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BÉNIN, IGNE, adj. et subst.
I.− Emploi adj.
A.− Vieilli
1. [En parlant d'une pers., de l'expression hum. ou p. anal. d'un animal] Qui possède un caractère enclin à la bonté, des qualités de douceur et de bienveillance. Une âme bénigne; des gestes, des yeux bénins, un salut bénin. Synon. aimable, clément, humain. Anton. cruel, méchant :
1. ... de même que son sourire bénin balançait l'effet inquiétant d'une profonde cicatrice qui, partant du milieu du front, s'allait perdre sous des cheveux coupés en brosse. T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 57.
2. ... promenant devant les rangs un sourire banal, seule expression d'un visage pâle et blafard qui cherchait à être bénin et n'était que décomposé, fade et quelque peu niais. Vigny, Mémoires inédits,1863, p. 87.
SYNT. Un créancier bénin; être d'humeur bénigne; figure bénigne.
Rem. 1. Dans ce sens, est auj. gén. supplanté par bon. 2. Sainte-Beuve a employé bénigne au masc., décalqué du lat. benignus. La bénigne prélat (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 264).
Iron. et péj.
a) Vx. Qui fait preuve d'une trop grande faiblesse, d'une complaisance mal placée :
3. Et si, pensant à tel ou tel de vos amis chrétiens, vous étiez tenté de vous dire : « mais il est trop mou et trop bénin de caractère, trop crédule et trop simple agneau devant les hommes; ... » Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 180.
b) P. ext. et peut-être par confusion avec benêt. Synon. de niais (d'apr. Hanse 1949).Avoir l'air minable et bénin; être plat et bénin.
c) [En parlant de l'apparence sous laquelle un homme cache sa nature profonde] :
4. Poiret s'avança vivement entre elle et Vautrin, comprenant qu'elle était en danger, tant la figure du forçat devint férocement significative en déposant le masque bénin sous lequel se cachait sa vraie nature. Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 221.
2. En partic. [En parlant d'un supérieur par rapport à un inférieur, d'un fort vis-à-vis d'un faible] :
5. − Cela nous prouve, reprit l'autre en souriant avec un air de suffisance bénigne, les irrégularités sans nombre du système nerveux. Flaubert, Madame Bovary,t. 2, 1857, p. 50.
B.− [En parlant d'obj. inanimés]
1. Qui agit d'une façon bienfaisante, sans rigueur et sans imposer de souffrance. Un ciel, un hiver bénin; les influences bénignes du printemps. Synon. clément, favorable, propice. Anton. contraire, néfaste :
6. Elle voulut aller sur les flots de la mer, Et comme un vent bénin soufflait une embellie, Nous nous prêtâmes tous à sa belle folie, Et nous voilà marchant par le chemin amer. Verlaine, Romances sans paroles,Aquarelles, 1874, p. 60.
2. Spécialement
a) ASTROL., vieilli. Astre bénin, planète bénigne :
7. J'ai lu souvent dans les livres qui traitent d'astrologie, que, par bénigne influence des astres, certains hommes de naissance infime sont devenus les égaux des plus hauts princes... A. France, Vie de Jeanne d'Arc,1908, p. 450.
P. ext., littér. :
8. Mon étoile bénigne, grâce au ciel! me sauva du gouffre. Bloy, Histoires désobligeantes,1894, p. 183.
b) MÉD. Remède bénin. Remède qui agit progressivement, sans violence. Synon. inoffensif :
9. Peut-être cette bénigne médication serait-elle suffisante. R. Queneau, Les Enfants du limon,1938, p. 205.
P. anal. Maladie, tumeur bénigne. Peu dangereuse, sans caractère alarmant. Synon. léger, anodin. Anton. dangereux, grave, maligne :
10. Deux médecins de Clermont, appelés en hâte, diagnostiquaient une fièvre scarlatine, mais d'un caractère bénin, ... P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 182.
P. ext. [En parlant d'une chose ou d'un fait d'ordre gén.] Qui ne présente pas de conséquence grave, sans importance. Une faute bénigne, un péché bénin (qqf. péj.). Synon. banal, innocent. Anton. considérable, important, sérieux :
11. L'état-major campe à quelques lieues à peine, la guerre semble devoir être bénigne, et tous les soirs Amphitryon fera ce voyage, qu'il faut tenir secret... Giraudoux, Amphitryon,1929, p. 49.
II.− Emploi subst. (gén. au masc.).
A.− Personne qui a un caractère bon, doux, bienveillant (supra I A 1) :
12. ... cet incorrigible pitre, fit une risette à la claque et chiquenauda les narines à son maître; mais le bénin devenu méchant, le cramponnant alors sous les aisselles et lui comprimant la poitrine à deux genoux, l'ébranla de la base à la cime. Cladel, Ompdrailles,1879, p. 241.
B.− Qualité de ce qui est bénin, doux, bienveillant; synon. de bénignité (supra I A 1). Une déclaration confite, toute pétrie de bénin et de suave (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 219):
13. − Et il [le directeur] mit une note presque dure dans le bénin de sa parole inlassable et coulante − ... E. et J. de Goncourt, MmeGervaisais,1869, p. 203.
PRONONC. : [benε ̃], fém. [-niɳ].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. benigne masc. Ca 1175 « bienveillant » (Benoit, Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 6471 : Rous benignes, com douz e sage, Fist moct bel semblant au message), encore empl. au masc. par Ste-Beuve v. supra I A 1 rem. 2; 1204 benin masc. alternant avec benigne également masc. (Reclus de Moliens, Roman de Carité, éd. Van Hamel, 51, 11 dans T.-L.); forme masc. courante au xves.; devenu ironique au xviies. (Rich. 1680); Fur. 1690 : ,,ne se dit gueres que des remedes, et des influences celestes``; 2. 1670 bénin masc. méd. « qui agit avec douceur » (Molière, Pourcegnac, I, 16 dans Rob. : Un petit clystère bénin, bénin, bénin); 3. 1835 bénigne fém. id. « qui ne présente pas de caractère alarmant » (Ac. : fièvre bénigne). Empr. au lat. benignus « bienveillant » (Plaute, Persa, 476 dans TLL s.v., 1902, 4); la forme masc. bénin est une réfection à partir de benigne.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 234. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 249, b) 238; xxes. : a) 381, b) 425.