| ![]() ![]() ![]() ![]() BERNE2, subst. fém. A.− TEXT., vx. Grande pièce d'étoffe et particulièrement de laine. Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux. − P. ext., HABILL. Grand manteau sans manches, porté autrefois par les femmes et encore en usage dans certains pays comme l'Irlande. Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux. B.− JEUX. Brimade consistant à mettre quelqu'un dans une couverture et à le faire sauter en l'air. Cela mérite la berne (Ac. 1798-1878); ... le jeune Alphonse Mancini ... fut blessé au jeu de berne (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 405). Rem. Attesté dans tous les dict. généraux. − P. métaph. Raillerie, tromperie : ... une compagnie qui se laissait de si bon cœur donner la berne était tout au plus digne de mon mépris; et cette pensée suffit à me dégoûter du succès trop aisé de ma feinte.
Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 197. Étymol. et Hist. I. 1532 bergne « sorte de manteau de femme » (Inventaire des Robbes et cottes et draptz de soye estant es garderobbes de la Royne, Plessis de Tours, B.N., fo222 dans Brault, Rom. Philol., t. 15, 1961, p. 131 : Une bergne des Indes à deux endroictz); 1534 berne (Rabelais,
Œuvres, éd. Marty-Laveaux, I, 56 dans Hug. : En esté quelques jours en lieu de robbes portoient belles Marlottes des parures susdictes, ou quelques bernes à la Moresque de velours violet à frizure d'or sus canetille d'argent, ou à cordelières d'or). II. 1. 1611 berne « van, crible » (Cotgr.); p. ext. (cf. berner) 1625 « couverture » (Inventaire de la maison noble de la Levrandière au XVIIes., éd. Barbier de Montault, Vannes, 1892, p. 4 : une coitte avec son travers lit, une couverte de drap et une berne dessus); 2. 1646 « couverture sur laquelle on fait sauter qqn pour s'en moquer » (Maynard,
Œuvres, Paris, 1646, p. 77 : Denis, crains-tu pas qu'une berne Te fasse baiser l'arc-en-ciel?); d'où 3. 1680 « tour que l'on jouait à qqn en le faisant sauter en l'air sur une couverture » (Rich.). I est empr. à l'esp. bernia « id. », attesté dep. 1490 (Inv. de Gómez Manrique d'apr. Cor. t. 1, et Al. t. 1 s.v.) qui est, soit issu de Hibernia, nom lat. de l'Irlande (bernia est défini par vestis ibernica dans Nebrija, Vocabulario de Romance en Latín, 1492, cité par Gili t. 1, s.v.), soit d'orig. ar. (cf. supra, bernes à la moresque, et forme cat. albèrnia; v. Cor., loc. cit., D. Griffin (v. bbg.), Brault, Rom. Philol., t. 15, 1962, p. 131). L'ital. bèrnia donné comme étymon du fr. par Sain. Lang. Rab. t. 2, p. 87, Barb. Misc. 1, no8, EWFS2, DEI, s.v. bèrnia, est plus tardif que l'esp. (2equart du xvies. d'apr. Batt. t. 2, s.v.) et lui emprunté. Ne peut provenir de Berne, nom d'une monnaie dépréciée du Béarn et anc. nom de cette province (E. G. Lindfors-Nordin, Berne ... Berner, Stockholm 1948), le nom usuel de cette monnaie étant au xvies. vache de Béard (à cause des vaches figurant sur les armoires de cette province) et non berne (cf. textes des ordonnances de 1532, 33, 36, 38 cités par E. G. Lindfors-Nordin); en outre cette hyp. impliquerait que le mot soit né dans le domaine fr., ce qui n'est pas le cas. II est dér. de berner* (REW3, EWFS2, Dauzat 1968, Bl.-W.5, Barb., loc. cit., p. 26) qui seul explique le sens se « crible » (cf. supra), mais s'est ensuite prob. confondu avec I. V. aussi Schmidt, p. 181, Rupp., p. 103, Brunot, t. 2, p. 213. Fréq. abs. littér. : 1. BBG. − Barb. Misc. 1 1925-28, pp. 24-27. − Griffin (D.). French berne, Spanish bernia. Rom. Philol. 1950/51, t. 4, pp. 267-270. − Lindfors-Nordin (E. G.). Berne, berner. Expr. rabelaisiennes. Ét. hist. et étymol. Stockholm, 1948, 30 p. [Cr. Bourciez (J.). R. Lang. rom. 1948, t. 70, p. 88]. |