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* Dans l'article "BÊTE2,, adj."
BÊTE2, adj.
A.− [En parlant d'une pers. ou de son comportement] Qui manque d'intelligence.
1. [En parlant d'une pers.] :
1. ... je ne sais pas si je suis bête ou spirituel, bon ou mauvais, avare ou prodigue. Comme tout le monde, je flotte entre tout cela; ... Flaubert, Correspondance,1846, p. 387.
2. [En parlant de la physionomie, du comportement (d'une pers.), et partic. de ses propos] :
2. C'était M. le comte Sosthène de La Rochefoucauld. Il est difficile d'avoir l'air plus bête et plus sot que cet homme. Delécluze, Journal,1825, p. 245.
SYNT. Un propos bête (Ac. 1798-1932, Besch. 1845), une conduite bête (Ibid., Rob.), voilà une réponse bien bête (Ac. 1835-1932), exclamations bêtes (E. et J. de Goncourt, Journal, 1872, p. 917), questions bêtes (Zola, Nana, 1880, p. 1301), éclats de rire bêtes (Zola, Thérèse Raquin, 1867, p. 158).
Spéc. L'âge bête. Moment de l'adolescence où le sujet traverse une crise d'originalité juvénile et où se forme son caractère :
3. Il y a dans l'âge de l'homme et de l'enfant un certain moment de transition qu'on appelle l'âge bête. Eh bien, l'an 1817 répondait assez fidèlement, du moins dans les choses de la littérature et du goût, à ce premier âge intermédiaire et gauche. Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 11, 1863-69, p. 418.
Pas si bête!
[En parlant d'une pers.] Je ne suis pas assez bête pour commettre une faute. Il voulait m'entraîner à faire un mauvais marché, mais pas si bête! (Ac. 1835-1932, Lar. 19e) :
4. ... mademoiselle veut-elle que je revienne? − Je te le dirai d'ici à un mois; mais pas de bavardages, ne parle de moi à personne. − Oh! Pas si bête, s'écria Jean Berville. Stendhal, Lamiel,1842, p. 139.
[En parlant d'un comportement] Que je te donne de l'argent, pas si bête! (Lar. 19e).
3. P. ext. et p. exagér.
a) Vieilli. Ignorant :
5. ... de tout temps on les fâcha [les Français] en leur parlant musique; c'est le seul article sur lequel ils soient bêtes. Stendhal, Rome, Naples et Florence,t. 2, 1817, p. 234.
b) Déraisonnable. Suis-je bête de pleurer ainsi! (Littré) :
6. Mon Dieu, suis-je bête d'aimer comme cela les gens et de m'être attachée à vous plus qu'à Cibot! Balzac, Le Cousin Pons,1847, p. 140.
c) Maladroit. Avoir des doigts bêtes; être bête de ses mains :
7. ... le caporal Salavert qui a la juste réputation de n'être pas bête de ses mains, adapte une bougie dans la suspension qu'il a fabriquée avec une boîte de camembert et du fil de fer. Barbusse, Le Feu,1916, p. 191.
d) Étourdi. Comme je suis bête d'avoir oublié cela! (Lar. 20e, Lar. encyclop.).
e) Rester bête. Être stupéfait, rester déconcerté. Je reste bête (Colette, L'Envers du music-hall,1913, p. 243).
f) Bon à l'excès, dupe :
8. ... je voudrais faire de toi quelque chose de tout à fait à part, ni ami, ni maîtresse; cela est trop restreint, trop exclusif; on n'aime pas assez son ami, on est trop bête avec sa maîtresse. Flaubert, Correspondance,1846, p. 343.
4. Loc. et proverbes
a) Bête comme
Bête comme + subst. désignant un animal.Bête comme un âne Si c' est gentil, d' abuser de cet innocent, parce qu' il est fort et bête comme un âne! (Zola, La Terre,1887, p. 353).Bête comme un dindon [Il avait ] l' air orgueilleux comme un paon, bête comme un dindon (Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 1,1869, p. 94).Bête comme un mouton. S'ils étaient bêtes comme des moutons (Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan, t. 1, 1870, p. 157).Bête comme une oie. Une petite femme bête comme une oie (Balzac, La Maison de Nucingen,1838, p. 651).
Bête comme + subst. désignant un objet.Bête comme une bûche je reste là devant, froid comme un marbre et bête comme une bûche. (Flaubert, Correspondance,1857, p. 49).Bête comme un chou Sans compter qu' elle est bête comme un chou! (Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 1,1869, p. 209).(Le plus souvent en parlant d'une situation, d'une idée). C'est bête comme chou. C'est simple comme tout, c'est enfantin. Inès. − Vous allez voir comme c'est bête. Bête comme chou! (Sartre, Huis clos,1944, p. 133).Bête comme une cruche. Bête comme un panier. Une grande fille enfarinée, bête comme un panier (R. Rolland, Jean-Christophe,La Foire sur la place, 1908, p. 680).Bête comme un pot. Il me semble que je deviens bête comme un pot (Flaubert, Correspondance,1850, p. 186).
Bête comme + subst. désignant une partie du corps.Bête comme ses pieds. Une femme bête comme ses pieds (J. Bousquet, Traduit du silence,1935-36, p. 225).
Bête comme + expr. formulaire machinale.Bête comme bonjour et bonsoir (Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 248).
Rem. Cette expr. s'emploie gén. pour caractériser une idée une situation.
b) Bête à + verbe.Bête à manger du foin. M. de Renneville cousin des Monval, était beau et bête à manger du foin (Stendhal, Vie de Henry Brulard,t. 2, 1836, p. 262).Bête à manger de l'herbe (G. Sand, Correspondance, t. 3, 1812-76, p. 367). Bête à pleurer (R. Rolland, Jean-Christophe, Le Matin, 1904, p. 144).
