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BERNIQUE, interj.
Pop. [Exprime le désappointement] Plus rien, rien à faire! Vous comptez sur lui : bernique! (Ac.1798-1932) :
1. père ubu. − Bernique! Débrouille-toi, mon ami; pour le moment, nous faisons notre Pater Noster. Chacun son tour d'être mangé. Jarry, Ubu Roi,1895, IV, 6, p. 77.
2. Je leur donnais des cigares et ils n'aimaient pas le tabac. Alors, bernique, c'est fini. Plus de cadeaux. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Cécile parmi nous, 1938, p. 115.
PRONONC. : [bε ʀnik].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1725 arg. brenicle (Granval, Cartouche, gloss. dans Sain. Lang. par., p. 77 : Brenicle, rien, non); 1756 bernique (J.-J. Vadé, Nicaise, p. 62 : [MmeClément :] Mais sçachons donc pour quel motif vous ne voulez plus de ma nièce ... Julien, Bernique, J'aime st'objet charmant. Nicaise, ça Manzell'Angelique [?]). Orig. obsc.; l'hyp. la plus vraisemblable est celle d'une forme normanno-pic., dér. de bren, bran* « excrément, ordure » lui-même empl. comme interj. dep. le xves.; à rapprocher des dér. emberniquer, déberniquer ... (berniquet*), répandus dans le Nord-Ouest et le centre de la France; un croisement est possible avec d'autres interj. d'un emploi similaire au xvies. : brique euphémisme pour bren (Hug.) et nique* (J. Orr, v. bbg.); Sain. Lang. par., p. 77, P. Guiraud, L'Arg., p. 24 et K. E. M. George dans Fr. Mod., t. 38, p. 309 voient dans bernique le même mot que bernicle* « coquillage » d'où « objet sans valeur », mais cette hyp. est rejetée sans doute avec raison par EWFS2et J. Orr; il en est de même pour celle de L. Spitzer dans Z. rom. Philol., t. 42, p. 193, qui rattache bernique au nom d'un jeu de cartes connu en Picardie : jeu de barnik ou bernik, sorte de jeu de drogue (qui aurait désigné primitivement les coups donnés avec le jeu de cartes sur les doigts du perdant : le perdant ayant bernique « rien » au lieu du gain espéré) rapproché lui-même de bernicles « instrument de torture » du xiiies. (Joinville, S. Louis dans Gdf.), et de bericle, besicles* « lunettes ».
STAT. − Fréq. abs. littér. : 28.
BBG. − George (K. E. M.). Formules de négation et de refus en fr. pop. et arg. Fr. mod. 1970, t. 38, p. 309. − Orr (J.). Autres étymol. scabreuses. In : Essais d'étymol. et de philol. fr. Paris, 1963, pp. 46-49.