc."
BLED, subst. masc.
A.− Région. (Afrique du Nord). Région située à l'intérieur des terres, campagne. Synon. brousse, désert :
1. Le vent, du fond du bled saharien, soufflait par bouffées lentes, insupportablement chaudes. Mille, Barnavaux et quelques femmes,1908, p. 132.
2. Ressuscitant de cet autre monde − le monde de la maladie et de la mort, le monde du désespoir et des constructions extravagantes pour n'y pas sombrer, − il rentrait dans la vie, dans sa vie, comme un convalescent qui sort pour la première fois, comme un officier du bled qui se retrouve pour la première fois dans une ville après les fatigues et les dangers de deux ans de Sud. Montherlant, Les Lépreuses,1939, p. 1510.
Rem. Attesté dans les dict. gén. à partir de Lar. 20e.
B.− P. ext., arg. et fam.
1. MILIT. Terrain vague séparant deux tranchées ennemies :
3. On dit du lieutenant Combette : « Puisque c'était pas lui qui d'vait monter, qu'est-ce qu'il avait besoin d'faire le zigoto sur le bled? S'il était resté à sa place, il n'aurait pas été mouché. » Genevoix, Les Éparges,1923, p. 81.
Rem. Attesté dans Lar. 20e, Lar. encyclop., Esn. Poilu 1919.
2. P. ext.
a) Terrain sans cultures ni habitations. (Attesté dans Rob., Esn. Poilu 1919, A. Dauzat, L'Arg. de la guerre, 1918).
b) Péj. Contrée reculée ou petit village isolé, sans commodités ni distractions. Synon. fam. patelin, trou.Habiter un bled perdu; s'enterrer, passer ses vacances dans un bled :
4. Il suffit de rappeler, avec tout l'humour dont je disposais, un voyage en chemin de fer grec, les poilus accompagnant le convoi au pas; la locomotive l'abandonnant, à chaque gare, pour courir à d'autres tâches lointaines, et ne reparaissant que le lendemain; les arrêts en plein bled pour attendre une noce attardée qui avait donné rendez-vous au chauffeur... Vercel, Capitaine Conan,1934, p. 84.
5. − On ne doit pas s'amuser beaucoup dans votre bled, dit Lulu Doumer. − Oh pour être calme c'est calme, dit Thérèse. T'as le cinéma le dimanche. Et si tu veux danser tu peux descendre jusqu'à Suresnes où l'on mange des moules et où les frites sont bonnes. Qu'est-ce que tu désires de plus? Je sers une autre tournée? Queneau, Loin de Rueil,1944, p. 16.
6. Eh bien, non, il n'était pas mort. Lentement, lentement il se remettait à vivre... Il y eut plusieurs cartes postales d'Henriette qui allait de bled en bled cherchant une maison, ne donnait pas d'adresse et ne se doutait de rien. Quand elle revint, huit jours plus tard, Alexis pouvait déjà sourire et manger. E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 205.
Rem. Attesté dans Lar. encyclop., Quillet 1965, Dub., Rob. Suppl. 1970, Lar. Lang. fr. et Sandry-Carr. 1963.
C.− Fam., affectif. Lieu où une personne habite, où elle est née :
7. Il regardait au loin vers la vallée dont l'air brumeux de l'automne estompait les couleurs sans éclat. − À quoi penses-tu? dis-je d'un ton irrité. Gina et toi, vous avez vraiment l'intention de vous encroûter dans ce bled? Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 312.
Prononc. ET ORTH. : [blεd]. Kamm. 1964, p. 189 note : ,,La lettre d se prononce [d] à la fin des mots étrangers récemment acclimatés et des noms étrangers. Exemples : bled (= blεd), baroud, caïd, oued (= wεd), empruntés à l'arabe : plaid, celluloïd, stand (= stɑ ̃d), empruntés à l'anglais``. Lar. 20eenregistre bled ou blad.
Étymol. ET HIST. − Fin xixes. arg. milit. « terrain, pays » (d'apr. Bl.-W.5sans ex.); 1905 « territoire » (à Alger dans Esn.); cf. 1907 (France Suppl. : Bled. Blède. Terre, pays); p. ext. 1916, 1ersept. « rase campagne, terrain (inhabité) entre les lignes » (Saint-Cassin, Temps Buté in Front dans Esn. Poilu); d'où 1917, 1ersept. « endroit, cantonnement » (Mac Orlan, Journal, ibid.); 1934 pop. « petit village isolé, sans ressources », supra ex. 4. Empr. à l'ar. d'Algérie blad « terrain, pays », la forme de l'ar. class. étant bilād (FEW t. 19, s.v. blad).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 133.
DÉR.
Blédard, subst. masc.(du sens A). Indigène ou militaire vivant dans le bled, ou le connaissant par habitude. Pour un blédard de son espèce [le chef bédouin] il n'y a que le soldat qui compte (J. et J. Tharaud, Alerte en Syrie! 1937, p. 89).Attesté à partir de Rob. et Lar. encyclop., Quillet 1965, Lar. Lang. fr. 1reattest. 1926 (ds Esn. sans ex.); dér. de bled, suff. -ard*.
BBG. − La Ménardière (C. de). Le Fr. tel qu'on le parle. Fr. R. 1971, t. 44, p. 710. − Sain. Sources t. 3 1972 [1930], p. 73.