B.− [En parlant d'inanimés abstr.]
1. Manifestant un manque d'intelligence. Comme l'article de Pelletan est bête! (Flaubert, Correspondance,1853, p. 261);des romans bêtes (Hugo, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 195).
Familier
[La tournure une bête de..., un bête de... met en valeur le subst. qualifié] Cette bête de pièce (A. Daudet, Le Nabab,1877, p. 133).
Emploi subst. C'est d'un bête! Cela est d'une bêtise inimaginable.
2. P. ext.
a) Se dit d'un événement regrettable, dont on comprend mal le sens. Accident bête, mort bête (Lar. Lang. fr.) :
9. Il y a une espèce de grand hasard bête qui nous fait naître, qui nous fait mourir; il y a le noir avant, il y a le noir après... Druon, Les Grandes familles,t. 2, 1948, p. 173.
b) Banal, conventionnel, sans originalité :
10. Elle [Thérèse] considérait d'un œil hostile cette écriture bête [de sa fille]. La forme allongée de l'enveloppe, aussi, était bête, et la couleur améthyste du papier, et jusqu'à l'encre rouge : oui, il n'était rien là qui ne fût signe de niaiserie. Mauriac, La Fin de la nuit,1935, p. 118.
Spéc., dans le domaine artistique.L'art bête et abominable des architectes parisiens de l'Empire et de la Restauration (Hugo, Le Rhin,1842, p. 241);un grand vase de terre cuite classiquement bête (G. Sand, Histoire de ma vie,t. 2, 1855, p. 171).
PRONONC. ET ORTH. − Cf. bête1.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Subst. ca 1100 beste « animal [terme générique] » (Roland, éd. Bédier, 1597); 1160-70 au fig. [en parlant d'un homme] « être stupide » (Béroul, Tristan, 1309 dans T.-L.); 2. adj. ca 1220 id. « stupide [en parlant d'un homme] » (G. de Coincy, Mir. Vierge, 321, 294, ibid.), seulement en a.fr. (T.-L.); repris au xviiies. 1763 (Diderot, Salon de 1763 cité par Greimas dans Fr. mod., t. 23, p. 138). Empr. au lat. bēstĭa qui, d'une part s'est transmis par voie pop. sous la forme bīstia (v. biche, a.fr. bisse), d'autre part s'est maintenu sous la forme class. (bēstĭa) et s'est transmis par voie d'empr. par l'intermédiaire d'une forme *bestie, v. Fouché, Phonét., 417. L'hyp. d'une formation pop. à partir de *bĕsta, Dauzat 1968, EWFS2(forme non attestée de manière sûre − v. TLL, s.v. bēstĭa, 1935, 34-37 −, mais déduite du dimin. bēstŭla, Fortunat, Vita Martini, 3, 341, var., ibid., s.v. bestiola, 1941, 27) fait difficulté parce qu'elle fait appel à une 2evar. de bēstia (bīstia postulé par a.fr. bisse est bien attesté).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 11 607. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 214, b) 21 140; xxes. : a) 25 529, b) 13 378.
DÉR. 1.
Bêterie, subst. fém.,rare. Bêtise. Quel crime pouvait-on bien entendre par stupre! Sacrilège, bêterie, magie noire! (Toulet, Comme une fantaisie,1918, p. 41).Attesté dans Besch. 1845, Lar. 19e, Guérin 1892. 1reattest. 1534 (Rabelais, Gargantua, éd. Marty-Laveaux, t. 1, p. 59), attesté seulement au xvies. (Hug.), repris dep. Besch. 1845; dér. de bête2, suff. -erie*. Fréq. abs. littér. : 2.
2.
Bêtet, subst. masc.Se dit de ,,tout être animé, effrayant ou comique`` (A. Lefebvre dans Rheims 1969). Je la tuerai sous mes pieds comme un bêtet! (Claudel, La Jeune fille Violaine,1reversion, 1892, IV, p. 547). 1reattest. 1892 id.; dér. de bête2, suff. -et*. Fréq. abs. littér. : 3.
3.
Bêtir, verbe intrans.,rare. Devenir bête. Augustine qui bêtissait en grandissant (Zola, L'Assommoir,1877, p. 643).1reattest. 1877 id.; dér. de bête2, dés. -er. Fréq. abs. littér. : 2. Rem. Parallèlement à abêtir/abêtissement, on rencontre le subst. masc. bêtissement. Synon. de abêtissement (cf. Mounier, Traité du caractère, 1946, p. 616).
4.
Bêtot, ote, subst. et adj.Synon. adouci de bête ou bêta.Ses grandes compositions sont bêtotes et veulement peintes (E. et J. de Goncourt, Journal,1892, p. 272).En interj. adressée à une personne, bêtot a une nuance affective (cf. E. et J. de Goncourt, Renée Mauperin, 1864, p. 322). 1reattest. 1864 id., dér. de bête2, suff. ot*. Fréq. abs. littér. : 3. Rem. Chez Balzac, on rencontre le synon. bestiot, ote, même sens. Elle était ignorante comme une carpe, et un peu bestiote (Vieille fille, 1836, p. 329); une admirable créature (un peu bestiote) (Lettres à l'Étrangère, t. 1, 1850, p. 213).
BBG. − De Gorog 1958, p. 84. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 140. − Kemna 1901, p. 192.